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Le Mirage F1, c’est fini pour l’armée de l’Air !

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Frédéric Lert

Le F1CR au standard F7, dernière évolution du monomoteur à aile haute, tire sa révérence à Mont de Marsan. L’escadron qui le mettait en œuvre, l’EC 2/33 Savoie, est dissous et ses traditions sont mises en sommeil. Enfin presque…

Des mois, des années qu’on en parlait. La fin du Mirage F1 dans l’armée de l’Air a été une lente agonie célébrée par tous, dans la joie et la bonne humeur. On l’a vue venir de loin cette fin de l’histoire, si bien que lorsqu’elle est arrivée pour de bon, on a tous connu ce sentiment étrange de l’avoir déjà vécue. Il y a eu la fin du Mirage F1C en juillet 2003, celle du F1CT en octobre 2012, puis la fin du Mirage F1CR en Afrique en mars 2013, la dernière permanence opérationnelle en février de cette année. C’était un peu comme les adieux de Johnny Halliday. Ca durait, ça durait, on en pouvait plus tellement c’était long. Et quand c’est arrivé, on était à la fois triste et soulagé. Parce qu’il avait beau avoir du métier Johnny, on voyait bien qu’il n’en pouvait plus et nous non plus.

Pas de cérémonie sans bonne fanfare et un air gai et entraînant. © Frédéric Lert / Aerobuzz.fr

Bravo aux petites mains qui ont préparé l’exposition sur le Mirage F1. © Frédéric Lert / Aerobuzz.fr

Et puisqu’on est dans le pipole, restons y : Le Mirage F1CR a été le Raymond Poulidor des avions de combat. L’avion poupoulaire par excellence. Toujours sur la ligne de départ, toujours sur le podium, mais jamais le premier à l’arrivée. Un solide tâcheron, un avion intérimaire conçu pour durer, du Made in France pur jus. Un bel équilibre aérodynamique et financier, mais toujours le petit truc qui manquait : un jour c’était la puissance, le lendemain c’était la nacelle de désignation laser, le surlendemain la radio cryptée… Ca n’a pas empêché le Mirage F1 dans ses différentes versions d’être de tous les combats. Mais toujours un peu dans l’ombre du Jaguar, du Mirage 2000 ou du Rafale.

En souvenir des grandes heures africaines du Mirage F1CR, cet appareil avait reçu le célèbre camouflage vanille chocolat. © Frédéric Lert / Aerobuzz.fr

Belle brochette de bidons de 2200l dits « irakiens », car développés à la demande de Saddam dans les années 80 pour équiper ses F1-EQ. © Frédéric Lert / Aerobuzz.fr

Quand fut venu le temps de l’opération Serval sur le Mali, le Rafale est arrivé en force avec sa climatisation de cabine, sa liaison 16, des réservoirs supplémentaires et des bombes partout sous les ailes, la nacelle Reco NG sous le ventre. Même le Mirage 2000D en a pris pour son grade. Le Mirage F1 a joué une dernière fois la carte de la rusticité et le coup de la « faible empreinte logistique » sur le terrain de Bamako, mais la messe était dite.

Sobriété pour la décoration de ce biplace qui a été présenté en vol avec la patrouille Carol Hotel . © Frédéric Lert / Aerobuzz.fr

Cox et Ziva, les pilotes des Carol Hotel accueillis par l’ECPAD à leur descente de l’avion. © Frédéric Lert / Aerobuzz.fr

Vendredi dernier (13 juin 2014), l’armée de l’Air a célébré en grande pompe la fin de l’avion sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan avec une offre triple play à faire pâlir d’envie les opérateurs de téléphonie : retrait de l’avion, cent ans de la première mission de reconnaissance et dissolution de l’escadron de reconnaissance 2/33 Savoie. Quatre avions décorés, des présentations aériennes, une remarquable exposition historique dans un hangar (bravo aux petits mains qui l’ont préparée…) des drapeaux, des généraux présents, passés ou à venir, des remises de décorations, un défilé en fanfare et des anciens aux garde à vous. Le tout bien arrosé par le soleil. Tous les ingrédients essentiels étaient réunis pour faire de la journée un moment historique.

Mais, on vous avait prévenu, le F1 est un grand artiste qui va soigner sa sortie. On retiendra la date du 13 juin comme celle des adieux officiels. Mais le Savoie va continuer à voler sur ses derniers avions, trois biplaces et une demi-douzaine de monoplaces, jusqu’à la fin du mois de juin. Début juillet, cinq avions seront maintenus en état de vol de manière à participer une dernière fois au défilé du 14 juillet. A l’issue, ils rejoindront Chateaudun pour y être stockés, aux côtés de leurs aînés. Et là, promis juré, ce sera bien la fin du F1 sous les couleurs françaises.

