Deux jours après avoir quitté la vieille Europe, et après une escale dense en Alaska, une partie de l’armada française met le cap sur le Japon. L’accueil réservé aux français atteste d’une volonté très forte de coopération entre la France et le Japon, dans un contexte international tendu dans le Pacifique.
Deux Rafale de la 30ème escadre de chasse, deux MRTT et deux A400M quittent l’Alaska et mettent vigoureusement le cap à l’ouest. Les logisticiens se sont arraché les cheveux pour optimiser la répartition du fret dans les différents avions : le Japon ne représente qu’une courte étape et il faudra éviter d’avoir à tout déballer pour récupérer une clef de 12…
Après le pays du soleil levant, une partie de la caravane partira vers l’Australie rejoindre l’exercice Pitch Black tandis qu’une autre partie prendra un cap direct vers l’Indonésie. La mission Pégase est un jeu de plateau qui se joue à l’échelle mondiale, chaque pièce étant déplacée en anticipant les coups suivants.
Sept heures après avoir quitté Fairbanks, le premier Phénix se pose au Japon, sous un soleil brûlant et dans une atmosphère saturée d’humidité, pratiquement à l’heure à laquelle il a décollé.
Espagnols et Allemands qui participaient également à Arctic Defender suivent le même parcours, avec quelques nuances. Douze Typhoon ont eux aussi quitté Eielson AFB avec leurs avions de support, direction cette fois la base de Chitose, dans le nord de l’archipel. La venue au Japon d’avions de combat espagnols est une grande première. Pour les Allemands, c’est une deuxième visite après un premier déploiement organisé en 2022.
Les Français sont attendus quant à eux à Hyakuri, 85 kilomètres au nord de Tokyo. Les F-4 Phantom II qui y étaient stationnés jusqu’en 2019 sont à présent remplacés par des Mitsubishi F-2. La venue des avions français s’est largement diffusée parmi les spotters japonais qui ont essaimé sur tout le périmètre de la base. Une célèbre enclave, propriété privée, offre une vue imprenable sur la piste et les taxiways moyennant une poignée de Yens. L’espace de quelques heures, les abords de la base se transforment en salon de l’escabeau.
Atterrissage, roulage, arrivée au parking et frein de parc serré. A l’extérieur, le comité d’accueil japonais se met en place, drapeaux aux vent. Chaque unité présente sur la base participe à la haie d’honneur, c’est une tradition. Dans l’avion, on se prépare à la descente dans l’ordre protocolaire et on met la dernière main aux cadeaux qui seront échangés, un classique des escales diplomatiques. La situation tendue dans le pacifique fait bouger les lignes et le Japon traditionnellement proche des Américains apprécie les passages des français. D’exceptionnels, ceux ci pourraient devenir réguliers.
« Il y a une volonté très forte de coopération entre la France et le Japon souligne le général Thomas, le premier à descendre de l’avion. L’an dernier, nous avons posé des Rafale dans le pays pour la première fois en présence du général Mille, notre chef d’état-major, et de son homologue japonais. Cette année, le général Philippe Adam, commandant du commandement de l’espace, représente le CEMAA sur cette séquence. Il y a une vraie volonté de nos deux pays de monter en gamme dans notre coopération, et particulièrement dans le domaine spatial ».
Les liens se tissent progressivement, et parfois de manière discrète. Des observateurs japonais étaient présents en France en mars dernier pour suivre l’exercice Volfa. Il était également prévu ces dernières semaines que les forces d’auto-défense japonaises se posent en Nouvelle-Calédonie avec des avions de transport. Les émeutes dans le territoire ont fait capoter le plan. Les Japonais ont annulé leur venue sur le mode « on ne veut pas déranger, on vous laisse régler vos problèmes et on reviendra plus tard… »
Après quelques minutes, l’Airbus s’est vidé de ses passagers et les mécaniciens qui voyageaient à bord rejoignent un hangar, pendant que les chefs participent à une conférence de presse face aux médias japonais. Pendant ce temps, le deuxième Phénix, les deux Rafale et deux A400M se rapprochent à leur tour de l’archipel nippon.
