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Défense

L’Armée de l’air et de l’espace reçoit son premier Rafale au standard F4.1

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Frédéric Lert

L’avion, un Rafale B biplace, a été pris en compte le 2 mars 2023 par le CEAM (Centre d’Expertise Aérienne Militaire) installé sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. Aerobuzz.fr vous explique pourquoi le standard F4.1 (qui sera suivi par le 4.2) est considéré comme une première étape vers le système de combat aérien du futur (SCAF).

Standard 4 : un petit chiffre qui veut dire beaucoup… Le standard actuel des Rafale est le F3R : tous les appareils français (Armée de l’air et de l’espace -AAE- et Marine) ont à priori été portés à ce niveau de maturité et les appareils actuellement livrés à l’exportation le sont également. Mais le Rafale ne cessant pas d’évoluer au rythme d’une feuille de route clairement définie, et c’est ce qui fait sa force dans les compétitions internationales, voici donc le standard 4 qui pointe le bout de son nez.

Le développement en a été lancé en 2019 en grande pompe dans l’usine Dassault de Mérignac, avec un budget de 2 milliards d’Euros. Florence Parly, alors ministre de la Défense, en détaillait alors les quatre piliers : connectivité, engagement, disponibilité et lutte contre les menaces. Le Rafale F4 est alors présenté comme une première étape vers le « combat collaboratif connecté multiplateformes » et donc vers le système de combat aérien du futur (SCAF). Cet objectif n’a pas changé.

Les premiers essais en vol du F4 ont débuté en avril 2021 à Istres sous la houlette de DGA Essais en vol et Dassault Aviation. Un peu moins de deux ans plus tard, le premier avion (un F3R modifié) est donc livré à l’AAE, et plus précisément à l’Escadron de chasse et d’expérimentation 1/30 Côte d’Argent du CEAM. Un deuxième appareil est attendu dans les semaines à venir, avec en ligne de mire le prononcé d’une première capacité opérationnelle en octobre prochain.

Les apports du standard F4 sont nombreux et se manifesteront en deux temps : un premier sous-standard, le F4.1 correspond à la modernisation des F3R actuels. Le sous-standard F4.2, qui apportera une rupture encore plus profonde avec l’avion dans sa forme actuelle, ne sera disponible que sur des avions neufs.

Reprenons les choses dans l’ordre : le Rafale 4.1 apportera en premier lieu des capacités supplémentaires au radar RBE2/EASA (mode GMTI, c’est à dire la détection et la poursuite de cibles en mouvement au sol, améliorations sur le mode SAR, c’est à dire cartographie du sol avec le radar), l’ajout d’une voie infrarouge de nouvelle génération sur l’optronique de secteur frontale (OSF – pour une meilleure détection optique de cibles à faible signature radar), ajout du viseur de casque Scorpion (Thales). La planche de bord sera modifiée avec le remplacement des visualisations têtes latérales (VTL) par des équipements de plus grande dimension et offrant une meilleure définition pour l’affichage des images fournies par les capteurs.

La mise en réseau entre plusieurs avions, via la liaison de données L16, des capacités de détection passive de SPECTRA (ensemble d’écoute et de contre-mesure électronique) permettra de localiser par triangulation une émission électromagnétique. Pour ce qui concerne les armements, l’avion recevra la possibilité de mettre en oeuvre la munition AASM de 1000kg. L’échange de pistes par L16 permettra également à un avion de guider un missile air-air tiré par un autre.

Au-delà, le standard F4.2 offrira quant à lui un véritable bond capacitaire en matière de combat collaboratif avec l’emploi de nouvelles radios numériques (famille des radios Contact), d’un nouveau serveur de communication et d’une liaison satellite. Le tout avec une meilleure robustesse vis à vis des interceptions et du brouillage. De quoi aussi semble-t-il pouvoir échanger des images, en mode discret, entre avions ou vers des postes de commandement.

Le F4.2 bénéficiera également d’une modernisation de son auto-protection, du radar et de l’OSF. Ce standard offrira une configuration air-air avec 8 missiles sous le fuselage et la voilure et anticipera l’arrivée, à l’horizon 2027, du missile MICA NG. Il. Le Rafale Marine recevra quant à lui de nouvelles aides à l’appontage. 

Ainsi équipé, le Rafale F4.2 préfigurera le futur avion de combat (alias NGF, pour New Génération Fighter) du système SCAF. C’est du moins l’ambition officiellement affichée par la DGA. Mais avant de voir voler ce NGF qui nous occupera pendant les cinquante années à venir, le Rafale continuera à évoluer.

Le standard 5, qui sera indispensable et intimement lié à la mise en oeuvre d’un futur missile nucléaire hypersonique, remplaçant de l’actuel ASMPA, est déjà en chantier. Et derrière viendront (sans doute) un Rafale F6 et (peut-être) un Rafale F7. Il sera alors intéressant de voir comment le calendrier des uns et des autres s’harmonisera avec celui d’un hypothétique NGF…

légendes

1

Le Rafale F4.1 c’est bien. Le Rafale F3R bien équipé c’est mieux… Moins de la moitié des Rafale au standard F3R sont équipés du radar AESA qui permet d’exploiter pleinement les capacités de l’avion et de son armement… © Dassault Aviation

2

Après quatre années de pause pour cause d’absence de financement, l’Armée de l’air et de l’espace a commencé à recevoir de nouveau des Rafale en janvier 2023. Elle devrait en recevoir une douzaine en 2023. © Frédéric Lert/Aerobuzz/.fr

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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  • "Moins de la moitié des Rafale au standard F3R sont équipés du radar AESA"

    En décembre 2022, le Gal Mille, CEM de l'AAE, déclarait que seulement 20% des Rafale étaient équipés d'un radar AESA.

  • L'ASN4G, le future missile nucléaire, devrait être plus volumineux que son prédécesseur l'ASMPA-Re, lui même déjà assez imposant.
    Aussi, il se dit que le Rafale F5 pourrait être plus lourd que le F4.
    En quelque sorte un Super-Rafale, à l'image du Super Etendard qui a succédé à l'Etendard IV, du Gripen E/F qui a remplacé le GRIPEN C/D, ou du Super Hornet F/A-18E qui a suivi le Hornet F/A-18C/D.

    • Un F5 plus lourd... ou même un peu plus grand, avec un peu plus d'espace sous le fuselage... Beaucoup de choses sont possibles sans remettre en cause totalement le Rafale tel qu'on le connait aujourd'hui. Après, c'est une question de négociations entre l'avionneur et la DGA.

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