C’est la première fois qu’un drone de reconnaissance stratégique à hautes performances est abattu. Mais ce n’est pas la première fois que l’Iran fait échec à un drone américain.
Les versions iraniennes et américaines diffèrent sur la position réelle du drone au moment du tir. Les Américains expliquent que leur appareil évoluait à haute altitude hors de l’espace aérien Iranien, tandis que Téhéran fait savoir que l’engin espion à bel et bien franchi la frontière iranienne. Quoi qu’il en soit, la destruction d’un drone américain de reconnaissance RQ-4 Global Hawk, jeudi 20 juin 2019, par un missile sol-air iranien dans le détroit d’Ormuz, est un évènement qui risque d’être lourd de conséquences.
Très vite, des représailles ont été envisagées par le Pentagone. Après avoir un temps autorisé des frappes aériennes sur des sites militaires iraniens avec des F/A-18 E/F Super Hornet, la Maison Blanche s’est finalement ravisée et a décidé de calmer le jeu pour le moment. C’est du moins ce que croit savoir la presse américaine.
Cet incident entre les deux pays marque la première perte d’un drone de reconnaissance stratégique RQ-4 Global Hawk suite à un acte hostile. Une situation qui inquiète les populations et acteurs économiques, à tel point que de nombreuses compagnies aériennes préfèrent éviter la région.
Ce drone, conçu dans les années 90 pour remplacer les avions espions U-2 est un véritable concentré de technologie. L’engin est imposant puisqu’il pèse 14,5 tonnes en ordre de marche, et sa voilure de 40 mètres est supérieure de 5 mètres à celle d’un Boeing 737 !
L’engin sans pilote ne vole pas très vite, 570 km/h, mais il vole haut, très haut même, aux alentours de 19.000 mètres, soit 7.000 mètres au-dessus du trafic aérien commercial pour des missions de plus de 35 heures. Depuis cette altitude, il peut surveiller l’activité civile et militaire de tous les pays qu’il longe. Il dispose pour cela d’une charge utile de 1.300 kg comprenant des caméras capables de voir de jour comme de nuit, d’un radar à ouverture synthétique et, en cas de besoin, des capteurs d’écoute électronique SIGINT pour espionner les radars et les communications radio civiles et militaires. Autant de données transmises en temps réel par liaison satellite ou par moyen V/UHF directement aux USA.
Le Global Hawk ne se pilote pas comme un avion ordinaire. Ses données de mission en mémoire, l’engin se met en route tout seul, s’aligne sur la piste et s’élance, avant de revenir se poser. Il se fie pour cela à ses centrales inertielles et GPS. Des opérateurs au sol reliés par radio au drone surveillent la mission et assurent la coordination avec le contrôle aérien des zones traversées.
Ce drone stratégique, acheté par l’Allemagne pour assurer des missions d’écoute électronique a cependant deux talons d’Achille. Le premier est qu’il est motorisé par un unique moteur AE3007H de Rolls Royce. Donc la défaillance du moteur entraine de facto la perte du drone. Le second, est son manque de dispositif d’autoprotection contre les menaces sol/air adverses.
L’installation de contre-mesures électroniques avait pourtant été envisagée dès les années 90 par les militaires américains qui y ont finalement renoncé pour des raisons techniques et financières.
L’Iran est en passe de devenir un spécialiste des drones américains. Le 5 novembre 2011, il avait réussi à s’emparer sur son territoire d’un drone furtif RQ-170 top secret conçu par le fameux bureau d’études américain Skunk Works de Lockheed Martin. Un avionneur auquel on doit l’avion espion U2/TR1.
Patrick Brunet
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