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Défense

Les « Remote Carriers » font irruption dans le ciel militaire

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Frédéric Lert

Les armées misent désormais sur les « remote carriers », véhicules autonomes et connectés, pour aider les avions de combat dans leurs missions. Le salon du Bourget a permis de lever partiellement le voile sur les études en cours chez Airbus et MBDA.

Attention, mot nouveau ! les années 1980-2000 ont été celles des missiles de croisière, les deux décennies suivantes ont vu fleurir les drones. Vivrait-on à présent le temps des « remote carrier », véhicule porteur ou drone cargo en français ? Toujours est-il que le mot et le concept sont omniprésents dans le programme SCAF, des maquettes de remote carriers ayant été révélées en même temps que celle du New Generation Fighter le 17 juin dernier, premier jour du salon du Bourget.

Un aéronef intelligent

Comment définir le remote carrier ? « Il s’agit d’un appareil non habité, connecté, capable de couvrir un large périmètre de missions » explique Sébastien Palaprat, ancien pilote de chasse et ingénieur de MBDA. Face à un très haut niveau de menace, le remote carrier pourra jouer le rôle de « loyal wingman » (ailier autonome), de bombardier, de capteur déporté, en prenant des risques au profit de aéronefs qui opèreront à distance de sécurité.

Deux concepts de remote carriers de tailles très différentes étaient présentés avec le NGF au Bourget. Le plus imposant était signé Airbus, le plus petit MBDA. Le partage des responsabilités s’est fait de manière on ne peut plus logique entre les deux industriels : Airbus qui construit des avions, propose un véritable aéronef de plusieurs centaines de kilogrammes, équipé d’une soute, avec sans doute une bonne dose de furtivité. Un tel engin serait sans doute récupérable mais de quelle manière ? Train d’atterrissage, patins, parachutes, ou encore une combinaison de tout ça  ? Rien d’acté pour l’instant. Entre 2006 et 2012, le groupe européen s’est fait les dents avec le Barracuda, un drone de 3,2 tonnes  au décollage, dont on voit aujourd’hui qu’il préfigurait le concept de remote carrier.

MBDA entend développer une famille complète d’engins, spécialisés, dotés de charges utiles spécialisées pour répondre aux différentes missions. © MBDA

Objets volants connectés

MBDA, leader européen du missile, s’implique dans les remote carriers de plus petite dimension et présentait sur le salon deux engins distincts, les RC100 et RC200, de respectivement 100 et 200 kg. « Ces engins seront conçus pour pénétrer des défenses anti-aériennes très denses, ils partageront l’enveloppe et/ou le système de propulsion de missiles » explique Sébastien Palaprat. « La charge militaire classique serait alors remplacée une charge utile, guerre électronique, interception électronique, capteurs de reconnaissance…, avec la capacité de relayer et de partager les informations recueillies, de faire face à des situations mouvantes grâce à leur très haut niveau de connectivité ». Avec le RC100, MBDA vise également une capacité de saturation à bas coût des défenses ennemies. Plus gros, le RC200 disposera d’une plus grande autonomie et offrira une certaine capacité de permanence au-dessus d’une cible.

Une réflexion qui débute

Si tous les acteurs du programme SCAF semblent aujourd’hui convaincus que les remote carriers feront partie des panoplies militaires à venir, personne n’a encore la réponse sur leurs caractéristiques exactes. Combien, de quelle taille, avec quelles charges utiles ? Les remote carriers ne font d’ailleurs pas encore formellement l’objet d’un programme. « Il y a des études sur le SCAF souligne Sébastien Palaprat, et la question des remote carriers est évoquée au sein de ces études. La réflexion porte sur la définition des architectures, avec l’idée d’intégrer les premiers appareils sur les plateformes existantes, le temps de développer les technologies, de les faire mûrir et de les intégrer in fine avec les prochaines générations de chasseurs »

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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