Entré en service en 1973, le Mirage F1 sera retiré du service en 2014, après 41 ans de service actif sous les cocardes françaises. Intercepteur à l’origine, il tire sa révérence en tant que spécialiste de la reconnaissance, mais aussi de l’attaque au sol en Afghanistan et plus récemment encore, au Mali.
Le Mirage F1, appareil fin et racé, n’a pas la même auréole de gloire que son prédécesseur, le Mirage III, mais il a cependant, dès les années 70, assuré la sécurité du ciel français pendant les heures les plus périlleuses de la guerre froide avant de terminer en beauté, en Afrique, en se portant à la rescousse de la population malienne. Les premières études de cet avion remontent à la fin des années 60.
Dassault planche alors sur un appareil de combat rapide et agile mais plus polyvalent, et plus endurant que le Mirage III. L’avionneur note les requêtes des pilotes de Mirage IIIC/E/R/RD, qui trouvent leur monoréacteur delta rapide et efficace, mais déplorent son endurance réduite et son maniement délicat en phase d’atterrissage.
Dassault décide alors que son nouvel avion sera non seulement aussi rapide que son prédécesseur, capable de dépasser Mach 2, mais il devra en plus se poser à moins de 140 KTS.
L’avionneur de St Cloud délaissera donc l’aile Delta au profit d’une voilure en flèche munie de dispositifs hypersustentateurs. La motorisation sera assurée par un unique turboréacteur Snecma ATAR 9K50.
Le Mirage F1 était né.
L’avion fait son premier vol en 1966. Il entrera en service en 1973 sous la dénomination F1C en temps qu’intercepteur tout temps et ravitaillable en vol qui plus est. Son armement comporte deux canons de 30mm pour le combat air-air rapproché et l’appui au sol. Mais ses principaux outils de travail sont des missiles courte portée à guidage infrarouge Magic ainsi que des missiles moyenne portée R530 puis Super 530F.
La pointe avant abrite un radar Thomson-CSF Cyrano IV optimisé pour le combat aérien.
Ainsi équipée l’Armée de l’air peut prétendre contrer la menace des avions du pacte de Varsovie. On pense alors bien sûr aux dernières versions du MiG21 Fishbed ainsi qu’au nouveau MiG-23 à géométrie variable déployés en nombre au delà du rideau de fer.
Le couple Cyrano IV – missile Super 530 F serait même capable de toucher l’inaccessible MIG 25 Foxbat Russe. Ce monstre d’acier « made in Russia » qu’on croyait alors capable de sillonner la France à Mach 3 pour prendre des photos ou délivrer ses armements.
Les années 80 sont marquées par l’arrivée du Mirage 2000 pour assurer les missions air-air et le retrait des Mirage III. Le Mirage F1C évolue alors pour remplir de nouvelles fonctions : l’attaque au sol et la reconnaissance. Il s’agit de la version CT pour l’assaut tactique et de la version, CR pour la recco.
C’est cette dernière version qui reste en service en France actuellement. Le Mirage F1CR, servi par ceux qu’on nomme les « pilotes intelligents » a entamé sa carrière à Strasbourg Entzheim pour relever les Mirage IIIRD.
Véritable œil aérien de l’Armée de l’air, il met en œuvre des caméras très performantes et la fameuse nacelle de reconnaissance électronique ASTAC, capable d’espionner les radars adverses dans les conditions les plus difficiles. Le Mirage F1, sous ses différentes versions continue alors d’assurer les missions les plus exigeantes comme les plus ingrates pendant des décennies sous tous les cieux ; en Europe, en pleine guerre froide, en ex-Yougoslavie notamment, pour ramener des clichés ou assurer l’application des résolutions de l’ONU. En temps de paix, il sert également régulièrement de remorqueur de cibles aériennes lors de campagnes de tir à partir de la base de Corse de Solenzara.
Plus récemment le monoréacteur français a servi en Afghanistan et en Afrique pour la recco et l’attaque au sol où sa fiabilité ; sa polyvalence et sa rusticité ont été des plus utiles.