Des F-2 japonais ont décollé pour les escorter sur les derniers nautiques. L’armada a un peu de retard mais finit par arriver. Les spotters qui sèchent le long des grillages sont aux anges.
Arrivés sur le parking, les deux Rafale ont droit à une arche de bienvenue des pompiers avant de se garer face à la petite foule d’officiels. Les M88 aussitôt coupés, un podium est amené et les contingents des deux pays se mettent en place. C’est l’heure des discours, sous un soleil qui ne faiblit pas.
On rappelle que le premier aéroplane ayant volé au Japon était un Farman. C’était en 1911. Chaque officiel y va de son couplet. Les discours sont brefs mais ils sont nombreux et l’exercice tourne au supplice. Poignées de mains, échanges de cadeaux, et fin de la séquence officielle. Les militaires japonais se rapprochent des Rafale, tournent autour des avions, pointent du doigt, photographient encore et encore, parfois de très près. Que pensent ils de l’avion ?
Un peu plus loin, quelques expatriés français, représentants de l’ambassade et de grandes sociétés, se font présenter le Phénix. La presse japonaise est aussi venue en force, cornaquée par des officiers de presse armés de mégaphones de poche. Le japonais est discipliné et l’instinct grégaire domine.
La journée s’écoule dans une atmosphère de journée portes ouvertes sans public. Certains militaires japonais tentent leur chance pour obtenir ou échanger des patch. Les négociations débutent et quelques insignes changent de main. Les mécanos les plus débrouillards reviendront à Mont-de-Marsan avec de jolis souvenirs…
Toute la flotte française repart le lendemain matin, un samedi. C’est le week-end, mais les Japonais se sont remis en place avec leurs drapeaux. La haie d’honneur est cette fois pour les passagers qui remontent dans les Airbus. Tout le monde attend à présent la mise en route des Rafale, qui seront les premiers à décoller.
Une poignée de pistards aident à l’installation des pilotes et navigateurs dans les chasseurs. Dans les Phénix, les passagers sont collés aux hublots et suivent la scène de loin. Lancement des APU, fermeture des verrières, mise en route des réacteurs M88… Et puis, quelques minutes plus tard, la verrière d’un Rafale est rouverte.
Mauvais signe…
Les pistards s’agitent, grimpent vers le poste. On devine des échanges avec l’équipage du Rafale. Nouvelle fermeture, deuxième essai. Et de nouveau les moteurs sont coupés, la verrière rouverte.
Les spécialistes présents dans l’Airbus conjecturent. Après quelques minutes d’incertitude, le verdict tombe : une intervention mécanique rapide est demandée, un retard d’une heure ou deux est à prévoir. Rien de grave dans l’absolu, sauf que la mission doit conduire les avions d’un coup d’aile vers l’Australie, avec trois ravitaillements en vol. Or le dernier, à l’issue de plusieurs heures de vol, ne peut pas avoir lieu de nuit, c’est la règle pendant un convoyage.
Dès lors, le retro-planning exige un décollage en début d’après-midi, faute de quoi il faudra repousser le décollage au lendemain. Et donc prévoir une nuit supplémentaire sur place pour une centaine de personnes. Pas simple… La marge de manoeuvre est étroite.
En attendant, tous les passagers redescendent des Airbus et trouvent refuge dans des locaux climatisés, vite rejoints par les deux équipages des Rafale, en nage dans leurs combinaisons étanches. Les deux chasseurs sont tractés dans un hangar, à l’ombre.
Le deuxième essai en début d’après-midi sera le bon. Toute la caravane pourra se remettre en route qui vers l’Indonésie, qui vers l’Australie. Place à Pitch Black.
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