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Défense

Le Lynx quitte le bord

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Frédéric Lert

L’hélicoptère britannique de l’Aéronavale française a tiré sa révérence ce vendredi 4 septembre 2020. Après plus de 40 ans de service sous les couleurs françaises, le chat sauvage, souple et manœuvrant a définitivement cédé la place au NH90 Caïman.

Le Lynx était un hélicoptère britannique réussi, arrivé en France à la faveur d’un échange politico-industriel bien senti, une fois n’est pas coutume : les Britanniques assemblaient localement des Puma et des Gazelle, conçus à Marignane, pendant qu’Aerospatiale faisait de même avec le Lynx développé par Westland. En évitant la duplication de leurs efforts, la France et la Grande-Bretagne réalisaient ainsi quelques économies tout en se faisant plaisir avec des appareils aussi modernes que réussis.

L’embarquement sur les frégates a été une véritable épopée. Le Lynx est sorti de son hangar à la force du poignet, le pilote chef de détachement montrant la voie… © Marine Nationale

L’aéronavale en équipa les flottilles 31F, 34F et 35F à partir de 1978. Le 4 septembre 2020, la 34F en était la dernière utilisatrice les quatre ultimes appareils disposant encore un peu de potentiel étaient présentés sur le parking de la flottille, à Lanvéoc Poulmic, au milieu de quelques centaines de marins dument masqués.

Que du muscle !

Avec ses 3,3 tonnes à vide et 4,8 tonnes max au décollage, le Lynx était un appareil remarquable dont la première qualité était d’avoir été spécifiquement conçu pour l’embarquement. « Compact, puissant, manœuvrant et solide » sont les qualificatifs qui reviennent les plus souvent dans la bouche des équipages. Autant de qualité pour opérer en mer, en toute autonomie et loin de ses bases terrestres.

Tir d’une torpille d’exercice. L’hélicoptère embarqué reste plus que jamais un élément essentiel de la lutte anti sous-marine. © Marine Nationale

Les qualités mécaniques du Lynx reposaient sur une chaine dynamique exceptionnelle, à commencer par deux turbines Rolls Royce Gem compactes et débordant de puissance (environ 1.100 cv à la puissance maximale d’urgence pour 150 kg par moteur). La puissance était transmise par une boite de transmission principale  (BTP) également très compacte, l’objectif étant toujours de pouvoir ranger l’appareil dans une boite à chaussures (hangar de frégate ou même soute de Transall… ) Au-dessus de la BTP, la tête rotor (du titane usinée dans la masse) était également une autre attraction de l’hélicoptère.

Le Lynx était une sorte de Porsche idéalement taillée pour les opérations sur un pont d’envol étroit et toujours en train de rouler et tanguer.

Bien évidemment, tout n’était pas rose et le Lynx était bien connu pour vibrer terriblement du fait de son rotor semi rigide. A l’arrière le spécialiste en charge du sonar devait faire avec une ergonomie perfectible…

Trop peu d’investissements

Le drame des appareils français fut qu’en plus de 40 ans de service, ils ne bénéficièrent jamais des investissements qu’ils auraient mérités. Le 4 septembre 2020, et même dans les mois et les années précédentes, il flottait toujours dans les Lynx de la Royale le délicieux parfum un peu surannée des années 1970, quand la France roulait en R16 et que Jean Rochefort commandait le Jauréguiberry dans Le Crabe Tambour.

Le seul écran à bord du Lynx, monochrome et de la taille d’un smartphone, était celui du radar, placé face au commandant de bord.

Donc pendant que la France vivait sur ses acquis, les Britanniques et les autres pays utilisateurs (Norvège, Allemagne, Hollande…) modernisaient leurs appareils, en leur faisant notamment pousser des griffes de plus en plus aiguisées.

Quelques efforts furent toutefois consentis en France à partir de 2015, au profit des derniers appareils en service. Une rénovation qui apporta l’intégration d’un GPS, d’une radio basse fréquence longue portée (HF/BLU), d’une liaison de données L11 cryptée, d’un AIS et d’un IFF. Mais c’était trop peu et trop tard.

Un appareil apprécié jusqu’à la dernière minute

Les Lynx des autres pays avaient notamment la possibilité d’emporter des missiles anti-navires, ce qui en faisait des prédateurs redoutés en mer. A l’inverse, les Français avaient abandonné cette capacité missile en 1991, après qu’un appareil embarqué sur le Jean de Vienne eut tiré un ultime AS12 pendant la guerre du Golfe. L’AS12 était un missile ancien, à guidage optique, avec une portée inférieure à 10 kilomètres et une charge militaire de 28 kg.

Les Lynx français partageaient les qualités de vol de leurs homologues étrangers, à une différence près : le rotor anti couple n’ayant pas été modernisé, il avait gardé sa taille réduite d’origine qui limitait quelque peu la vitesse de l’hélicoptère. © Marine Nationale

Depuis 1991, il ne restait donc au Lynx que son radar, une torpille Murène sur le flanc droit et un tireur d’élite ou une mitrailleuse légère en cabine. Bien pour les missions anti narco en Méditerranée, en Océan indien ou dans les Caraïbes, mais insuffisant dans le cadre d’un affrontement militaire…

Il n’empêche : le Lynx restait très apprécié au sein de la 34F. Pour ses qualités de vol tout d’abord. Pour les missions qui lui incombaient ensuite. Et puis enfin parce que la flottille, rassemblée autour de ses derniers appareils, concentrait un savoir-faire exceptionnel, le condensé d’une aventure humaine et technique de plusieurs décennies.

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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  • La Marine Française a utilisé le Lynx comme partie intégrante du système d'armes anti sous-marin du bâtiment porteur. Il pouvait relocaliser ,pister, attaquer le sous marin détecté par le sonar du bateau. Dans ce domaine il était remarquable.

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