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Le Gripen suédois : peut-être le bon compromis

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Pierre Sparaco

La décision du Brésil de commander trente-six Saab Gripen NG, peut-être beaucoup plus en un deuxième temps, constitue une grande déception pour Dassault Aviation et Boeing, en même temps, un choix lourd de conséquences. Et cela bien que les ultimes épisodes de la compétition aient été pollués par les écoutes de la NSA qui ont fortement écorné l’image des Etats-Unis, en Amérique latine … et ailleurs.

Bien entendu, les dirigeants de Dassault, dès le verdict connu, ont souligné que les capacités opérationnelles du Rafale étaient autrement importantes que celle du concurrent suédois. Ce qui est incontestable, un système d’armes polyvalent, biréacteur, très complet, faisant face à un appareil monoréacteur sensiblement plus léger et moins nettement « multirôle ». Les rivaux ne jouaient pas, de ce fait, dans la même catégorie, un constat tout à fait factuel interdisant de procéder à des comparaisons techniques complètes. Ce qui revient à dire que les Brésiliens, toutes considérations politiques et cybernétiques mises à part, ont donné la priorité à d’autres critères, tout comme, notamment les Suisses.

Le Gripen, finalement, serait le chasseur de la juste suffisance, capable d’assurer des missions de défense dans des conditions acceptables, mais sans prétendre s’élever au rang des appareils les plus sophistiqués et, de ce fait, les plus coûteux. Et cela malheureusement sans qu’il soit possible à procéder à des comparaisons budgétaires : les trois offres soumises au Brésil étaient foncièrement différentes, le prix « fly away » des avions n’étant qu’un élément parmi d’autres, par exemple en matière de compensations économiques. Dès lors, l’indication selon laquelle le contrat s’élèverait à 4,5 milliards de dollars est sans grande signification.

Un tout autre point de repère est instructif, la liste des pays acheteurs du Gripen. Outre la Suède, bien sûr, du Brésil qui prévoit de signer un contrat fin 2014, et de la Suisse qui va demander l’aval de ses électeurs à l’intervention d’une votation, il s’agit de l’Afrique du Sud, de la Hongrie, de la République tchèque et de la Thaïlande. S’y ajoute un acheteur atypique, l’Empire Test Pilot School britannique. De toute évidence, aucun de ces acheteurs ne remplissait les conditions requises pour accéder au très haut de gamme. Tous pourraient d’ailleurs adopter le leitmotiv du ministre suédois de la Défense, Celso Amorim : « nous sommes un pays pacifique mais qui ne veut pas rester sans Défense ».

La manière de faire suédoise repose sur une grande économie de moyens. Longtemps, c’est une quasi autarcie militaire qui a été privilégiée, Saab affirmant au fil des années sa capacité à développer seul des appareils très performants. En revanche, le coût d’étude de moteurs adéquats s’étant avéré dissuasif, Volvo Flymotor a choisi de travailler étroitement avec General Electric, au départ d’une valeur sûre, le F404. Ainsi, la Suède a pu entretenir sa sacro-sainte neutralité et s’en est bien portée.

C’est dans les années soixante-dix que la manière de faire a été infléchie : avec l’aval de ses autorités de tutelle, Saab a commencé à chercher des clients à l’export, pour produire davantage d’avions et en diminuer le coût unitaire. Et, parallèlement, l’avionneur est entré sur le marché des avions régionaux, où il y avait pourtant pléthore de prétendants.

En 1975, Saab a proposé l’impressionnant Viggen aux quatre pays du « marché du siècle », Pays-Bas, Belgique, Norvège et Danemark, face au YF-16 et au Mirage F1E. « Nous savions que nous n’avions aucune chance de l’emporter mais notre candidature nous a beaucoup appris, elle nous a permis de comprendre comment se déroulent de grandes compétitions de ce type », nous avait déclaré à l’époque le directeur du marketing de Saab.

Depuis, les équipes de Linköping ont fait du chemin, aidées par le Gripen, concurrentiel dans des limites suscitant un réel intérêt là où les contraintes budgétaires sont les plus sévères. Il n’est donc pas étonnant que la Colombie, par exemple, exprime un intérêt sérieux pour l’avion suédois. Lequel pourrait aussi intéresser les Canadiens, apparemment prêts à renoncer au F-35 au profit d’une solution plus « modeste » pour remplacer leurs CF-18. Commentaire de Hakan Buskhe, directeur général de Saab : le Gripen est « the most affordable fighter ». C’est visiblement l’avis des Brésiliens.

