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Défense

Le Blended Wing Body décollerait-il enfin ?

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Frédéric Lert

Après des décennies d’hésitations, les Etats-Unis se jettent à l’eau et lancent un programme d’avion à « fuselage intégré » ou Blended Wing Body (BWB). Alliée à Northrop Grumman, la société JetZero vient d’être sélectionnée par le Pentagone pour mettre en vol un démonstrateur à l’horizon 2027.

Le Blended Wing Body fait la synthèse entre la formule traditionnelle fuselage + aile et la pure aile volante. Avec le BWB, le fuselage et la voilure se fondent l’un dans l’autre pour former un aéronef dont le fuselage, élargi et intégré dans l’aile, fournit également une part importante de la portance. Dans le même temps, dérive et empennages peuvent être mis à la poubelle. La formule BWB présente de nombreux avantages, avec notamment, pour une capacité d’emport donnée, une réduction de la traînée, du besoin de puissance et donc de la consommation. Depuis une trentaine d’années, de nombreuses études théoriques et pratiques, en soufflerie et avec des modèles réduits, ont validé le concept. La formule est tentante mais les constructeurs commerciaux n’ont pas encore franchi le pas et ne le franchiront sans doute jamais pour une raison très simple : jusqu’à preuve du contraire, le cylindre reste la forme géométrique la plus simple à pressuriser et à construire. A l’inverse, une structure aplatie est un cauchemar d’ingénieur en terme de structure.

Sur le Z-5, déjà renommé XBW-1 par l’Air Force, les moteurs seront placés à l’arrière de la voilure. Une position idéale pour un masquage infrarouge ou radar et propice à une recherche de furtivité. Mais, sans dérive et avec un tel écartement, un casse-tête assuré pour le contrôle en lacet en cas de panne moteur. © JetZero

Les militaires américains qui cherchent un avion de ravitaillement en vol n’ont pas les mêmes contingences puisque les indispensables renforts de structure ne gèneraient pas l’installation de réservoirs structuraux. La promesse d’une autonomie et d’une capacité d’emport en forte hausse, conjuguée avec une certaine aptitude à la furtivité, fait briller les yeux de l’US Air Force. Après donc avoir jonglé avec l’idée pendant vingt ou trente ans, le Pentagone a fini par franchir le pas en se disant que l’époque était venue. On a un peu de mal à y croire, mais une des raisons officiellement citées pour remettre en selle le concept par le Pentagone serait également liée à un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Avec la promesse d’une meilleure portance, le BWB offre une distance de décollage et d’atterrissage réduites par rapport à un avion conventionnel. Parfait pour se poser dans les petites iles du Pacifique… © JetZero

Quoi qu’il en soit, la Defense Innovation Unit du Pentagone a lancé l’an dernier une compétition, en lien avec l’Air Force et la Nasa. L’objectif était clair : obtenir une aérodynamique 30% plus efficace que celle du Boeing 767 ou de l’Airbus A330, l’un et l’autre servant de base aux deux avions ravitailleurs du moment. La start up JetZero l’a donc emporté avec son concept Z-5, qui avait été présenté au printemps dernier. JetZero avance un chiffre clef : une réduction de la consommation de 50% par rapport à un avion classique équivalent. Elle va maintenant devoir passer des paroles aux actes en mettant en vol son appareil d’ici 2027.

Inconnue du grand public et guère mieux connue du petit public, JetZero ne part pas seule à la guerre. Elle a formé un partenariat avec Northrop Grumman qui présente deux atouts : sa connaissance de l’aile volante avec les B-2 et B-21 et la présence, parmi ses filiales, de Scaled Composites, spécialiste des projets iconoclastes et du prototypage rapide. Un trio de choc est donc en place.

Le financement annoncé est de 235 millions pour les quatre ans à venir du coté du Pentagone, auquel s’ajoutera un financement privé. Ce n’est pas cher payé pour ce qui pourrait annoncer une nouvelle révolution dans le monde du ravitaillement en vol. Mais il ne fait guère de doute que la facture finale sera beaucoup plus élevée…

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Mazette: 50% de réduction de consommation de carburant !
    Que l’on attribuerait à la seule formule aérodynamique !!!
    ( quoique la référence n’est pas précisée ! )
    Qui ne serait qu’un mix entre deux formules connues depuis la dernière guerre…
    Les ailes volantes volent depuis avant la dernière guerre mondiale.
    Elles n’ont pas enterré la formule « Tube And wing ».
    Et il y a des arguments objectifs à cela…
    A moins que les start-up n’aient négocié des dérogations aux lois de la physique !
    Mais je me trompe peut être, rendez-vous en 2031 ( autorisons leur 100% de retard en matière de temps de développement)….
    Et puis c’est l’oncle SAM qui paye !

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