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Le Mirage F1, c’est fini pour l’armée de l’Air !
    Le Mirage F 1 en Afrique du Sud.
    L´histoire de cette machine remarquable continue en Afrique du Sud où l´entreprise Paramount Group http://www.paramountgroup.biz forme les pilotes militaires (sans doute africains ..) en utilisant des ex Mirages F 1 de l´armée de l´air Sud Africaine. Cette entreprise souhaiterait sans doute recuperer les Mirages F1 CR pour augmenter sa flotte?

  • Le Mirage F1, c’est fini pour l’armée de l’Air !
    Il ne reste plus que l'iran à utiliser des mirage F1. les ex-sud af, et la lybie et maroc.
    Une petite chance de revoir nos vieux f-1 quelque part? argentine, lybie.
    Est ce qu'il y a encore du potentiel sur des cellules et des pièces detaché?

  • Le Mirage F1, c’est fini pour l’armée de l’Air !
    Notre aéro-club désirerait beaucoup avoir un avion d'armes désarmé en exposition et dispose de hangars neufs pour l'héberger. La SOFREMA est-elle le meilleur contact où faut-il s'adresser à l'Etat Major.
    Merci de votre réponse.

  • Le Mirage F1, c’est fini pour l’armée de l’Air !
    J'ai participé à la VAMOM de cet avion en 1971au CEAM à Mt de Marsan comme mécanicien ...
    dur, dur de le voir partir ... nous étions alors émerveillés par le look général, le modernisme de l'instrumentation enfichable, les équipements électriques basculaient sur leur portes d'accès, les rails de manutention de l'atar9k50 ne faisaient plus partie de la structure comme sur les Mirages 3 et 4 ... Belle époque, beaux avions, le Gal Roland GLAVANY était notre patron, que rêver de mieux !!?

  • Le Mirage F1, c’est fini pour l’armée de l’Air !
    Il y aurait beaucoup mieux que Chateaudun.
    Plusieurs musées ou associations de collectionneurs sont prêt à les accueillir pour les conserver en état de présentation d'autant plus impeccable qu'ils n'auront pas pourri plusieurs années sans aucun soins avant que, éventuellement, une décision positive soit prise pour la conservation de notre patrimoine.

  • Le Mirage F1, c’est fini pour l’armée de l’Air !
    Il ne faut pas manquer de souffle pour écrire que le F 1 est resté, je cite "toujours un peu dans l’ombre du Jaguar" !
    On a dans le 2éme cas un avion poussif, sous motorisé et accessoirement plutôt laid. Dans le premier cas, celui du F 1, un avion certes prévu au départ pour assurer une transition, mais qui a duré, plutôt bien, 10 ans de plus que le Jag. Par rapport à son prédécesseur, le Mirage 3, il apportait de grandes améliorations : autonomie, rapidité de mise en œuvre, distances de décollage et d'atterrissage raccourcies avec des vitesses d'approche diminuées, dernière évolution de la régulation du réacteur ATAR (c'est la version 9 K 50) permettant de "branler la manette" sans aucun souci du ralenti à pleine PC (à comparer avec la délicatesse dont il fallait faire preuve vis à vis des réacteurs Adour du Jaguar). Grosse amélioration aussi des commandes de vol, avec PA. Et j'en oublie. Les deux avions sont à égalité en ce qui concerne quelques caractéristiques innovantes pour l'époque sur des avions de chasse français : ravitaillement en vol, fragilisation verrière, ILS.
    Il n'est pas question de comparer le F 1 au Mirage 2000, mis en service 11 ans plus tard, et encore moins au Rafale. Mais il est contemporain du Jaguar. Il n'a vraiment pas à rougir de la comparaison.

    • Le Mirage F1, c’est fini pour l’armée de l’Air !
      DKTVR.
      Pour aller un peu plus loin, il serait peut-être intéressant de comparer aussi la vie opérationnelle et les évolutions techniques, en France et à l'export, de ces deux guerriers dont personne n'a à rougir.
      Le Mirage F1, né Dassault ; le Jaguar, né Breguet.

    • Le Mirage F1, c’est fini pour l’armée de l’Air !
      bonjour,
      je me suis sans doute mal exprimé... Je ne comparais pas les performances techniques mais la notoriété. Merci pour votre commentaire argumenté.

  • Le Mirage F1, c’est fini pour l’armée de l’Air !
    Bonjour,
    Peut-on se porter acquéreur d'un Mirage F1 après que les équipements sensibles et/ou dangereux (instruments radio, IFF, radar, siège éjectable, fluides polluants...) aient été retirés par le personnel mécanique de l'AA ?
    Je dispose de quoi en héberger un et ça m'intéresse !

    • Le Mirage F1, c’est fini pour l’armée de l’Air !
      Pour le savoir le mieux est de contacter la SOFEMA.
      Bonne soirée.

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