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Le drone Reaper a trouvé sa place dans l’Armée de l’Air

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Pierre Sparaco

Les deux Reaper de l’Armée de l’air française totalisent 700 heures de vol. Ces drones achetés sur étagère à l’américain General Atomics, malgré leur intégration réussie dans les forces françaises, posent cruellement le problème de la capacité de la France (et de l’Europe) à développer son propre programme de RPA (remotely piloted aircraft).

Les deux premiers exemplaires du drone General Atomics Reaper de l’armée de l’Air, à peine livrés il y a moins de quatre mois, ont aussitôt trouvé leur place au sein de l’armée de l’Air et totalisent déjà plus de 700 heures de vol. C’est ce qu’explique le lieutenant-colonel Christophe Fontaine, commandant de l’escadron 1/33 Belfort, qui ne tarit pas d’éloges sur cet « avion piloté à distance », appellation plus proche de la réalité que l’anglo-saxon « drone ». Les Américains, depuis peu préfèrent parler de RPA, remotely piloted aircraft. « Ils sont tout sauf des robots car ils sont pilotés », a souligné le colonel Fontaine, s’adressant aux membres du Tomato Le Tomato est une institution très ancienne, qui réunit des personnalités civiles et militaires de l’aviation française. Elle a été constituée en 1916 à l’initiative de Charles Waseige, directeur technique des moteurs Farman. Son siège est installé dans les locaux de l’Aéro-Club de France, où se tient sa réunion mensuelle..

Les premiers pilotes français brevetés sur Reaper. © Armée de l’Air

L’Europe, très en retard en la matière, et la France encore plus, apprennent à maîtriser ce MALE, Medium Altitude Long Endurance, qui illustre bien le nouveau visage de la guerre aérienne. C’est un gros appareil, de 4.700 kg et 20 mètres d’envergure, capable de tenir l’air pendant 24 heures. Il est doté d’un turbopropulseur Honeywell de 900 chevaux équivalents et vole en croisière à 350 km/h environ.

Reaper signifie faucheuse, un surnom inquiétant, mais les appareils en service sous les couleurs françaises ne sont pas armés et ne le seront pas. « Ce n’est pas à l’ordre du jour ». Ce qui n’empêche pas de préciser que « le RPA armé est conforme à l’éthique et reste humanisé dans sa mise en œuvre ; c’est un faux débat ». C’est une autre manière de dire que le combat indirect est moral et que, de toute manière, ces engins sont utilisés dans un cadre légal.

Drone Reaper armé de l’US Air Force. © USAF

La précision est importante dans la mesure où elle répond indirectement à des critiques entendues ou lues ici et là, parfois dues à des plumes respectables, à propos de cette guerre quasiment virtuelle, qui tient du jeu vidéo, et qui aurait tendance à dématérialiser le combat, le pilote pouvant se trouver à des milliers de kilomètres de son objectif. Heureusement, pour l’instant, la France échappe à ce débat plus délicat qu’il n’y paraît à première vue. Tout comme les propos contradictoires qui tournent autour des dégâts collatéraux, « prévus comme légitimes s’ils demeurent proportionnels à la valeur de l’objectif et si rien ne peut être fait pour les éviter ».

Même la France, avec ses Reaper non armés, doit suivre attentivement ce débat. On imagine difficilement, en effet, que des RPA armés ne cohabitent pas, tôt ou tard, avec les Rafale. Mais il est entendu qu’ils ne remplaceront pas les avions, sachant qu’ils ne couvrent pas tout le spectre des besoins et doivent plutôt être considérés comme un complément des autres capacités.

Subsiste un autre débat : pourquoi la France s’est-elle trouvée dans l’obligation d’acheter « sur étagère » un RPA américain ? On s’interroge sur les raisons du retard industriel, après les errements des Hunter et autres Harfang et le choix, avant le Reaper, d’un dérivé d’un appareil d’Israel Aerospace Industries. L’excellence désormais démontrée du Neuron européen, sous maîtrise d’œuvre Dassault Aviation, confirme que le savoir-faire existe. D’où les questions qui se posent après avoir constaté cet étonnant ratage.

Pierre Sparaco

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Pierre Sparaco

View Comments

  • Le drone Reaper a trouvé sa place dans l’Armée de l’Air
    On est pas dans le monde des bisounours et on parle bien de matériel militaire, donc d'une arme par destination. Ce qui est discutable, c'est ce choix de s'interdire l'emport d'armement réel ! Parce que franchement, devoir envoyer des avions à 3000 km juste pour lâcher une bombe sur un objectif survolé par un Reaper au lieu de le traiter en direct, c'est risible.

    Sinon, il y a vraiment des gens pour s'interroger sur les causes du retard industriel local dans ce domaine ? Il me semble que les causes sont plutôt très bien connues au contraire.

  • Le drone Reaper a trouvé sa place dans l’Armée de l’Air
    et voila le nouveau joujoux de l'armée de l'air, et le rafale que fait il ? on à dépensé des millions c'est cela
    les économies de notre gouvernement!!!!!

  • Le drone Reaper a trouvé sa place dans l’Armée de l’Air
    Bonjour
    Je ne comprend pas la morale et que fait la morale dans ce domaine. Lancer une bombe d'un avion sur l'adversaire ou un missile d'un drone c'est la même chose le but final c'est la mission. Depuis que j'entends et je lis sur ce sujet notre chère patrie veut se donner l'image d'un saint Pellerin. Armer ou pas c'est vraiment pas logique de s'y attarder
    En ce qui concerne la concurrence avec nos rafales cest ridicule, le drone n'est qu'une arme complémentaire et utile de nos jours et pour le future
    On dirai que nos politiques ont honte d'avoir des drones armes
    Pour autant les américains continuent a développé des avions et des drones

    • Le drone Reaper a trouvé sa place dans l’Armée de l’Air
      C'est une question philosophique importante. Faire la guerre impliquait jusqu'à lors de trouver des personnes prêtes à exposer physiquement leur vie au feu de l'ennemi pour défendre une politique, des valeurs ou un territoire. Il fallait donc que le soldat croie fondamentalement à la légitimité de son engagement. A distance, c'est différent. Dès lors que l'on n'expose plus sa vie, on peut bien agir en fonctionnaire plutôt qu'en soldat. Tuer sans risquer sa propre peau implique que l'on n'est plus dans un combat. Dès lors, l'engagement moral n'est pas plus nécessaire que l'engagement physique, ce qui lève la dernière barrière contre les abus de pouvoir des chefs de guerre.

    • Le drone Reaper a trouvé sa place dans l’Armée de l’Air
      Il y a (et probablement pour encore de nombreuses années) toujours ce conflit de morale entre l'homme aux commandes de sa machine, étant présent et engagé lui-même en temps réel au-dessus de son objectif et celui que l'on dit "loin" des combats, derrière son pupitre de commandes... il avait déjà existé un conflit similaire avec les tourelles télé-opérées sur les différents AFV/VCI et MBT. L'homme "dans le feu", passablement transformé en passoire dans son tourelleau, à l'air libre, confronté à l’opérateur d'un système d'arme opéré depuis l’intérieur d'un même véhicule.

    • Le drone Reaper a trouvé sa place dans l’Armée de l’Air
      Parce que le drone armé a une mauvaise image, suite à la guerre en Afghanistan et les nombreuses "bavures" ?

      J'imagine que c'est cette même mauvaise image du drone, qui a conduit les américains à changer de vocable et à parler désormais de RPA ...

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Pierre Sparaco

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