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Défense

Le VSR 700, la créature hybride de Guimbal et d’Airbus

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Frédéric Lert

Un hélicoptère Cabri G2 sans pilote, mais avec un radar et une boule optronique : le drone idéal pour les marines militaires ? Le premier vol sans pilote à bord est prévu avant fin 2017. Pendant qu’Airbus Helicopters finalise la définition des lois de pilotage, Hélicoptères Guimbal planche sur l’intégration d’une motorisation diesel.

Tout petit, tout seul au milieu du troupeau des géants commerciaux et militaires, le VSR 700 était en vedette sur le parking Airbus pendant le dernier salon du Bourget. Fruit d’un co-développement entre Airbus Helicopters et Hélicoptères Guimbal, l’engin est ambitieux : il s’agit de fournir aux navires de taille moyenne un radar et un œil déportés, capables de voir loin en mer, bien au-delà de l’horizon radar habituel des navires.

Douze heures d’autonomie

Les performances annoncées sur le VSR700 sont une autonomie d’environ dix heures à cent nautiques (une heure de vol) du navire porteur. Soit une autonomie totale d’une douzaine d’heures de vol. La première version du VSR700 emportera simultanément (le mot est important) un radar de surveillance maritime et une boule optronique.

Des essais conduits avec le Forbin ont permis de valider la bonne tenue de l’appareil dans les turbulences de sillage derrière le navire. © Eric Raz/Airbus Helicopters

« Droniser » et embarquer sur un navire, un hélicoptère léger est une idée séduisante mais terriblement complexe à faire aboutir. Faute d’avoir su partir d’un véhicule homogène et performant, d’autres s’y sont cassés les dents. Les deux hélicoptéristes, la PME aixoise et le groupe multinational, ont initié le projet VSR700 il y a une quinzaine d’années. Mais le travail réel n’a été lancé que depuis six mois.

Une solution éprouvée

« La DGA (Direction Générale pour l’Armement) peut trouver plusieurs avantages à faire appel à nous » explique Bruno Guimbal. « Le Cabri est un hélicoptère éprouvé, dont le développement est terminé et payé. La flotte en exploitation s’étoffe tous les jours et nous avons un flot constant d’informations pour améliorer nos appareils, les faire mûrir et assurer leur navigabilité. Nous entretenons en outre une base solide de fournisseurs et sous-traitants, ce qui est une des conditions les plus critiques pour un programme militaire ou parapublic, par nature irrégulier ».

Le drone à voilure tournante va permettre de prolonger la vision des navires au-delà de l’horizon radar habituel qui est d’environ 100 nautiques. © Eric Raz/Airbus Helicopters

Techniquement, le Cabri sort du lot par son rotor tripale, la grand œuvre de Bruno Guimbal, et la clef de voute du comportement de l’appareil : « Un rotor bipale ne permettrait pas des appontages par mer formée. Le tripale offre en revanche la manœuvrabilité recherchée, avec en outre un faible niveau vibratoire pour les systèmes embarqués. Le fenestron apporte en outre une sécurité supplémentaire. Tous ceux qui connaissent le Cabri sont très confiants sur son aptitude unique à l’appontage. Le réussir en automatique reste un défi majeur, mais Airbus Helicopters dispose d’une avance reconnue en matière de pilote automatique ». Des essais conduits le mois dernier ont déjà démontré la bonne stabilité du Cabri évoluant dans le sillage d’une frégate.

Motorisation diesel

Le choix de la motorisation est également un élément essentiel du développement du VSR700. Pour les marins, le choix est vite fait : pour des raisons de sécurité, ils ne veulent pas entendre parler d’essence à bord de leurs navires. Combinant l’usage du kérosène et une faible consommation, le diesel s’impose. Mais on le sait, le diesel sur hélicoptère, c’est comme l’inversion de la courbe du chômage : le rêve de beaucoup…

Bruno Guimbal en pleine action auprès de son appareil. La ténacité paie et la PME aixoise recueille patiemment le fruit des efforts considérables consentis ces dernières années. ©Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

Pendant le salon du Bourget, la maquette du VSR700 portait un autocollant «  Continental Motors ». La mise au point et l’intégration d’un moteur turbo diesel common rail de 2 litres de cylindrée a débuté il y a près de deux ans et se poursuit à l’heure actuelle « avec des résultats très prometteurs » souligne Bruno Guimbal. « Intégrer un moteur aussi perfectionné sur un hélicoptère, ce n’est pas simple… La gestion du carburant est compliquée, le refroidissement est compliqué, l’électronique est compliquée… le filtrage des vibrations, la dynamique, tout est très compliqué… En fait, on a plus vite fait de dire ce qui ne pose pas de problème… » Mais Bruno Guimbal est confiant et enthousiaste : le moteur est au rendez-vous.

