Créé il y a dix ans pour mutualiser les capacités européennes de transport aérien militaire, l’EATC (European Air Transport Command) est aujourd’hui très engagé dans les missions en rapport avec la crise du Covid-19 (passagers et évacuations sanitaires). Le point sur les dernières missions et les moyens mis en oeuvre avec le général français Laurent Marboeuf, qui en assure le commandement.
L’EATC a été inauguré le 1er septembre 2010 à Eindhoven (Pays-Bas). Ce commandement multinational du transport aérien militaire, de l’évacuation sanitaire et du ravitaillement en vol regroupe aujourd’hui sept pays partenaires et dispose d’une flotte accessible de 176 appareils mobilisables, avec leurs équipages, au gré des disponibilités des uns et des autres. « Nous sommes sur une courbe de croissance de nos capacités et nous arriverons à 210 avions en 2025 » explique le général français Laurent Marboeuf, qui en assure aujourd’hui le commandement. Cette force de frappe aéromobilité est aujourd’hui très active dans la gestion de la crise sanitaire en Europe.
Une première mission de rapatriement de ressortissants a été organisée le 30 janvier 2020 à la demande de la France : il s’agissait de ramener 200 personnes saines de Wuhan (Chine), épicentre de l’épidémie. Dans les passagers qui prirent place à bord l’Airbus A340 de l’escadron de transport 3/60 Esterel se trouvait une majorité de Français, mais aussi quelques dizaines d’Allemands et autres européens.
Pas de malades parmi eux donc, mais les passagers furent de tout de même isolés dans l’avion avec des mesures particulières de précaution pour l’équipage. Depuis le début de la crise, l’EATC a organisé et commandé sept missions d’évacuations sanitaires et le rythme semble s’accélérer : à l’heure où paraissent ces lignes, de nouvelles missions sont en cours ou planifiées.
Date | Type d’aéronef | Pays d’appartenance | Pax transportés | Trajet |
16 mars | A400M | Allemagne | 1 cas suspect | Kaboul-Berlin |
19 mars | A400M | Espagne | 1 cas déclaré, 22 personnes en contact avec lui | Djibouti – Cadix |
23 mars | C-130 | Hollande | 1 cas déclaré | Kaunas – Eindhoven |
28 mars | A310 | Allemagne | 6 cas déclarés | Bergame – Cologne |
29 mars | C-130 | Hollande | 4 cas déclarés | Vilnius – Eindhoven |
29 mars | A310 | Allemagne | 6 cas déclarés | Bergame -Hambourg |
29 mars | A400M | Allemagne | 2 cas déclarés | Strasbourg – Stuttgart |
Ainsi, le week-end dernier, un A400M de la Luftwaffe s’est posé à Strasbourg pour récupérer deux patients français et les emmener à Stuttgart. Un saut de puce d’une centaine de kilomètres à peine, largement médiatisé en France. Cette mission a mis en évidence le savoir faire allemand en matière d’évacuations sanitaires.
La Luftwaffe dispose d’un Airbus A310 et d’un A400M en configuration évacuations sanitaires, équipés de PTU (Patient Treatment Unit) similaires dans leur conception aux modules Morphée utilisés en France. On a pu se demander, et plusieurs lecteurs d’Aerobuzz nous ont posé la question, pourquoi l’A400M venu à Strasbourg n’avait emporté que deux patients.
« En réponse à la crise du COVID-19, et pour gagner en flexibilité opérationnelle, les Allemands ont décidé de répartir leurs 6 PTU entre deux A-400M » explique le général Marboeuf. « Un appareil a reçu quatre PTU et l’autre deux, et c’est ce dernier qui a été proposé à la France. Et si Paris a fait appel à l’appareil allemand, c’est parce que le Phénix de l’armée de l’air était indisponible, en cours de décontamination entre deux missions Evasan ». Le deuxième A400M allemand équipé de quatre PTU est gardé en réserve stratégique pour répondre le cas échéant à des urgences sur des théâtres d’opération éloignés, et ceci au profit de tous les membres de l’EATC.
L’autre force du commandement européen, c’est d’avoir travaillé depuis dix ans à l’harmonisation des procédures. « Depuis 2010, nous nous entraînons en commun, nous avançons pas à pas » poursuit le général Marboeuf. « Nous avons créé un écosystème d’interopérabilité entre les nations qui est fluide et fonctionne parfaitement. Dans le domaine de l’Evasan, six médecins spécialistes appartenant à différentes nations travaillent chez nous à la coordination des procédures. C’est un travail de fond qui nous permet aujourd’hui de répondre très vite et sans hiatus aux demandes d’évacuations qui nous parviennent ».
On précise également à Eindhoven que la lutte contre le COVID-19 ne se fait pas au détriment du soutien des opérations dans le monde, et particulièrement au Sahel. Des mesures conservatoires ont toutefois été prises pour limiter les relèves de personnel en Opex. Par mesure de précaution, et pour se recentrer sur les priorités du moment, les missions d’entrainement ont été fortement réduites.
L’état-major de l’EATC à Eindhoven (200 personnes à ce jour) a lui même pris ses dispositions pour durer malgré la pandémie, avec la mise en place du télétravail et du travail en équipes décalées. Particulièrement surveillée et protégée, la cellule de « mission control » continue d’assurer le suivi H24/7 des missions et le travail de préparation des vols.
« En raison de la crise sanitaire, le travail de gestion des escales s’est singulièrement complexifié et la situation est très changeante d’un jour à l’autre » rappelle le général Marboeuf. Pour le vol allemand du 1er février dernier en provenance de Wuhan, une escale de l’avion à Moscou fut refusée in extremis. Le plan de vol fut modifié au dernier moment et l’avion se posa finalement à Helsinki pour son avitaillement.
Frédéric Lert
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Selon un article précédent, avantage au Piaggio Avanti. 2 patients par rotation et 2 rotations par jour. Oyonair peut en mobiliser 4. Soit 16 malades par jour. Avec un coût certainement inférieur aux aéronefs militaires et une plus grande flexibilité. Merci Aerobuzz pour ces articles très instructifs.
Bourrage de mou !!!
Mmouais…. jusqu'à ce qu'il y ait une VRAIE urgence, et que chaque pays récupère ses billes.
Et on remarque aussi que certains fournissent des moyens (en clair, payent) alors que d'autres ne fournissent que des gens à transporter.
Mais pour avoir ses étoiles maintenant, il faut croire en l'UE et avoir fait semrent d'allégeance aux US….
Pas sûr que cela tienne dans la durée.
bonjour à tous , Nous faisons de l'évacuation "temps de paix" alors que nous sommes en guerre sanitaire !
1 TGV pour 20 malades et beaucoup trop d'accompagnants qu'il faudra ramener au point de départ !
2 malades pour 1 NH 90 caiman , en version" lisse" le cargo de l'appareil pourrai enmener peut être 6 malades posés à même le sol ? et une seule équipe de surveillance ?
1 airbus MRTT pour 6 malades , sur les vidéos on peut voir que l'on pourrai faire du pingpong dans l'espace restant ?
un A400 M allemand pour 2 malades !
hum il faudrait remettre un chef énergique qui organise en dehors des "normes européennes" cela ne vous dit rien "les taxis de la marne " ?
Le MRTT Phénix, ne peut embarquer que 6 patients sous kit MORPHE ...