Pour marquer le retrait de service de l’avion, l’Armée de l’air et de l’espace a fait faire un tour de France au C160 Transall R212 porteur d’une décoration spéciale. Aerobuzz était dans l’avion entre Bordeaux, Mont-de-Marsan et Salon-de-Provence.
La tournée mémorielle du Transall avait commencé le 15 mars 2022 sous le soleil de Bretagne, avec un survol du Mont St Michel et une étape ensoleillée à Lorient. Elle s’est terminée sous la grisaille du sud, avec les étapes entre Bordeaux, Mont-de-Marsan et Salon-de-Provence, suivies par un saut de puce à Istres. Avant un retour et un point final à Evreux via Orléans.
L’incongruité aura donc fait partie de la vie du C160 Transall jusque dans ses dernières heures de vol…
Le tour de France s’est fait en deux périodes distinctes : il s’est agi dans un premier temps de rendre visite aux unités parachutistes des trois armes ayant entretenu des liens forts avec l’avion : commandos marines de Lorient, forces spéciales dans le sud-ouest de la France, légion étrangère à Calvi etc. Pour la deuxième partie, l’accent a été mis sur les bases aériennes de l’Armée de l’air et de l’espace.
Dans le R212 qui nous emmène de Bordeaux à Salon, ça sent l’homme et la machine, la transpiration et l’hydraulique. Des générations de militaires ont eu très froid ou très chaud dans l’avion, ils ont laissé leurs empreintes sur les banquettes en toile et ont passé de longues heures adossés à leur vis à vis de la rangée de derrière… La banquette en toile qui épouse si bien la forme du dos, et celle du voisin, c’est confortable pendant trente secondes, pas une de plus…
La tournée mémorielle s’est faite avec une quarantaine de passagers en soute : équipe de communication du SIRPA, invités et surtout officiers et sous-officiers des dernières unités encore actives sur l’avion : mécaniciens, pistards, pilotes, navigateurs et mécaniciens navigants. Chaque étape a été l’occasion de faire varier l’équipage de conduite et de confier la bête une dernière fois à tous ceux à jour de leurs qualifications.
Fin mars, il y avait encore en France quatre ou cinq avions disponibles (dont un Transall Gabriel d’écoute électronique, bien actif avec la guerre en Ukraine) et une petite trentaine de pilotes qualifiés sur l’avion répartis entre l’EEA 1/54 Dunkerque et le 3/61 Poitou. La population de mécaniciens navigants et celle des navigateurs était encore plus réduite.
Après le retrait de l’avion, les pilotes changeront d’appareil, les possibilités offertes étant nombreuses : depuis les TBM700 jusqu’aux A400M, en passant par les Casa 235 ou les Hercules, sans oublier tous les ravitailleurs et autres Awacs. La population de mécaniciens-navigants est globalement en réduction, mais les anciens du Transall trouveront également de la place dans les appareils cités précédemment. Le changement d’époque est le plus sensible pour les navigateurs, absents des avions les plus récents. Pour les plus jeunes de la spécialité, les possibilités futures reposent sur la flotte de C-130H, des Boeing ravitailleurs ou Awacs.
A chaque escale, les aviateurs se muaient en commis voyageurs avec tables pliantes et cartons de souvenirs. Installés à l’ombre de la voilure ou dans un hangar, ils offraient au personnel des bases visitées l’occasion de mettre une dernière fois la main sur des écussons, tee-shirts et autres porte-clefs « collector » de toutes les formes et de toutes les couleurs.
Sans contestation possible, l’écusson le plus couru a été celui portant le slogan « That’s Transall Folks », dessiné par Régis Rocca à qui on doit également la décoration spéciale de l’avion de la tournée. Le jeu de mots est excellent, c’est un connaisseur qui vous le dit. Les cercles concentriques sont un clin d’oeil au célèbre générique du dessin animé de la Warner. « Ils rappellent également le rayonnement des missions de projection de l’avion » explique Régis Rocca, qui en est aujourd’hui à 39 avions peints !
Les étapes ont également été l’occasion de faire sauter une dernière fois plusieurs centaines de parachutistes. A Bordeaux, c’est le 13 Régiment de Dragons Parachutistes stationné non loin de là, sur le camp de Souge, qui a pu profiter de l’aubaine avec trois rotations du Transall. Le lendemain, ce sont les élèves de l’école de l’air, les commandos des CPA et les fusiliers des escadrons de protection d’Istres et d’Orange qui se jetaient dans le vide dans l’enceinte de la base école. L’espace d’une matinée, les Cirrus du CFAMI et les Alphajet de la PAF avaient cédé l’espace aérien à une légende volante.
Frédéric Lert
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Et un posé à Toulouse-Francazal, non ? Elle est là la plus grosse incongruité. Siège du CIET, au même titre qu'Orléans du Temps des Noratlas, que le Transall avait remplacés, Francazal les a longtemps abrités.
Bonjour Bernard,
Le passage du Transall à Francazal était programmé le 17 mars lors de la première semaine de la tournée d'adieu. Amitiés.
Frédéric