Définir les lois de pilotage

L’autre gros morceau dans le développement du VSR700 porte sur le pilote automatique, le système de gestion du véhicule et toute la chaine de vol, l’ensemble étant mené par Airbus Helicopters. L’hélicoptériste travaille depuis plus d’un an sur les lois de pilotage, à la fois sur des simulateurs et sur un Cabri optionnellement piloté.

Olivier Gensse aux commandes du démonstrateur sur lequel se fait le développement des lois de commandes du futur drone. © Jérôme Deulin/Airbus Helicopters

Cet appareil a pris l’air pour la première fois le 15 mai dernier avec Olivier Gensse à bord, comme pilote de sécurité. Légalement, l’appareil vole sous la responsabilité d’Hélicoptères Guimbal avec un équipement de mission à son bord. Il va sans dire que la présence du pilote à bord permet aux experts informaticiens de gagner du temps dans la mise au point des lois de pilotage.

L’appareil sait aujourd’hui décoller, atterrir, tenir le stationnaire et conduire des manœuvres simples. Les boucles de développement sont serrées : étude et mise au point sur le banc d’essais au sol, validation en vol. A mi chemin entre la théorie et la pratique, un large usage est fait également du démonstrateur entravé au sol. L’objectif d’Airbus Helicopters est que le pilote « descende de l’appareil » avant la fin de l’année pour les premiers vols pleinement autonomes.

Objectif certification 2019

Derrière ce laboratoire volant viendront des prototypes dont la fabrication commencera bientôt et qui seront représentatifs de l’appareil final. Ils devraient voler l’année prochaine. La certification de base de l’appareil est attendue pour 2019, avec une entrée en service l’année suivante. A condition toutefois que le financement et les clients soient au rendez-vous.

Au premier plan devant l’appareil, une maquette de ce que pourrait être un lance bouées acoustiques adapté au VSR700. Les besoins exprimés par la marine française se limitent pour l’heure à un radar et une boule optronique.  A l’image des hélicoptères embarqués, le VSR700 pourrait également recevoir un harpon pour faciliter ses opérations d’appontage et son ancrage sur le pont du navire. ©Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

La Marine française devrait mettre en service à l’horizon 2023 ses FTI (Frégate de Taille Intermédiaire) sur lesquelles il est d’ores et déjà prévu d’embarquer un drone, aux côtés d’un hélicoptère traditionnel. Il n’est pas gravé dans le marbre que ce drone sera le VSR700 mais un accord a été conclu entre Airbus Helicopters et Naval Group (ex DCNS, premier chantier naval militaire français) qui développe ces frégates et la DGA s’est nettement positionnée en faveur de l’appareil. L’accord entre Airbus Helicopters et DCNS prévoit en outre que tous les navires militaires futurs pourront être équipés d’un système de drone. « C’est un très large marché qui s’ouvre à nous. Et il peut ouvrir un marché encore plus grand pour les drones hélicoptères à grande endurance et capacité d’emport, parapublics et civils » prédit Bruno Guimbal.

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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  • M. Bruno Guimbal est tout simplement un "héros National" !
    Je ne le connais pas personnellement, et je ne tire aucun bénéfice de cette allégeance.
    J'observe simplement son parcours depuis plusieurs années.

    Cet homme incarne à lui seul ce dont la France manque furieusement, mais qui pourtant avait fait en son temps de la France "ce pays des lumières".
    Il est visionnaire, extrêmement innovant, c'est un entrepreneur qui crée de l'emploi, et donc de la richesse (pour le bonheur des familles concernées), les biens qu'il produit sont exportés, ce qui est extrêmement bénéfique pour la France, ils sont pacifiques, etc ...
    Mais surtout M. Guimbal sait rester humble.

    Finalement c'est tout le contraire des Enarco-technocrates et politiques actuels, totalement incapable de créer des emplois ni de la richesse, davantage affairés à défendre leurs propres privilèges, aux coups de com, au bling bling et aux mesures débiles qui conduisent la France à sa perte depuis bientôt 40 ans !

    " Puisse le peuple Français reconnaitre un jour l'exceptionnelle valeur,
    de ses vrais héros Nationaux" !

  • Je salue avec le plus grand respect, cette flamme entrepreneuriale qui anime Monsieur GUIMBAL et ses équipes, leur permettant jour après jour de représenter notre pays au plus haut niveau économique. Je salue de la même façon, leurs nuits blanches..

    • Je plussoye : une belle vision industrielle, qui si le marché réagit favorablement, semble promettre une belle synergie avec le civil...
      C'est en tous cas ce qu'on peut imaginer, vu du "bar de l'escadrille".
      Le cabri va faire des bonds... technologiques grâce au marché militaire !

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