Le crépuscule du MQ-1 Predator (au premier plan) laisse la voie libre au MQ-9 Reaper (au second plan). Après un premier emploi à grande échelle au cours de la guerre du Vietnam, le drone a fait son retour en forces dans l’arsenal américain grâce au Predator. Le mouvement semble à présent irréversible… © US Air Force
Après un peu plus de vingt ans de service, l’US Air Force s’est séparée de ses derniers drones MQ-1 Predator. Un chapitre se clot, mais l’histoire du drone armé ne fait que commencer !
L’appareil est la création d’un ingénieur israélien naturalisé américain, Abraham Karem. Né à Bagdad, élevé à Jérusalem, l’ingénieur émigre aux Etats Unis en 1977. Il va y batir sa réputation en développant des appareils de surveillance téléopérés offrant une réelle capacité opérationnelle.
Abraham Karem devant son prototype de GNAT qui aura finalement donné naissance à la famille la plus prolifique des drones de surveillance. © DR
L’objectif de Karem est de donner à ses appareils une autonomie d’un à deux jours, tout en sécurisant au maximum leur exploitation pour les rendre économiquement intéressant. Karem voit juste, mais, faisons court, il se fait court-circuiter par le Pentagone et les poids-lourds du secteur. Ne parvenant pas à vendre ses appareils, il cède ses travaux à Hugues Aircraft qui les revend ensuite à General Atomics. Et c’est là que tout commence…
L’étrange architecture du Predator est ici bien mise en évidence, avec l’envergure d’un planeur, la petite taille de son hélice associée à un moteur Rotax et les gouvernes de profondeur pointant vers le bas, avec une garde au sol minimale ! © US Air Force
L’appareil, ex Gnat 750 devenu « Predator », débute sa carrière opérationnelle en 1995 sous les couleurs de la CIA. La multinationale de la barbouzerie utilise alors les appareils, basés en Albanie, pour surveiller la situation en Bosnie. L’US Air Force s’intéresse ensuite à l’appareil qui sont alors utilisés au cours de l’opération Allied Force au-dessus du Kosovo.
Le Predator symbolise alors le virage technologique pris par les Etats-Unis dans ces guerres des Balkans, sur fond d’enfumages médiatiques à tous les coins de rues. Les attentats du 11 septembre 2001 donnent un nouveau coup d’accélérateur à cette histoire épique. Pour châtier les terroristes saoudiens, les Etats-Unis envahissent l’Afghanistan et le Predator reçoit en cadeau deux missiles Hellfire sous les ailes.
Dans le cockpit de contrôle d’un drone armé. La multiplication des écrans ne permet pas toujours d’apprécier la réalité d’une situation au sol ou en vol… © US Air Force
La boucle sensor-shooter est réduite à son minimum : je te surveille H24 et dès que je te vois, je te tue ! Tout ça en direct depuis un cockpit climatisé installé sur la base de Creech, dans le Nevada, à moins d’une heure de route des casinos de Las Vegas.
Entre CIA et US Air Force, les Predator sont engagés activement au fil des ans dans au moins une bonne dizaine de pays : ex Yougoslavie, Afghanistan, Pakistan, Irak, mais aussi Libye, Yemen, Somalie, Syrie, Philippines… Sans compter aussi sans doute quelques déploiements clandestins rendus possibles par la facilité de transport de l’appareil dans la soute d’un avion cargo…
L’USAF a reçu un total de 268 MQ-1 Predator et la montée en puissance de son segment « drone de combat » a été constante ces quinze dernières années : Creech Air Force Base accueille pas moins d’une douzaine d’escadrons de combat équipés de drones ! En 2001, ils réalisaient un peu plus de 10.000 heures de vol.
La barre du premier million d’heures de vol a été passée en 2011. Depuis, ils ajoutent un nouveau million tous les trois ans. Les trois millions d’heures de vol ont été franchies en 2016 et les quatre millions seront atteints l’an prochain.
Un symbole du conflit afghan : un Predator se prépare à atterrir alors qu’un AV-8B des Marines attend son tour pour décoller. La simplicité et la complexité de l’outil aérien rassemblées sur une même image… © US Air Force
La cérémonie du 9 mars 2018 sur la base de Creech a donc clôt un chapitre mais l’histoire du drone, et particulièrement du drone armé, ne fait que commencer. Il reste une centaine de Predator encore en état de vol et une partie rejoindra les musées, une autre sera stockée (sait on jamais) tandis que d’autres pourraient rejoindre différentes agences gouvernementales.
Les derniers Predator n’ont été livrés qu’en 2011 et disposent encore sans doute d’un bon potentiel. Peut-être l’US Army, qui utilise encore l’appareil sous la désignation MQ-1C Grey Eagle, pourrait-elle en faire bon usage ?
Le témoin est maintenant passé au MQ-9 Reaper, plus puissant (le Rotax du Predator a été remplacé par une turbine), mieux équipé, plus rapide et plus nombreux : l’US Air Force envisage d’en mettre pas moins de 346 en service ! La France est fière d’en aligner 6 à ce jour.
Frédéric Lert
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On en apprend tous les jours... Moi aussi je ne savais pas qu'il y avait eu des drones pendant la guerre US au Vietnam.
Pour Gramsch
http://www.avionslegendaires.net/avion-militaire/ryan-aqm-34-lightning-bug-bqm-34-firebee/
Bonjour à tous
L'emploi des drones au Vietnam et dans la région (Laos, Chine...) est un sujet passionnant et magnifiquement traité dans le livre "Lightning bugs and other reconnaissance drones" de William Wagner. Disponible d'occasion sur les sites de vente en ligne... Un éclairage remarquable sur les 3435 sorties opérationnelles conduites par le 100th SRW...
Frédéric Lert
Eh oui ! .. au viet nam ... avec le RYAN FIREBEE ...
Evoquer le conflit au Vietnam comme référence pour un outil de renseignement...?
Pourquoi pas...
N'y-a-t-il pas une erreur?
Drônes aux Vietnam????