Côté commercial, le Mirage F1, équipé du nouveau moteur Snecma M53 plus puissant que le 9K50 d’origine, fut le perdant malheureux du « contrat du siècle » dans les années 70 face au F16 Américain. Il s’agissait alors d’équiper la Norvège, la Belgique, les Pays-Bas et le Danemark avec un avion de combat performant. Malgré ce revers, le Mirage F1 s’est tout de même vendu à plus de 700 exemplaires, dont 246 pour la France ; le principal utilisateur export étant l’Irak.
Pendant la guerre Iran-Irak, les pilotes de F4 Phantom évitaient de se frotter au petit monoréacteur français rapide, agile et très bien armé. A plusieurs reprises, les pilotes irakiens ont tenu en échec des F14 Tomcat iraniens, pourtant équipés d’un système d’arme autrement plus performant que celui de l’avion français.
En septembre 2014, le 2/33 Savoie de Mont-de-Marsan se séparera de ses 17 derniers Mirage F1CR et de ses 4 Mirage F1B. Nul doute que ses pilotes seront ravis de découvrir de nouvelles montures, sans doute plus modernes et plus puissantes, mais ils auront aussi le cœur lourd d’abandonner un vieux guerrier, qui, bien que dépassé techniquement, a toujours su s’adapter, au gré des changements d’époque, pour « faire le job » quelles que soient les difficultés du moment.
Et c’est tout ce qu’on attendait de lui.
La rédaction
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Le compte-à-rebours a commencé pour le Mirage F1
Bonjour messieurs les cochers et autres fans du F1.
Etant ancien de cette chère base "poubelle" de Chateaudun et ayant quelques nouvelles de temps en temps, je peux malheureusement vous dire que notre enfant chéri fera encore la joie de l'AA par son équivalent en or sonnant et trébuchant, les temps n'étant plus à garder les "vieilleries".
J'ai commencé mes armes sur le numéro 5, j'ai vu l'expérimentation de lui coller un train d'appontage (?) pour les Espagnol, j'ai laissé quelques gouttes de sueur dans le cockpit du 508 (?), et je peux vous dire que c'est une très bonne école pour tout apprentissage.
Qu'importe les écussons ou les insignes, quand le F1 vous pique, vous êtes contaminé à vie, il n'existe aucun antidote.
Le compte-à-rebours a commencé pour le Mirage F1
J ai participé à la fabrication de tous les becquets pièces
qui se montent sur les ailes du mirage f1 et ceci de 1970 à 1986 ou 1987
Le compte-à-rebours a commencé pour le Mirage F1
Merci bruno pour ces précisions sur un avion qu'on connait au final bien mal
il a fait le job de façon honnête,face aux avions de son temps
il volera encore sous les couleurs marocaines, modernisé avec un radar RDY-3 et doté de missiles Mica notamment;; le cockpit s'orne de nouveaux écrans multifonctions
a noter une version exotique qui n'a pas eu de suite, un sud africain excentrique, qui avait décidé de doter le Mirage F1 d'un moteur RD-33 emprunté au MiG29
du coup la poussée passait de 7600 KG à 8600 kg, des perfos revues à la hausse en termes de vitesse, d'acceleration
mais la fiabilité diminuait .tandis que la température et les couts de maintenance explosaient
bref une aventure éphémère.
@mosquito
j'ai entendu dire que l'appareil était un peu sous motorisé et que son radar voyait surtout bien sur les côtés
peux tu nous dire les qualités et les défauts de cette jolie machine ?
@mosquito
Ben tu vois pour un chasseur son avion sera "toujours" sous-motorisé. c'est comme en formule 1, quand Ferrari ou Renault tirent 20 Ch de plus dans le même moteur les pilotes sont contents, alors bien sûr si on avait eu le M53 au lieu du bon vieux 9K50 au derrière cela aurait été mieux. ceci dit le SNECMA ATAR 9K50 a fait le boulot de façon splendide, un moteur certes à qui il manquait quelques chevaux mais d'une fiabilité à toutes épreuves et d'un emploi totalement transparent, alors, fiable et se faire oublier c'est tout ce que l'on demande à un moteur n'est ce pas???
