Éric Martel, président de Bombardier, prend à témoin l’opinion publique canadienne, au moment où le gouvernement d’Ottawa s’apprête à choisir son futur avion de surveillance aérienne de ses frontières. Boeing pourrait remporter l’appel d’offres Aéronef multimissions canadien (CMMA).
« Comme président et chef de la direction de Bombardier, je souhaite faire part publiquement de mon inquiétude liée au fait que le Canada, qui a un choix important à faire, lié à la surveillance aérienne de ses longues frontières, pourrait envisager d’octroyer un contrat unique, directement à Boeing. », déclare Éric Martel, président de Bombardier. Dès que l’appel d’offres a été lancé par le Canada, Boeing a publiquement proposé son P-8 Poseidon, basé sur le 737-800. Selon l’avionneur américain, cet avion répond en tous points au cahier des charges.
Le Canada entend, en effet, doter ses Forces armées d’ « un aéronef longue portée de commandement, contrôle, communications, (C3I), renseignement, surveillance, reconnaissance (RSR) et guerre anti-sous-marine (GASM) à capacités étendues avec équipage afin de remplacer le CP140 Aurora. » En résumé : un avion polyvalent apte à un large éventail de mission, depuis la surveillance et le renseignement jusqu’à la lutte anti sous marine. Le CP-140 Aurora a fait son temps. Il est en service depuis 1980. C’est un quadri-turbopropulseur développé par Lockheed pour les besoins spécifiques du Canada qui, à l’époque, en avait commandé 22 exemplaires.
Le nouvel avion de surveillance pourrait entrer en service entre 2032 et 2033. L’ensemble de la flotte devrait être opérationnelle au plus tard en 2038. Le budget est de 5 milliards de dollars canadiens, soit environ 3,5 Md€. Eric Martel craint de voir ce contrat échapper à Bombardier. Face au P-8, le Global 6500 canadien apparaît en effet sous dimensionné, ce qu’il conteste.
« Plus les technologies progressent, plus l’équipement requis pour réaliser une mission spécialisée diminue en taille, et nous sommes convaincus que l’avion Global 6500 sera la solution adéquate et répondra aux besoins canadiens compte tenu de sa plus grande autonomie et sa fiabilité éprouvée et de ses moteurs de prochaine génération et son profil aérodynamique à l’avant-garde de l’industrie contribuant à ses excellents coûts d’exploitation et, encore plus important, à sa plus faible empreinte environnementale. »
De son côté, le gouvernement canadien insiste : « Étant donné son vaste territoire, le Canada doit compter sur un aéronef de longue portée et d’une longue durée de tenue de poste pour lui permettre de se rendre dans les zones opérationnelles et d’y demeurer aussi longtemps que nécessaire. »
Eric Martel en appelle au patriotisme économique. « Il s’agit de la plus belle occasion pour les Canadiens de regarder le ciel et de faire confiance avec fierté à un avion construit au Canada pour défendre nos frontières et soutenir nos pays alliés. »
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