Mon cher Père Noël, cher camarade,

Pour Frédéric Lert, le spécialiste « Défense » de la rédaction d’Aerobuzz.fr, le Père Noël est Eric Trappier. C’est en effet au PDG de Dassault Aviation qu’il a envoyé sa lettre…

Parce que j’ai été un pigiste sage cette année, parce que cela fait deux mois qu’il pleut à Bordeaux et que j’ai besoin d’un peu de soleil, tu m’obligerais grave en glissant un beau cadeau dans ma charentaise au pied du sapin le 25 décembre prochain. Quelque chose de simple, léger, peu encombrant, qui ne soit pas fragile et marche sans électricité. Une invitation par exemple. Un carton signé Eric Trappier, qui commencerait par « Vous êtes cordialement invité le 4 juillet prochain à 11h sur la base aérienne d’Istres… ». Et qui se terminerait par « … à la présentation publique du Super Rafale ».

38 ans jour pour jour après le premier vol du Rafale A, quel beau symbole ce serait !

Je ne parle pas d’une maquette ou d’une animation 3D, mais d’un vrai avion, bien campé sur son train d’atterrissage, le museau pointu et la croupe musclée, prêt à prendre son envol.

Pour la première fois depuis la mort du génial Marcel, la société Dassault ferait donc voler le démonstrateur d’un nouvel avion de combat piloté. Il était temps ! Porté par le succès du Rafale à l’exportation, adossé à un plan de charge confortable et assis sur des coffres bien remplis, l’avionneur aurait donc décidé de renouer avec une politique industrielle volontariste qui avait fait sa grandeur dans les années 1960 et 1970. Avec un mot d’ordre reçu fort et clair par le bureau d’études  : imaginez, tentez, essayez, comprenez, faites voler ! Je veux bien imaginer que l’on aurait même entendu à Saint Cloud cette phrase étonnante : « n’hésitez pas à regarder ce qui se passe chez les autres, prenez bonne note de leurs meilleures idées… »

Le 4 juillet prochain, les invités feraient donc face à un bimoteur qui ne cacherait pas sa filiation avec le Rafale, mais un Rafale qui serait tombé dans la marmite. Un avion plus long d’environ deux mètres, avec une envergure augmentée dans les mêmes proportions et une magnifique soute logée entre les deux réacteurs de 10 tonnes de poussée unitaire.

Après le Rafale, à l’étroit dans son costume de premier communiant, le Super Rafale verrait large et se donnerait les moyens de grandir. A l’arrière, pour la première fois chez Dassault, la dérive centrale aurait été remplacées par deux courtes dérives monoblocs. Et les canards auraient disparu, abattus en plein ciel de gloire par les exigences d’une furtivité poussée.

Confronté aux difficultés du programme de NGF initié avec les Allemands, Eric Trappier avait évoqué un possible plan B devant les sénateurs en 2021. Depuis, c’est le silence radio. En matière de haute technologie militaire, quand un sujet disparait des ondes, c’est souvent parce que quelque chose se prépare en coulisse, avec ou sans la complicité du Père Noêl…