Le projet de Système de Combat Aérien du Futur, lancé en 2017, était à l’arrêt depuis plus d’un an. La Signature d’un accord entre Dassault Aviation et Airbus le remet en selle. Mais on n’est pas encore rendu…
A l’issue d’un bras de fer feutré mais viril qui durait depuis plusieurs mois entre Dassault Aviation et Airbus, le premier se voit formellement reconnu comme maitre d’oeuvre, architecte et intégrateur de l’avion de combat futur (NGF), pièce essentielle du programme SCAF. L’avionneur de Saint Cloud se félicite également d’avoir obtenu à cette occasion la protection de son savoir faire industriel et de ses technologies : « La propriété des travaux à réaliser en commun sera partagée, mais les technologies et le savoir-faire qui nous appartiennent ne le seront pas. C’est un accord gagnant-gagnant pour toutes les parties. », résume Eric Trappier dans une interview au Figaro.
La voie est donc ouverte pour la phase 1B du projet, qui va permettre de continuer à travailler sur les activités de recherche et la rédaction des spécifications d’un futur démonstrateur technologique.
Et ce n’est qu’une fois ces spécifications gravées dans le marbre, d’ici deux ou trois ans prévoit le PDG de Dassault Aviation, que l’on pourra songer à passer à la phase 2 du projet, la commande proprement dite de ce démonstrateur. Un nouveau contrat devrait alors être signé, pour une mise en vol de l’avion d’ici cinq ou six ans. « Vers 2029 » précise même Eric Trappier, qui ajoute « ce n’était pas arrivé depuis le premier vol du démonstrateur européen Neuron, voici tout juste dix ans ». Oui et non.
Oui, Dassault Aviation à l’expérience récente du drone de combat furtif grâce au succès du Neuron. Mais non, un drone de combat n’est pas un chasseur bombardier piloté et supersonique. Le niveau de complexité supérieur que représente ce dernier n’a plus été rencontré depuis le milieu des années 1980 et la mise en vol du Rafale A.
La phase 2 à venir ne sera en outre qu’une phase de préparation qu’il faudra franchir pour accéder à l’étape suivante, la définition et l’industrialisation d’un avion de série pour laquelle le partage des taches précis reste encore à définir. A la question de l’exportation du futur avion, Eric Trappier rappelle ensuite opportunément deux choses dans son interview : d’une part que le modèle industriel ne peut pas fonctionner sans exportations et que d’autres part celles-ci sont du ressort de l’état. C’est dit !
L’exigence de disposer de la liberté d’exporter le futur NGF a certes été rappelée par la première ministre et le ministre des armées français, mais à ce jour personne ne sait quelle sera la valeur de ces engagements de part et d’autre du Rhin quand le NGF arrivera sur le marché.
La bataille du SCAF dure déjà depuis un moment mais elle n’est donc pas encore terminée. Comme le souligne Eric Trappier en introduction de son interview au Figaro, « le SCAF est un projet politique ». Une phrase qui résume tout.
Frédéric Lert
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