L’hélicoptère mythique, maitre étalon de transport lourd, célèbre en septembre 2021 les soixante ans de son premier vol. Initialement développé par la société Vertol, le Chinook a été fabriqué et commercialisé sous la marque Boeing dès le début de sa carrière.
Derrière le concept du rotor en tandem se trouve un ingénieur d’exception, Franck Piasecki, dont les premiers hélicoptères avec cette formule « banane », la formule plait au public, volent en 1945. Franck Piasecki quitte la société en 1955 et celle-ci est renommée Vertol l’année suivante. Quatre ans plus tard, on est en 1960, Vertol est rachetée par Boeing. C’est bien vu, parce que l’avionneur rachète au passage un programme prometteur destiné à donner un remplaçant au Sikorsky CH-37 Mojave.
Le Mojave est alors l’hélicoptère lourd au service de l’US Army, avec une silhouette particulière due à l’accrochage de ses deux moteurs à pistons de part et d’autre de la cabine. Vertol propose son prototype YCH-1A, biturbine équipé de deux rotors surmontant une cabine à laquelle on accède par une rampe arrière.
Le dessin est très novateur mais l’US Army fait la moue : l’appareil proposé est trop gros pour les missions d’assaut, et il ne l’est pas assez pour le transport lourd. Les Marines sautent sur l’occasion et font du YCH-1A leur CH-46 Sea Knight. Entretemps Boeing-Vertol se remet au travail et pond le YCH-2 qui vole pour la première fois le 21 septembre 1961. Plus gros, plus lourd, plus puissant : le Chinook est né.
Rebaptisé CH-47A par l’US Army, l’appareil entre en service en 1962 et on le retrouve au Vietnam trois ans plus tard. Passer du Mojave au Chinook, c’est comme troquer le Dakota pour le Transall.
Le Chinook apporte une soute de 48m3, trois crochets pour le transport sous élingue et une vitesse de 300km/h qui en fait le plus rapide hélicoptère du moment ! Un camion de déménagement plus rapide qu’une Porsche, on aura tout vu… Sur les 750 appareils engagés au Vietnam, près de 200 sont perdus !
Autres temps autres moeurs… On vous la fait rapide : depuis 1961, le Chinook a été construit à plus de 1.200 exemplaires, en service dans une vingtaine de pays. En Europe, il vole en Espagne, en Italie, en Hollande, en Grande-Bretagne. La France, qui serait pourtant le pays affichant le plus fort besoin pour un appareil de ce type, n’en a jamais eu. Le principal défaut du CH-47 est de ne pas être construit à Marignane…
En soixante ans d’existence, le Chinook a succédé au Chinook et l’appareil a épuisé une bonne partie de l’alphabet au gré des modernisations et des versions. Depuis le CH-47A des débuts aux CH-47F et MH-47G (forces spéciales) commercialisés aujourd’hui, sa masse maximale au décollage est passée de 15 à plus de 22 tonnes (l’équivalent de deux NH90).
Tout a une fin pourtant : Boeing ne construit plus maintenant que 18 appareils par an dans son usine de Philadelphie et la fin de production est souvent évoquée et la fin de production est souvent évoquée malgré le développement d’un block 2 offrant un niveau de performances encore en hausse. Les exportations se font rares, la faute à un prix élevé et à un marché saturé, tandis que le principal utilisateur de l’appareil, l’US Army, n’en finit pas de s’interroger sur son besoin et sur le possible rétrofit de sa flotte actuelle au standard « block 2 ». Une chose est certaine : des Chinook brasseront l’air au-delà de 2060 et Aerobuzz sera (peut-être) encore là pour vous en parler…
Frédéric Lert
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