Le ministère de la Défense vient de conclure avec l’américain Atac, filiale de Textron, la vente de la totalité de sa flotte de Mirage F1 actuellement stockée sur la base aérienne 279 de Châteaudun. A partir de 2018, ces 63 appareils sont appelés à voler comme plastron pendant 10 à 15 ans face aux F-16, F/A-18, F-22 et F-35 de l’US Navy, de l’US Marine Corps et de l’US Air Force. Une bonne opération pour l’Etat français mais aussi pour la filière industrielle de défense française, voire européenne.
L’armée de l’air en viendrait presque à regretter d’avoir généreusement distribué aux associations de collectionneurs ses Mirage F1 réformés. Sur les 85 que comptait la flotte en 2014, lors du retrait du service de l’avion, 63 seulement ont pu être rachetés par Atac. Le contrat englobe également quelques six millions de pièces détachées représentant un volume de près de 10.000 mètres cube.
La bonne opération pour la France
C’est une première pour la France, à cette échelle. C’est aussi une bonne opération financière. Non seulement parce que le ministère de la Défense va récupérer le produit de la vente des 63 Mirage F1 et des pièces de rechange, mais aussi, et peut-être surtout, parce qu’il ne va pas devoir payer la facture du démantèlement de ces avions qui recèlent des radionucléides et de l’amiante.
C’est aussi une bonne opération pour l’industrie de défense française qui récupère la révision et la modernisation des F1 avant leur remise en vol. Il y aura ensuite le support technique à assurer pendant la durée de la seconde carrière des avions, estimée de 10 à 15 ans. Sur cette période, les F1 sont appelés à effectuer 200 à 250 heures de vol par an.
La remise en état de vol des F1 est confiée à SABCA, la filiale belge de Dassault Aviation.
Même si cela n’est pas officiel, on peut imaginer que Safran sera concerné pour la partie moteur et Thales pour la partie radar notamment. Tout cela reste à confirmer.
Un tour de force logistique
Ce qui est sûr est que le déménagement des 63 F1 de Châteaudun devra être terminé avant le 1er novembre 2017. Cette lourde tâche logistique a été confiée à la société française Sofema qui doit également s’occuper de rassembler les pièces détachées stockées sur une dizaine de sites à travers la France. Au passage il lui faut dresser l’inventaire de ses 6 millions de pièces.
Les diverses associations qui ont récupéré des Mirage F1 ces derniers mois sont les mieux placées pour imaginer le tour de force que représente ce déménagement dans un délai aussi court.
Au service des forces aériennes américaines
Les Mirage F1 français vont jouer le rôle de plastron pour l’entrainement des pilotes de combat américains. Si l’US Navy et le Marine Corps ont externalisé cette fonction depuis une vingtaine d’années, en revanche l’US Air Force n’a pas encore franchi le pas. Elle s’apprête à le faire massivement. Un appel d’offre est en cours pour l’achat de 37.000 heures de vol chaque année, sur les dix ans à venir.
Evidemment, les Mirage F1 ne pourront pas répondre seuls à une telle demande. C’est en fait une véritable armada que mettent en œuvre divers prestataires de services aux premiers rangs desquels figure Atac, filiale de Textron. Par rapport à la plupart des avions utilisés pour cette mission actuellement, le Mirage F1 s’avère plus performant avec notamment une capacité Mach 2.
Le F1 sera en effet un adversaire de bon niveau pour les pilotes de F-16, F-18, F-22 et même F-35. Pour l’US Air Force, le choix de faire appel à ce type d’avions, permet d’économiser le potentiel de ses propres avions, de réduire la facture et de ne pas gaspiller les heures de vol de ses propres pilotes. Avec une flotte de F1 aussi importante, il est aussi possible d’imaginer des scénarios dans lesquels un pilote de F-22 ou de F-35 doive faire face simultanément à plusieurs adversaires.
Entrée en service dès 2018
Les premiers Mirage F1 doivent être opérationnels aux USA, en 2018. C’est donc une course de vitesse qui est engagée par tous les acteurs européens du dossier. SABCA doit aussi établir un plan de maintenance adapté à l’utilisation future. Elle doit aussi moderniser l’électronique avec du matériel français.
A l’annonce de ce contrat, la côte des Mirage F1 encore en activité à travers le monde a fait un bond. Dassault a en effet largement exporté son chasseur. Il existe en Jordanie, au Koweit, en Espagne, en Afrique du Sud, en Equateur, etc plusieurs micro-flottes encore en vol avec du potentiel. Les F1 français dans leurs version « CT », « CR » et « B » se sont révélés en opérations extérieures être des plates-formes fiables, performantes, aisées à entretenir en terme d’électronique et de systèmes. Autant d’atouts pour aborder avec succès cette seconde carrière inattendue.
Gil Roy
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Belle photo du 2/33 Savoie où j'ai servi de 1986 à 1988 (en échange Aéronavale - Armée de l'air). Il manque une info dans l'article : où adresser le dossier de candidature pour reprendre du service et piloter ces "plastrons" ? :)
Ces avions seront donc bien entretenus, et dans une vingtaine d’années certains seront rachetés par des collectionneurs privés, comme cela est courant aux USA (ex : quelques F104 ou Phantoms). Nous pourront donc les admirer en vol lors des meetings les plus importants, mais il faudra aller là-bas, car en France plus aucun ne volera …
On s'éloigne du sujet messieurs....
Je suis surpris de n'entendre parler que d'ATAC....alors qu'il me semblait que Drakken était aussi sur les rangs....?
Et je le rajoute comme référence dans l'article sur le F1 du wiki ;)
Pouquoi les avoir retires alors qu'ils avaient encore du potentiel ?
L’armée de l’Air travaille tout de même mieux avec le Rafale. Mais il n’est pas faux de dire que le Skyraider était également un remarquable avion qui rendrait bien des services aujourd’hui dans le Sahel et pour pas cher…
Dans le Sahel, les pilotes regrettent le Jaguar ou un avion équivalent.
L'info était déjà disponible hier sur La Tribune:
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/vente-de-63-mirage-f1-francais-a-l-atac-743632.html
Et j’ai envie d’ajouter que le journalisme ne se résume pas à une course de vitesse. Wikipedia nous apprend en outre que La Tribune fonctionne aujourd’hui avec 50 journalistes et que le titre, quand il existait encore sous forme papier, avait reçu 2,53 millions d’Euros de subventions de l’état entre 2003 et 2010. Fermez le ban.
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