Quand au radar, ben là aussi il ne faut pas oublier de quelle génération il est issu. on ne parle pas ici de RDI ou de RBE2 ou RBY, il faut le comparer à ce qui ce faisait à l'époque et ma foi il ne fallait pas trop se plaindre par rapport à un Phantom, Mirage IIIC/E ou à un F104 les soviétiques à l'époque étant dans le même registre. c'était un bon radar qui voyait bien en moyenne et haute altitude mais qui était proche d'une poëlle Téfal en Basse (il n'accrochait pas...). par contre (je parle ici de la version Défense Aérienne) l'armement Air/Air et les contre mesures EM/IR n'étaient pas ridicules du tout avec le couple Magic2+Matra super 530F / Barax+Phimat. quelques F16 belges et américains ainsi que des F 18 canadiens et autres Tornado GR5/F3 en ont encore mal au fondement....
Voilà on pourrait encore en parler pendant des heures de notre tagazou tellement il est attachant, maintenant une page à été tournée avec l'arrivée du 2000 RDI/RDY et surtout avec le Rafale, et c'est bien comme ça...
Je suis surtout heureux d'avoir pu voler sur un tel pur sang.
Amicalement
Bruno
Le compte-à-rebours a commencé pour le Mirage F1
Nostalgie, nostalgie...que de belles heures passées dans "Mon" tifin, que de TBA TGV ( très basse altitude-très grande vitesse) au Tchad, à Djibout´, que de belles mailloches perdues/gagnées avec cet avion ou plutôt ce compagnon que nous avons eu le plaisir et surtout le grand honneur de piloter. Le dernier des "hydrauliques" purs, capable de surprendre quelques Fdzhuit´ canadiens ou les Fsixteens belges à Deccimomannu, même s'il n'y a jamais eu vraiment de comparaison en termes techniques vis à vis de ces appareils.
un grand Monsieur et aussi un fidèle compagnon nous quittera donc en 2014, bonne retraite à lui car il a bien mérité et notre respect et notre tendre amitié. Son alter-ego muds, son altesse le Jag´ s'en est allé lui il y a quelques années, ils pourront bientôt se raconter "leurs guerres" sur les parkings à Châteaudin.
"Le verre dans la main gauche! , la main droite sur le coeur, le pouce pour le couvercle.....à nos avions et à la Chasse bordel! et mort aux cons"
Le compte-à-rebours a commencé pour le Mirage F1
Surtout pas de ferraillage s'il vous plaît !!!!!
il y a sûrement un aéroclub musée aéroport etc pour garder ces témoignages du savoir faire français ...
J'aimerai ne pas revivre l'épisode d'ATHIS MONS !!!
mnbee from LFLX
Le compte-à-rebours a commencé pour le Mirage F1
Que de souvenirs avec le F1 et le Jag au Tchad. Les raids sur Ouadi-Doum, les incursions dans le nord pour titiller les libyens … nostalgie …
Le compte-à-rebours a commencé pour le Mirage F1
Petite précision sur les pilotes de reco. Ils ont été connus dès la fin des années 60 sous l'appellation de "chasseurs intelligents", et non de "pilotes intelligents". Ce n'est qu'un détail. Cette appellation est due au commandant J... qui l'avait sortie dans une émission télévisée. On se doute que ça a fait un immense plaisir aux autres chasseurs !
Pour le "marché du siècle", il s'agissait de remplacer les F 104 belges, hollandais et allemands. Ces derniers ne sont pas mentionnés dans cet article ; c'était pourtant les plus nombreux. Je n'ai pas le souvenir que les Norvégiens et les Danois aient été dans le coup.
Le compte-à-rebours a commencé pour le Mirage F1
Un avion qui se pilotait encore aux fesses , qu'on bottait en wives a 130kt au Fl150 avec une incidence dans le rouge .... La finesse de pilotage faisait la difference en mailloche :-) ....autre temps , autre zavions :-) ... Salut mon pote ....
Le compte-à-rebours a commencé pour le Mirage F1
Une belle bête qui va nous quitter .Que de souvenirs ...........Il nous a fait decouvrir l'Afrique ,le Moyen Orient et d'autres pays.C'etait le bon temps .
M..........aux c......et àl a CHASSE b.........l