Pierre Sparaco

Au terme de multiples rebondissements, la Suisse va, en principe, commander des Gripen en 2014 pour remplacer ses F-18
L'Afrique du Sud estime avoir fait le bon choix en adoptant l'avion suédois
La Thaïlande a elle aussi opté pour le Saab JAS-39 Gripen
Le Gripen NG, considérablement modernisé, vole sous forme de prototype. La production en série est en cours de préparation
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Pierre Sparaco

View Comments

  • Le Gripen suédois : peut-être le bon compromis
    Je trouve drôle toute cette histoire, aujourd'hui le rafale est vendu à l'Inde, pays qui se donne toutes les cartes pour devenir un membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU, d'autres pays sont aussi candidat comme le Brésil et l'Afrique du Sud mais quand on vois leur choix d'avion de combat, on peux se poser des questions sur leur aptitude militaire en cas de crise majeur.

    De nos jours pour devenir membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU ce n'est pas l'arme atomique mais la capacité de réaction et de projection militaire, en conséquence il faut se doter d'une force militaire offensive.

  • Le Gripen suédois : peut-être le bon compromis
    Je trouve le débat stérile. Le Brésil a fait le choix du Gripen, tant mieux pour Saab et la Suède. A bien regarder, il était prévisible que le Rafale ne soit pas sélectionné. De plus, le vrai favori était le Super Hornet. Merci la NSA... Et en même temps acheter le Gripen c'est aussi acheter en partie américain... Faut pas trop les froisser non plus.. par contre attention aux éventuels problèmes, comme la Thaïlande a pu rencontrer.... Mais ne soyons pas aigri d'une défaite prévisible. Ils n'en veulent pas? Tant pis, ne cherchons pas trop d'excuses non plus. L'essentiel est qu'il corresponde à nos propres besoin. A ceux qui pensent qu'il fallait continuer à produire le Mirage 2000: êtes-vous sérieux? Le motoriser avec le M-88??? Vous avez vu la différence de taille des réacteurs? A moins de mettre 2 M88, donc à faire un Rafale, un seul n'apporterait aucun bénéfice par rapport au M53-P2... sans parler des modifications structurellles et aérodynamiques. Et pour ceux qui pensent que nous aurions dû nous contenter des Mirage et de les upgrader au fur et à mesure, çà n'a aucun sens non plus:une cellule n'est pas éternelle, je vous laisse imaginer le gouffre financier que çà deviendrait au fil du temps. Les Mirage 2000c (pour ce qui reste) et même les 2000-5 commencent à être à bout de souffle. Et les moderniser ne leurs permettrait pas d'avoir une meilleure autonomie ainsi qu'une plus grande capacité d'emport. Pour finir je ne pense pas que Dassault puisse se permettre de financer la production de Mirage 2000 (en queue blanche s'ils ne sont pas vendus), sa promotion et en même temps essayer de vendre le Rafale. Ils se feraient de la concurrence! Ce serait stupide. C'est bien pourquoi ils ont arrêter la chaîne de Mirage 2000. Ce qui aurait été par contre intéressant, je pense, c'est la revente des Mirage 2000-9, les plus modernes, et qui disposent encore d'un beau potentiel. Un vrai concurent du Gripen!! Mais le timing (si un jour les Emirats se décident!) n'était pas bon!! Pour finir (complètement cette fois), avouons que le Gripen est un bon avion. Les militaires Brésiliens et Suisse ne sont pas stupides au point de vouloir acheter une brique.... On peut toujours discuter des capacités, des performances etc etc... Mais voilà chaque pays est heureusement souverain de ses propres décisions........ sauf quand les USA mettent leur veto sur des pièces américaines........

