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Défense

Mission Pégase 2024 (5/5) – Darwin, terminus, tout le monde descend…

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Frédéric Lert

La capitale australienne des Territoires du Nord, doit son nom au naturaliste anglais du 19ème siècle, Charles Darwin. Le principe de lutte pour la vie, struggle for life, qu’il a contribué à populariser dans ses écrits, trouve un singulier écho dans l’exercice Pitch Black auquel participent trois Rafale, un Airbus MRTT et un A400M des forces aériennes françaises. Le combat aérien est une affaire de survie…

Après avoir suivi différents cheminements, après avoir connu une grande variété d’escales et participé en cours de route à plusieurs exercices, les détachements venus d’Europe et de d’Asie se sont donc tous retrouvés sur la base de Darwin, face à la mer de Timor.

La ville australienne est entrée dans l’histoire pour avoir été durement bombardée par des Japonais parvenus au sommet de leur expansionnisme, en février 1942. 80 ans plus tard, Darwin demeure en première ligne face à la nouvelle puissance émergente, la Chine.

Vue aérienne de Darwin et de son aéroport, au second plan. La ville australienne est un avant-poste tourné vers l’archipel indonésien et, au-delà, toute l’Asie du sud. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

La Royal Australian Air Force (RAAF) a construit à Darwin une base aérienne très étendue, qui a la particularité de rester en sommeil au moins la moitié de l’année. Elle n’est alors peuplée que de 500 militaires appartenant à des unités de soutien auxquelles s’ajoute une présence semi permanente de Marines américains. Les Etats-Unis financent d’ailleurs une partie des infrastructures. Et puis, une ou deux fois par an, la base se réveille et ses effectifs gonflent brusquement à la faveur d’exercices comme Pitch Black, Diamond Storm ou encore Talisman Sabre.

Pour le Pitch Black 2024, qui se termine à l’heure où paraissent ces lignes, pas moins de 4.500 militaires en provenance d’une vingtaine de pays se sont retrouvés en terre australienne.  Une bonne part de ces militaires étaient logée dans un très confortable camp de préfabriqués, sorti de terre lors de la pandémie de COVID 19. Malgré sa taille, la base aérienne fut quant à elle un peu trop étroite pour recevoir tous les avions et certains appareils élirent domicile sur le terrain de Tindal (environ 250km plus au sud), ou même à Amberley, port d’attache des Airbus MRTT de la RAAF.

La première participation de la France à Pitch Black remonte à 2004. Cette année là, des Mirages 2000-5 étaient venus de france épaulés par des Boeing C-135F de ravitaillement en vol. Le tour du monde en Rafale, c’est quand même plus simple… © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

Vingt ans tout juste après une participation de Mirage 2000-5, l’armée de l’Air et de l’Espace a participé à Pitch Black 2024 avec trois Rafale, un Airbus MRTT et un A400M. Pitch Black est un exercice du haut du spectre, comme disent les militaires, avec pour objectif l’entrainement à « l’entrée en premier ». Comprendre l’attaque directe d’un adversaire techniquement évolué.

Au-delà des scénarios mettant en jeu simultanément plusieurs dizaines d’avions de combat, de ravitailleurs et d’appareils de soutien électronique, Pitch Black est également l’occasion de rassembler des équipages en provenance de nombreux pays de la zone Indo-Pacifique. De l’Inde aux Etats-Unis en passant par le Japon, la Thaïlande, Singapour et quelques autres, cette grand messe rassemblait cette année environ 140 avions, pour certains bien connus mais pour d’autres bien exotiques à l’image des Sukhoi indiens ou des Gripen thaïlandais !

L’Europe, présente en force avec cinq pays participants, fournissait à elle seule un tiers des avions engagés ! Un beau score qui devait beaucoup à la participation italienne, centrée autour de son porte-aéronefs Cavour et de ses AV-8B, F-35 et autres Typhoon. En ajoutant le Gulfstream E550 de guerre électronique et un KC767 de ravitaillement en vol, 21 avions italiens avaient fait le déplacement depuis l’Europe. Ils ne furent malheureusement que 20 à prendre le chemin du retour après la perte en vol pendant l’exercice d’un Typhoon (pilote éjecté et sauf).

Les AV-8B de la marine italienne étaient venus en bateau, à bord du porte-aéronefs Cavour. Peut-être une de leurs dernières sorties internationales… © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

Après un passage rapide par la Nouvelle Calédonie, la Polynésie et une escale en Nouvelle Zélande, le contingent français a pris le chemin du retour vers l’Europe en deux temps. Premier mouvement, un groupe de deux Rafale, un A400M et un A330 MRTT sont partis vers l’ouest en multipliant les escales « valorisées » en Indonésie, aux Philippines, au Qatar et en Egypte.

Saab Gripen thailandais de l’escadron 701 au roulage devant un A400M français. La Thaïlande a fait un effort de participation notable avec la présence de 5 avions, dont un biplace. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

Trois ou quatre jours de présence dans chaque pays, avec à chaque fois l’opportunité de s’engager dans des entrainements communs avec les forces aériennes locales. Le retour en France de ce premier groupe est prévu le 8 août prochain. Un deuxième échelon devrait quitter l’Australie dans les heures qui viennent, cette fois dans le cadre du dispositif Pacific Skies mis en place avec les Allemands et les Espagnols. Les avions feront escale en Malaise puis en Inde où ils participeront à l’exercice Tarang Shakti. Leur périple se clôturera par une escale de quatre jours aux Émirats Arabes Unis avant le retour en Europe prévu le 15 août. Ce sera alors la fin d’une mission extrêmement ambitieuse, longue de près de huit semaines et plusieurs dizaines de milliers de kilomètres parcourus. Une épopée !

Mardi 10 septembre 2024, à midi.

Retour en direct sur la mission Pégase 2024.

Le général Guillaume Thomas qui dirige la mission Pégase 2024 est l’invité de Frédéric Lert, sur le plateau de JumpSeat. Ensemble et en direct, ils reviendront sur cet exercice XXL. Vous pourrez leur poser vos questions ! Dès à présent, activez la notification pour être prévenu du démarrage du direct.

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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