Après plus de 42 ans de service, l’avion de guerre électronique américain EA6B Prowler est retiré du service. Pendant des décennies, du Vietnam à la Syrie, il a été l’assurance-vie de des aviateurs américains et alliés.
La page est tournée. L’avion de guerre électronique EA-6B Prowler, (EA pour Electronic Attack), quitte la scène opérationnelle en ce mois de mars 2019. Il est désormais appelé à gonfler les rangs des musées aéronautiques. A défaut d’être un canon esthétique, le Prowler fut une véritable réussite technique que bien des pays rêveraient d’avoir aujourd’hui, encore.
Cet appareil hors norme est né pendant la guerre du Vietnam. A l’époque, les Marines et l’US Navy qui étaient confrontés aux redoutables systèmes de missiles anti aériens SA-2 avaient besoin d’un avion pour intercepter, localiser et brouiller les systèmes de communications et les radars vietnamiens de conception soviétique.
L’avionneur de Bethpage, Northrop Grumman, partit d’un avion éprouvé, l’avion d’attaque embarqué biplace A6 Intruder qui était, dans les années 60, le camion à bombes de l’US Navy. Les premiers retours d’expérience mirent en lumière la nécessité de muscler l’avion afin de décupler ses capacités. La cellule fut allongée pour loger trois opérateurs de guerre électronique en plus du pilote, tandis qu’un système de mission dernier cri envahissait tous les recoins de la cellule et de la voilure. Au total ce sont 170 Prowlers qui ont quitté les chaines d’assemblage de Bethpage à destination exclusive des forces américaines.
L’avion a connu tout au long de sa longue carrière chez les Marines et l’US Navy plusieurs programmes de remise à niveau afin de lui conserver une bonne crédibilité face à l’évolution des menaces. Les principaux éléments du système de mission de l’EA-6B ICAP III, la version la plus moderne, comprennent des modules aux performances classées secret défense et qui ont tous un point commun : un nom barbare.
Il y a d’abord le récepteur de communications ALQ 218 situé au sommet de la dérive. Sa fonction est de recevoir tous les signaux en V/UHF, de les localiser et d’en transmettre les paramètres aux opérateurs qui leur affectent une classification (réseaux de commandement, communication régimentaires, communication air-air, navales etc…). Les opérateurs peuvent alors brouiller les plages de fréquences les plus menaçantes avec le système USQ-113.
Pour les menaces radar, le Prowler mettait en œuvre entre deux et trois pods ALQ-99 sous voilure et sous le ventre. Ces pods, très voraces en énergie, sont auto alimentés grâce à une petite hélice reliée à un générateur situé dans le nez de la nacelle. Chacun est optimisé pour brouiller une certaine bande de fréquences en fonction des menaces rencontrées pendant la mission.
Dans la portion inférieure des pods, on trouve des antennes cornet orientables capables de déverser des Kilowatts de puissance sur une fréquence précise ou sur une plage de fréquence élargie. De quoi aveugler momentanément tous les moyens de défense adverses, le temps pour d’autres appareils, chargés de bombes ou de missiles d’accomplir leur mission en toute sécurité. Face à un tel flot d’énergie, l’équipage est protégé sous une verrière épaisse qui contient une fiche couche d’or.
Enfin, si le brouillage ne suffit pas, le Prowler pouvait lancer des missiles antiradar AGM-88 Harm. Des engins supersoniques qui, la plupart du temps, se verrouillent sur le radar du moyen sol-air le plus menaçant afin de le contraindre à s’éteindre sous peine de destruction immédiate.
Pendant la guerre d’Irak au début des années 90 puis en ex-Yougoslavie, à la fin de la même décennie, le Prowler a servi de parapluie électronique pour les avions de la coalition. Il assurait également la protection des raids des avions d’attaque furtifs américains F-117 car deux précautions valent mieux qu’une.
Par la suite les Prowler ont servi en Afghanistan pour collecter des renseignements et brouiller les téléphones portables et les télécommandes des engins explosifs improvisés.
Il aurait également brouillé les forces militaires pakistanaises pendant la mission destinée à neutraliser Oussama Ben Laden….
Reste que cet avion, aux missions top-secret n’était pas exempt de défauts. Outre son âge, l’avion était souvent critiqué pour sa lenteur. Cet avion subsonique, à l’aérodynamique dégradée par ses nacelles et ses réservoirs de carburant consommait entre 3 et 10 tonnes de carburant par heure. Il avait souvent du mal à suivre le rythme des avions de combat qu’il était destiné à protéger.
Enfin, le vieillissement de la cellule, de la voilure et du système, combiné à la volonté de l’US Navy de rationaliser son parc d’appareils ont achevé de pousser le Prowler vers la sortie. L’US Navy mise désormais sur le EA/18G Growler, une version dérivée du Super Hornet de Boeing. L’avion, un biplace, exportable et exporté celui-là, met toujours en œuvre les vieux pods ALQ-99 aux performances désormais un peu justes, le temps de mettre au point les nouveaux pods NGJ (Next Generation Jammer).
Pour le corps des Marines américains qui a fait le choix du tout F-35, la fin du Prowler signifie la fin tout court pour nombres de spécialistes de guerre électronique.
Aerobuzz.fr
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