Le DT46 de Delair offre le choix entre une formule VTOL à décollage vertical ou plus classique à lancement par catapulte. Le DT26 qui l’a précédé est utilisé au combat en Ukraine, face à l’artillerie russe… © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr
La France, comme tous les pays, observe ce qui se joue en Ukraine où les drones se comptent en dizaines de milliers au-dessus de la ligne de front. Avec son « forum innovations drones », le 61ème régiment d’artillerie de Chaumont a récemment réuni industriels et utilisateurs militaires pour faire le point. Aerobuzz a fait le déplacement.
A Chaumont (Haute Marne), un drone Sperwer de Sagem est exposé sur le rond point de la départementale qui mène au 61ème régiment d’artillerie. Le 61ème RA est lui-même installé sur l’ancienne base aérienne qui accueillit des F-84, F-86 et F-100 américains jusqu’au début des années 1960. Devant le bâtiment de commandement, une poignée de drones installés en pots de fleurs rappellent la spécialité renseignement et acquisition d’objectif du régiment.
On retrouve avec plaisir les Sperwer, CL289 et le déjà oublié R20 de Nord Aviation. Premier drone de fabrication française, le R20 était une grosse bête de 1100 kg , poussée à plus de 600km/h par un réacteur Marboré II. Le moteur des premiers Fouga Magister… Il resta en service une douzaine d’années, entre 1964 et 1976.
« Pour sa deuxième édition, le forum a plus que jamais l’ambition de rassembler tous les acteurs des drones, formateurs, utilisateurs et industriels et leur permettre d’échanger sur la conception et l’emploi opérationnel de ces appareils » résume le colonel Le Viavant, chef de corps du 61ème RA. « La guerre en Ukraine montre ce qu’est une capacité de réaction en temps de guerre, mais il faut encourager l’innovation dès le temps de paix« « , a-t-il rappelé. « C’est pour cela qu’une chaine innovation existe, composée entre autres de l’AID (Agence d’Innovation de la Défense). Mais ce sont aussi la facilité réglementaire, les financements, les projet qui aboutissent qui peuvent favoriser l’innovation ».
Il est un fait que sous la pression de l’invasion russe, les Ukrainiens innovent sans cesse et défrichent le terrain. Loin, très loin derrière, l’armée française de temps de paix et du défilé du 14 juillet essaie de ne pas se faire larguer…
Cheville ouvrière des efforts français, la STAT (section technique de l’armée deTerre) organise la veille technologique, accompagne les programmes et joue le rôle d’expert auprès des utilisateurs militaires. « Toutes les innovations remontent vers nous explique son représentant. En coordination avec le CCF (Commandement du Combat Futur), nous évaluons les innovations qui nous sont proposées et nous tranchons : on garde ou on jette… »
L’enjeu n’est pas propre à la France. Pour tous les pays spectateurs de ce qui se joue en Ukraine, il est compliqué de faire le grand écart entre plusieurs contraintes essentielles : la limitation des budgets, l’exigence d’identifier les bonnes technologies et surtout la capacité à changer de tempo industriel du jour au lendemain pour faire voler les appareils en masse. Au-dessus de la ligne de front ukrainienne, les drones se comptent en dizaines de milliers…
L’ambition de l’armée de Terre française est aujourd’hui que chaque unité dispose d’engins adaptés à sa taille et sa mission, avec pour corollaire que ces drones soient techniquement à la page, nombreux, avec des coûts maitrisés. La quadrature du cercle en quelque sorte…
L’armée de Terre distingue trois grands usages, et donc trois grandes familles d’appareils. Le commandement tout d’abord, avec comme représentant le drone Patroller de Safran qui sera mis en service par le 61ème RA. La France a commandé quatorze aéronefs et six « segments sols » (stations de contrôle). Un seul avion a pour l’instant été livré et l’ambition, 9 ans après sa sélection officielle, est de disposer d’un premier système opérationnel (5 avions et deux segments sol) en novembre prochain.
Famille suivante, le drone spécialisé. Contrôlé par un sous-officier spécialiste, ce drone peut être utilisé pour la reconnaissance, la surveillance, le réglage des tirs d’artillerie. Le DT46 de Delair en est le nouveau représentant le plus connu : 35kg, décollage et atterrissage vertical (VTOL) ou bien par catapulte suivant la version, autonomie de 3h30 heures annoncée par son fabriquant en mode VTOL. Le 68ème Régiment d’Artillerie d’Afrique en a déjà reçu un système et il est parti avec en Roumanie en décembre dernier dans le cadre de la mission Aigle. La cible initiale est l’équipement de chaque régiment d’artillerie avec deux systèmes (deux avions, une station sol et éventuellement une catapulte par système).
La troisième famille est celle des « drones du combattant » : le drone d’observation rustique et simple d’emploi ou, bientôt, le drone « kamikaze » que le combattant porte sur lui, en plus de son fusil. Un drone consommable qui n’en exige pas moins une solide formation. Tout le monde ne saura pas piloter un tel engin… Exemple du jetable à la française, le drone Toutatis développé par la PME Aeromapper, aujourd’hui tombée dans le giron de Thales.
Aeromapper réalise le vecteur (formes très simples, emploi de l’impression 3D) Thales apporte la charge militaire et la partie guidage. Une centaine de tirs d’essais inertes ont été réalisés et la première démonstration avec charge militaire est attendue pour cet été. La DGA exposait quant à elle ses démonstrateurs de drones armés, des plus petits MTO-CP (munition télé-opérée à courte portée), projets Fronde et Coyote, au monstrueux hexacopter porteur d’une munition anti-char de type AT4CS.
Avec sa cinquantaine d’exposants et ses tables rondes où il était question d’essaims de drones et d’intelligence artificielle, le forum de Chaumont apportait la démonstration que l’univers du drone militaire est bouillonnant et complexe à embrasser d’un seul coup d’oeil. Les projets sont nombreux et les militaires, soucieux de ne pas rater l’idée du siècle, ratissent large et multiplient les achats en toute petite série. Cinq appareils par là, une dizaine par ici… Toujours cette exigence de tester le plus possible et de réussir à trier le bon grain de l’ivraie.
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Toujours la même question en filigrane : à quand la fin des avions pilotés, je pense bien entendu au Rafale.
Coût : formation, entrainement, simulateurs, cockpit (instruments et commandes de vol-coût et poids), siège éjectable (coût et poids) et vie du pilote !
J'oublie les locaux, caserne, salle de briefing, cantine, médical, loisir, salaires, car il y aura des pilotes de drone. Jusqu'au jour où l'IA fera tout le job ...
Gain de vie humaine, videos sur la ligne de front alimentant les chaines TV et les reportages spectacles : la guerre dans son fauteuil, au coeur de la ligne de front ! ça existe déjà, les films des soldats et des drones partent pour le grand public, disponibles pour peu que l'on les recherche. par ex sur Youtube ...
Avec en feu d'artifice la guerre spatiale, duels entre les drones-satellites.