La Russie cherche à récupérer les débris de son Su-25 Frogfoot abattu en Syrie le 3 février 2018. C’est un moyen pour elle de savoir comment le groupe armé qui a descendu le redoutable avion d’attaque au sol russe, s’est procuré le missile sol-air portable à guidage infra-rouge responsable de la chute de l’appareil. Aussi redoutable soit-il, le « tueur de chars » russe n’en demeure pas moins à la merci du feu de ses adversaires.
Le commandant Roman Filipov, élevé au rang de Héros de Russie, qui était aux commandes du Su-25 Frogfoot s’est fait piéger en descendant trop bas. Bien qu’il y ait encore des incertitudes sur le modèle précis d’armement utilisé par ses adversaires, une chose est sûre, le type de missile sol-air portable qui l’a abattu a une portée maximale de 5.000 mètres.
Le pilote russe volait logiquement en-dessous de cette limite fatale. Autre question que se posent les militaires russes : pourquoi le système de contre-mesures électroniques embarqué, qui comprend des détecteurs de menaces et des leurres infrarouges, n’a pas protégé l’avion efficacement ?
Désormais, les pilotes de Su-25 engagés en Syrie n’ont plus le droit de descendre en-dessous de 5.000 m. Bien qu’il soit fortement blindé au niveau du poste de pilotage et des éléments critiques tels que les moteurs, leur avion d’attaque au sol reste vulnérable pour plusieurs raisons.
La première tient à sa conception. L’avion, conçu pour être maniable, est optimisé pour évoluer au plus près des combats afin d’appuyer les troupes au sol. Il est lourd et lent du fait de son blindage. Il est donc fortement exposé aux armes sol-air adverses.
Les soviétiques ont ainsi perdu de nombreux Su-25 en Afghanistan où il a subi l’épreuve du feu des les années 80. Plusieurs avions de pré-série ont été abattus par des missiles Stinger livrés par la CIA aux Moudjahidines.
Désigné Frogfoot par l’Otan et indifféremment Chtourmovik ou Gratch (corbeau) par les russes, le Sukhoi Su-25 appartient à la même génération que le Fairchild Thunderbolt A-10. Aussi trapus et rustiques l’un que l’autre, ils ont tous deux été conçus dans les années 60-70. Si les américains se posent régulièrement la question du retrait du service de leur « tueur de chars », les russes au contraire cherchent à le faire durer par tous les moyens.
Régulièrement depuis les années 90, Sukhoi annonce des projets de modernisation, car l’appareil dispose d’un vaste potentiel d’évolution. Des projets qui sont rarement suivis d’effets faute de moyens. Une évolution majeure du Su-25, baptisée Su-39, a même été envisagée avant d’être abandonnée parce que jugée trop chère. En dernier ressort, le cockpit et le système d’armes des avions en service ont été modernisés au minimum.
Comme l’A-10, le Su-25 demeure autant apprécié des fantassins amis, que redouté des ennemis. Il emporte typiquement des bombes de 250 kg, à 500 KG ou des paniers de roquettes sous ses 10 points d’emport. Il est équipé d’un ensemble de télémétrie et de désignation laser dans le nez et surtout il possède un gros canon de 30 mm avec 250 obus perforants et incendiaires.
Le Su-25, véritable bonne à tout faire des forces aériennes russes, a également la capacité de tirer des armes air-sol de précision, des missiles antiaériens courte portée et des armes antiradar.
L’avion est capable de décoller de pistes sommaires, facile à piloter, plus résistant aux dommages que les avions modernes et très simple à entretenir. C’est ce subtil mélange de technologie, de polyvalence et de rusticité qui explique la durée de vie de cet appareil conçu au moment où nos ordinateurs les plus perfectionnés avaient la taille d’une machine à laver.
Sukhoi en a construit plus de 1.000 exemplaires, dont une bonne partie a été exportée dans les ex-républiques soviétiques et les pays du pacte de Varsovie (Tchécoslovaquie et la Bulgarie), du temps de la guerre froide. L’appareil, qui constitue encore l’ossature du bombardement tactique russe, est très apprécié de ses pilotes. Il a servi en Afghanistan, en Tchétchénie, en Iran, et dans divers pays d’Afrique (aux mains de mercenaires).
La Syrie est le type de théâtre d’opérations pour lequel il a été conçu. Mais aussi redoutable soit-il, il n’en demeure pas moins à la merci du feu de ses adversaires.
Gil Roy
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Pour information, le pilote n'est pas mort de l'écrasement de son appareil, mais suite à un échange de tir avec les "rebelles" ; il a fait sauter une grenade afin de ne pas se faire capturer (et toucher un maximum d'ennemis)
A noter que cet avion sert dans la BSS, l'armée de l'air tchadienne en aligne quelques uns, pilotés par des tchadiens et/ou des pilotes venus de l'ex-URSS. Ils ont été utilisés armés de bombes lisses et de paniers à roquettes dans le nord du Nigéria et du Cameroun, encore récemment, contre boko haram.
cet avion, très specialise appartient à une race en voie de disparition,
il était fabriqué en Russie et en Georgie aussi à Tbilissi.
l'illustration vient d'un jeu video et la configuration est curieuse,
en general on le voit plus avec des bombes et des roquettes qu'avec des reservoirs additionnels.
Il me semble bien que la photo de couverture est une capture d'écran du (très bon) jeu DCS (par Eagle Dynamics). Le crénelage des ombres est un signe.
Preuve que le jeu vidéo est de plus en plus réaliste !