Next Generation Bomber : un symbole de superpuissance américaine

Dans le courant des années vingt devrait entrer en service le nouveau bombardier stratégique américain provisoirement appelé, officieusement, Next Generation Bomber, NGB. Il complètera la puissance de feu du B-2, avant de le remplacer.

Il est pratiquement impossible d’en dire quoi que ce soit de concret, le programme Next Generation Bomber, ou NGB, étant hautement et totalement classifié. Il faut entendre par là que le Pentagone, l’Air Force et les industriels sont totalement muets sur le sujet, qu’aucune information de filtre. Tout au plus les Etats-Unis ont-ils intérêt à confirmer que le NGB va bel et bien devenir réalité, confirmant si nécessaire leur statut de super puissance. Eux seuls, en effet, sont à même de mener à bien un tel programme, grâce à leur maîtrise des technologies de pointe et leur capacité à mobiliser des budgets qui ne sont à la portée de personne d’autre au monde.

L’expérience budgétaire malheureuse du B-2 est dans toutes les mémoires et tout sera fait pour éviter une autre dérive incontrôlable. Aussi semble-t-il acquis que le prix unitaire « fly away » du NGB sera plafonné, quoi qu’il arrive, à 550 millions de dollars. Mais, bien entendu, il est exclu de trouver les moyens de confirmer cette information. De même, on comprend que la série portera sur 100 exemplaires.

Deux concurrents sont en lice, Northrop Grumman et le tandem Boeing/Lockheed Martin, sachant qu’aucun autre industriel ne dispose de la puissance d’étude nécessaire pour gérer la maîtrise d’œuvre industrielle d’une opération de cette ampleur. Ils devraient bientôt recevoir un appel d’offres, ce que laisse entendre William LaPlante, directeur des achats de l’USAF. Mais, comme le fait remarquer avec malice Aviation Week, même la date de sortie de l’appel d’offres est couverte par le secret militaire.

De telles circonstances mettent à l’épreuve l’imagination des experts de tout bord. Ainsi, on se demande quel est cet appareil mystérieux photographié il y a quelques mois, et qui pourrait être un démonstrateur ou un prototype du NGB, un véritable « black program ». Il volait sans doute à 10 ou 15.000 mètres d’altitude, le document est très flou mais permet d’entrevoir une silhouette de type aile volante. S’il s’agit bien de la préfiguration du NGB, l’appel d’offres ne serait qu’une mise en scène et la perspective d’une entrée en service dans une dizaine d’années plus vraisemblable que s’il s’agissait de partir de rien. Mais là encore, tout n’est que supputations.

Pour l’industrie américaine, et plus précisément pour le futur maître d’œuvre, l’enjeu est considérable, compte tenu de la raréfaction des programmes de défense nouveaux de grande ampleur. Le Pentagone tend à prolonger la production de valeurs sûres, comme en témoigne, ces jours-ci, le soixantième anniversaire du Lockheed Martin C-130 Hercules. D’autant que le F-35 Joint Strike Fighter, démesurément ambitieux, tend à assécher les budgets.

Pierre Sparaco