  • Mirage 2000?
    A la lumière de la situation actuelle: oui.
    Mais cette décision fût prise au plus tard à l'entrée en service du Rafale.
    Pour des raisons économique nationales. A ce moment cela nous à  permis d'énormes économies d'échelle : nous avons supprimé une pléthore de modèles par le seul Rafale.
    La décision fût prise par le gouvernement et non par Dassault.
    C'est ce qui explique la mise au second plan de l'aspect commercial.
    Il est vrai que Dassault aurait pu (voir dû) maintenir un monoréacteur dans son carnet de produits.
    Ce que plus d'un pensait à l'époque. Mais voilà, il ne l'a pas fait et nos gouvernants ne l'y on pas poussé non plus.

  • Le Gripen suédois : peut-être le bon compromis
    Modernisons le mirage 3 , on a pas fait mieux en compromis simplicité cout performance.
    Dissocions physiquement le système d'arme du vecteur, cela remet en cause le concept cellule voilure mais avantage concurrentiel indéniable.
    Baissons les standards, la durée de vie d'un avion d'arme ne devrait pas excéder 10 ans, le remplacement devrait être moins couteux que le MRO.
    Customisons, changement de voilure ou ajout de rallonges (comme pour les planeurs) en fonction de la missions (interception, reco, bombardement, attaque au sol, training, etc), la mission détermine la voilure mais son cout est marginal, customisons !.
    pour les conflits asymétriques et le contrôle des frontières et la patrouille maritime proposer un bon avion d’attaque,au sol robuste éventuellement à hélice type skyraider ou stuka , succes export assuré, pas besoin de réinventer la poudre visite au musée de l'air ou au smithionian pour faire son marché.

  • Le Gripen suédois : peut-être le bon compromis
    Et si le rafale était simplement un truc neuf mais a la conception dépassée ? Le monde change, les besoins aussi et un avion doit répondre à un cahier des charges. Celui du rafale est-il toujours d'actualité ailleurs qu'en France (ou le pragmatisme est bien le dernier des soucis des décideurs). Le compromis qu'est le rafale est probalement obsolète, ce qui n'a rien avoir avec ses performances dans l'absolu...

    • Le Gripen suédois : peut-être le bon compromis
      Renseignez-vous, l'Armée française est satisfaite de l'avion, il répond bien au cahier des charges, avec bien sûr et c'est normal des points à corriger ou à améliorer. Le côté compromis comme vous dites, du Rafale, appelé omnirôle, multirôle ou autres termes est repris par la concurrence, d'autre part, le côté un avion pour plusieurs armées (AdA et Marine) est repris par le...F-35 et poussé peut-être un peu trop loin en 3 versions.

  • Le Gripen suédois : peut-être le bon compromis
    le Brésil n'est pas un pays en guerre
    n'est pas menacé pas ces voisins et par aucun pays
    pas besoin d'avoir le dernier modèle sophistiqué cher.

  • Le Gripen suédois : peut-être le bon compromis
    La défense c'est du qualitatif et pas du quantitatif. On est loin du rouleau compresseur !

  • Le Gripen suédois : peut-être le bon compromis
    Le Gripen a eu au moins deux coups de chance : 1/ l'absence du F16, meilleur et également monomoteur, donc peu cher à l'achat et à l'usage, 2/ le scandale NSA qui a empêché le Brésil d'acheter le F18 peu cher à l'achat (et non à l'usage).
    Ca ne suffit pas pour en déduire que le Gripen soit un avion réussi, surtout pour un pays étendu comme le Brésil.

    • Le Gripen suédois : peut-être le bon compromis
      D'accord pour l'absence du F-16. Je pense que les Américains (comme le GIE Rafale) étaient "biaisés" par le demande des militaires brésiliens pour un bimoteur. Si Saab avait un bimoteur, ils l'auraient fait concourir à la place du Gripen!

  • Le Gripen suédois : peut-être le bon compromis
    Pour les pays qui n'ont pas d’ennemis, le Gripen est effectivement un bon choix. Pas besoin d'un Rafale pour intercepter un avion d'aéroclub qui s'est trompé de route.

  • Le Gripen suédois : peut-être le bon compromis
    la concurence et rude!!!!! dommage pour le rafale!!!!
    c'est un aéronef que j'apprécie beaucoup !!!!
    nous avons des supers ingénieurs chez DASSAULT

    je pense que le temps, nous donnera raison!!!!!!!

    à toute l'équipe d' aéro BUZZ, mes souhaits de bonne
    fête de fin d'année, ainsi que pour vos familles

    amicalement

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