Moscou recycle sans état d’âme ses vieux aéronefs militaires

Pour Moscou aussi le changement c’est maintenant ! Rompant avec des décennies d’inaction, les forces aériennes russes vont procéder au ferraillage systématique de tous les avions hors d’age ou hors d’usage situés sur des bases actives ou fermées depuis la fin de la guerre froide.

Le ministre de la défense russe a pris sa décision : désormais le spectacle des bases aériennes russes jonchées d’épaves d’aéronefs obsolètes ou hors d’usage appartient au passé. Un appel d’offres a été émis vers plusieurs industriels spécialistes du ferraillage et de la réparation aéronautique pour procéder à la destruction d’un premier lot de 400 appareils. Selon nos confrères russes des « Izvestya », aucun type d’avions ou d’hélicoptères ne sera épargné.

Parmi cette liste de condamnés à la guillotine figure par exemple le premier exemplaire de bombardier stratégique à géométrie variable TU-160 Blackjack basé à Joukovskyi près de Moscou. Un avion qualifié de « légendaire » en Russie car il fut en 1984 le premier véritable bombardier supersonique à long rayon d’action du pays.
Il sera suivi de peu par le premier exemplaire de bombardier TU-22M de la série « zéro » assemblée à Kazan dans les années 70. Ses neuf congénères le suivront quelques jours plus tard.

Les avions dits « spéciaux » sont aussi concernés. Ainsi les versions spéciales du bimoteur AN-26 dédiées à la calibration des aides à l’atterrissage ou encore les AN-26RT spécialisés dans l’interception et l’écoute des signaux radar et des communications occidentales, tous basés à Tchita, seront également « recyclés ». Exit aussi une grande partie du parc de quadrimoteurs de transport AN-12 et même l’increvable biplan AN-2, le tracteur volant ! Tous promis à l’abattoir !

Cependant le gros des travaux concernera les avions retirés du service depuis les années 80 et 90 tels que les MIG-21 et MIG-23, les chasseurs bombardiers SU-24 et les avions d’entrainement L29 et L39. Les premières séries d’hélicoptères d’attaque MI-24 « crocodile » et MI-6 seront également réduites à l’état de morceaux de métal. En tout ce nettoyage de printemps concernera 283 avions et 139 hélicoptères. Il sera alors temps de s’intéresser aux appareils plus modernes encore en service tels que les SU-27, MiG-29 et TU-22M3 qui auront épuisé sous peu leur potentiel.

Cette décision présente plusieurs avantages pour le ministère de la défense russe.
Il s’agit d’abord de faire place nette pour permettre l’arrivée de nouveaux matériels.
Ainsi à terme les SU-27 et MiG29 seront remplacés par des Sukhoi PAK FA T50 et SU-35.
Les SU-24M seront remplacés par exemple par des SU-34. Le YAK-130 constituera l’ossature des bases école et l’hélicoptère de combat MI-35 remplacera le MI-24.

Il n’en demeure pas moins que la logique n’est plus valable pour les bombardiers stratégiques et les avions spéciaux. En effet, Moscou ne dispose d’aucun remplaçant pour les TU-160, TU-95 et TU-22M3. De même les AN1, AN2 et AN26 et leurs versions spéciales attendent leur relève depuis quinze ans !.

Les nostalgiques de la grande Russie soviétique pourront se consoler en se disant que le ferraillage de ces aéronefs déclassés va rapporter beaucoup au pays.
Ainsi à titre d’exemple, selon nos confrères des « Izvestya », le démantèlement d’un seul hélicoptère MI-8 Hip permet de récupérer 1,1 tonnes de métaux divers, et 2T de métaux de valeur, 16 grammes d’argent, 810 grammes d’or, 3 grammes de platine. Dans le cas d’un bombardier TU-22M3, ce sont 10 tonnes de métaux divers, 31T d’aluminium, 700 grammes d’or, 160 grammes de platine et… 15 kilos d’argent .

La rédaction