L’Ecole du personnel navigant d’essais et de réception (EPNER) utilise depuis quelques jours, et pour un mois au total, un Velis Electro pour la formation de ses stagiaires. Une première expérimentation concluante qui fait entrer l’élite des navigants dans l’ère de l’aviation électrique.
C’est au sein de l’EPNER que sont formés aux techniques d’essais en vol les équipages d’essais. Et quand on parle d’équipage on entend non seulement les pilotes, mais aussi les ingénieurs navigants, les mécaniciens navigants et contrôleurs d’essais. Cette formation doit permettre non seulement de capitaliser sur les essais du passé, mais également de préparer les essais de demain en anticipant les technologies futures.
« La présence du Velis Electro chez nous répond à cette logique » explique le lieutenant-colonel Dimitri Drobysz, directeur de l’école. « Il était essentiel que nous nous saisissions du sujet de l’aviation électrique et que nos stagiaires soient sensibilisés aux spécifications du vol et de la certification de ces appareils. Plus généralement, il nous faudra être prêts dans le futur à appuyer les autorités de certification au niveau national et européen ».
De manière très classique, l’EPNER procède avec le Velis Electro comme avec tout autre aéronef testé dans ses rangs, avec un volet théorique et un autre pratique.
« Nous avons bâti un cours théorique d’environ trois heures en nous basant sur la documentation technique et sur le dossier de certification. Et nous avons ensuite construit le programme du vol, avec l’étude de différents points spécifiques : effets de couple, endurance, décrochage motorisé etc. Une des particularités de l’avion électrique est qu’il ne s’allège pas en cours de vol : sa masse est la même du décollage à l’atterrissage, sa consommation reste constante mais dans le même temps le déchargement de la batterie n’est pas linéaire. Il y a donc de nombreux sujets de réflexion à proposer à nos stagiaires. A l’issue de leur vol, nous leur demandons d’évaluer l’appareil au regard de la mission école à laquelle il est destiné. Que pensent-ils de l’avion, quels éléments pourraient-ils être améliorés pour le rendre encore meilleur etc. »
Le Velis Electro F-HGAU est loué pour une durée d’un mois et 20 heures de vol chez Fly Provence, qui en possède trois. Le marché signé entre la DGA et la société basée à Aix-les-Milles comprend également le lâcher de deux pilotes instructeurs de l’EPNER (dont son directeur) au terme de trois vols de conversion. Le 22 mai 2023, un pilote et un mécanicien sont allés chercher l’appareil à Aix. Le pilote est revenu en vol, le mécanicien ramenant en voiture le chargeur de l’avion (une cinquantaine de kilos, de la taille d’une grosse valise).
Profitant d’un temps idéal, l’EPNER a immédiatement débuté les opérations, avec deux ou trois vols chaque jour et un temps de charge de 1h15 à 1h30 entre deux. « L’avion est extrêmement simple à mettre en oeuvre » résume le lieutenant-colonel Drobysz. « Le plus long est d’ouvrir la porte du hangar. Ensuite on pousse l’avion (430kg) à la main, on monte dedans et on démarre. Les deux ou trois vérifications de la visite pré-vol ne sont pas plus compliquées que sur un planeur. L’appareil présente toutefois des contraintes dont il faut avoir conscience : il est limité en exploitation à 35°C de température ambiante et la formule aérodynamique très légère le limite à 15 noeuds de vent de travers. Les techniques d’essais en vol que nous appliquons exigent en outre un air plutôt laminaire, si bien que l’on privilégie les vols tôt le matin ».
Une mission dure de 45 à 50 minutes, soit de 20 à 25 minutes en zone d’essais pour tester les qualités de vol, maniabilité, manoeuvrabilité et décrochages. Le temps restant est consacré aux tours de piste, ce qui n’est jamais un exercice anodin à Istres. Car comment insérer un avion léger électrique dans le circuit d’une piste longue de 3,7 kilomètres, avec des ravitailleurs qui tournent sans cesse et des aéronefs en essais ici ou là ? Une réflexion a été menée avec les contrôleurs de la base pour adapter le circuit et mettre en place des procédures de déconfliction.
« Cette location est pour nous un galop d’essai » conclut le directeur de l’EPNER. « Au bout d’une semaine de vol, je suis très enthousiaste, et tous ceux qui ont eu l’occasion d’essayer l’avion le sont également. En ce début juin, nos stagiaires sont pourtant au coeur de leur quinzaine en or, avec les vols de prise en main qui se multiplient : un jour sur Canadair, le lendemain sur A400M, sur PC-6 ou sur KC-135FR. Mais je peux témoigner qu’à la descente du Velis Electro, ils ont tous les yeux qui brillent ! Tout le monde est très curieux face à cet appareil, ce qui veut dire que nous sommes dans le vrai avec cette expérimentation. L’expérience sera donc très certainement renouvelée ! »
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