Du 19 au 25 juin 2023, l’Armée de l’air et de l’espace déploie un large dispositif particulier de sûreté aérienne (DPSA) autour du salon du Bourget, de la plus basse à la plus haute altitude. Une répétition générale avant les JO de 2024 à Paris !
Même si les organisateurs peuvent avant tout craindre les actions revendicatrices de manifestants au sol, la protection de la troisième dimension contre une large gamme de risques est également une préoccupation majeure. Comme pour les éditions précédentes du salon, c’est donc l’Armée de l’air qui prend la main sur ce travail de détection et d’intervention, avec l’appui de la Gendarmerie.
Les menaces identifiées sont de formes très variables, ce qui est une facette de la complexité du travail. En haut de l’échelle, le détournement d’un avion de ligne qui serait utilisé comme projectile sur le mode 11 septembre. Une hypothèse jugée peu probable par le général Etienne Faury, en charge de la posture permanente de sûreté au commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA) et grand manitou du DPSA au Bourget. Peu probable donc en raison des mesures de sûreté aérienne prises en amont, mais pas totalement exclue.
Au niveau inférieur, la menace posée par des avions légers qui entreraient dans la zone d’exclusion, soit involontairement, soit volontairement dans le cadre d’une action revendicative. Dernier niveau de menace, celui qui donne le plus de fil à retordre aux autorités, les drones de toutes natures. Face à cet éventail de possibilités, l’AAE utilise donc les grands moyens.
La pièce la plus imposant du dispositif est le Boeing E-3F du 36ème escadron de détection et de contrôle aéroportés (36ème EDCA) qui sera présent dans le ciel de l’Ile de France le lundi, jour de l’inauguration par le présent de la République, et les journées grand public. Ses capacités de détection seront augmentées par celles des centres de contrôle civils et militaires, mais aussi par les radars des batteries de missiles sol-air Crotale NG et Mamba installées sur sur le terrain du Bourget.
En vol ou en alerte au sol, suivant les exigences du moment, l’AAE pourra ensuite compter sur « un certain nombre » de Rafale et d’hélicoptères Fennec, ces derniers embarquant des équipes de tireurs de précision. Des Pilatus PC21 de l’Ecole d’aviation de chasse, appareils non armés, seront également engagés dans des missions de guet aérien et de surveillance des approches. Des guets à vue installés au sol complèteront le dispositif et des détachements de liaison ont été placés sur tous les aérodromes d’Ile de France pour « fluidifier » les opérations sur ces terrains. Sans doute s’agit-il aussi de repérer les activités potentiellement suspectes.
Au-delà de ces aspects très classiques, la menace posée par les drones prend d’année en année une importance toujours accrue. Elle était en arrière plan en 2019, elle est désormais essentielle, avec une évolution rapide, que l’on considère une utilisation non avertie et sans volonté de nuire, ou, bien évidemment, activement contestataire.
L’AAE annonce la mise en oeuvre du système Bassalt qui combine l’utilisation de radars de caméras optroniques et de brouilleurs. C’est un système statique, dont plusieurs exemplaires doivent être utilisés pour couvrir entièrement une zone à protéger. Chaque station Bassalt a les moyens d’intervenir en toute autonomie, ou bien de guider des équipes mobiles équipées de fusils de brouillage, capable d’intervenir sur les récepteurs du drone ou ses commandes de vol .
Dans l’environnement d’un aéroport, le brouillage GPS est bien évidemment un outil à manipuler avec modération et discernement… « Nous avons atteint un bon niveau de maturité dans ce domaine » résume le général Faury. Les Basalt sont également complétés par les systèmes Aeroscope, tenant dans une valise, conçus pour détecter les drones de petite taille dans un rayon d’environ 5 kilomètres en interceptant les données émises. La position du pilote peut également être identifiée. Il semble bien en revanche que l’AAE n’envisage pas en revanche de tirer sur les mini-drones pour les abattre.
Le premier DPSA de l’Armée de l’air remonte aux Jeux Olympiques d’hiver d’Albertville, en 1992. Trente et un ans plus tard, de l’eau a coulé dans la Seine et la menace s’est considérablement complexifiée. Les réponses de l’AAE ont également évolué, avec un engagement toujours croissant, au rythme d’une dizaine de DPSA par an.
Pendant le salon du Bourget, pas moins de 400 hommes et femmes seront mobilisés et installés dans une base aérienne provisoire installée sur l’aéroport. L’effort est conséquent mais il fait pâle figure pourtant par rapport à ce qui attend les armées pour les Jeux Olympique de Paris en 2024. Il y aura à ce moment là 42 sites à protéger, en Ile de France et en province. « L’effort sera de cinq à dix fois plus important que pour le Salon du Bourget » souligne le général Faury. Un casse-tête de belle ampleur…
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Qui aurait pu imaginer que le Salon du Bourget, où l'on entrait et se promenait en toute liberté deviendrait une cible devant être protégée des ennemis de l'intérieur, menace du sol comme de l'air.
L'avenir est sombre.