Sur le site de Lockheed Martin où sont fabriqués les Hercules, le premier KC-130J ravitailleur destiné à la France est désormais terminé et s’apprête à débuter ses essais sol. Le deuxième entre quant à lui en fabrication. Visite guidée proposée par Frédéric Lert qui s’est rendu sur place.
A vingt minutes de voiture au nord d’Atlanta (Georgie), posée en bordure de la base aérienne de Dobbins, l’usine de Lockheed Martin abrite depuis plus de 60 ans la fabrication du C-130 Hercules et de ses innombrables versions (Lockheed Martin a malgré tout fait le compte : il y en a une centaine…).
Le site appartient en fait à l’US Air Force et très exactement 663 B-29 y furent construits pendant la seconde guerre mondiale. On parlait à l’époque du « Bell Bomber Plant » ou encore de « plant 6 ». L’usine fut mise en sommeil après la guerre mais réactivée par Lockheed en 1951. Elle reste depuis étroitement associée au programme Hercules.
Elle a vu passer plus de 2.500 C-130 de tous types fabriqués depuis 1954 et un très long alignement de drapeaux en rappelle les 70 pays utilisateurs. L’alignement est exhaustif puisqu’on peut y reconnaître, entre autres, le drapeau chinois (Pékin a acheté des L100 en 1987) et… iranien, en référence aux avions achetés par le Shah avant la révolution islamique de 1979.
Le plant 6 fabrique aujourd’hui 24 Hercules par an sur une seule ligne d’assemblage, la capacité maximale de l’usine étant de 36 avions. Et, de facto, l’activité semble très sereine dans le hall d’assemblage où travaillent environ 1.500 personnes (et 4.500 pour l’ensemble du site).
En 1969, Lockheed comptait 33.000 employés à Marietta. Il y en avait encore environ 20.000 à la fin des années 1990… Plusieurs programmes se sont achevés depuis (F-22, C-5, modernisation des P-3 Orion…) et l’automatisation de certaines taches ainsi qu’un recours accru à la sous-traitance industrielle ont fait le reste.
Les C-130 sont aujourd’hui assemblés en douze stations, l’ensemble du processus exigeant une dizaine de mois. Mais si l’on prend en compte la fabrication en amont des pièces à cycle long, la durée de fabrication est quant à elle de 36 mois. Dans l’usine de Marietta, les principales étapes voient le montage du caisson central de voilure sur le fuselage central. Puis le mariage de la pointe avant et de l’empennage (fabriqué en Inde) avec cet élément central.
Les voilures extérieures sont ensuite ajoutées. Le choix entre les versions courte et longue (C-130J-30) de l’avion se fait avec l’ajout de tronçons supplémentaires aux section avant et arrière de l’avion. L’ensemble du processus est un gros mécano qui suit le même cadencement depuis plusieurs décennies !
C’est à l’extrémité de cette chaine que l’on retrouve aujourd’hui le premier KC-130J destiné à la France. On se souvient que pour palier les retards de l’A400M, la France a commandé deux C-130J-30 et deux KC-130J en janvier 2016.
Les deux C-130J-30 ont été livrés respectivement en décembre 2017 et juin 2018 et ils ont à présent accumulé un peu plus de mille heures de vol. L’armée de l’Air attend à présent avec impatience les deux KC afin de ne plus dépendre de moyens étrangers pour le ravitaillement en vol de ses hélicoptères.
Le premier KC est donc aujourd’hui assemblé, les moteurs installés, les nacelles de ravitaillement accrochées sous les ailes et déjà peintes. Depuis notre visite à Marietta, il devrait même avoir quitté le hall pour commencer ses essais sol. La livraison devrait se faire en fin d’année.
Puisqu’il s’agit d’un contrat FMS de gouvernement à gouvernement, la France se repose entièrement sur l’administration américaine pour le suivi du chantier et tous le processus de recette au sol et en vol sur le sol américain. Le deuxième appareil, qui est lui aussi en chaine, est beaucoup plus difficile à distinguer. Ce ne sont encore que des sous-ensembles épars uniquement reconnaissables par leurs numéros de série. Mais l’avion devrait prendre rapidement forme, pour une livraison au premier trimestre 2020.
Frédéric Lert
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