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Défense

Nouvelle Calédonie : indispensable armée de l’Air et de l’Espace

Published by
Frédéric Lert

L’armée de l’Air et de l’Espace apporte un soutien logistique essentiel aux opérations de maintien de l’ordre en Nouvelle Calédonie. En première ligne, les A400M d’Orléans, les Airbus A330 MRTT « Phénix » d’Istres, et surtout leurs équipages !

Depuis le 15 mai 2024, les Phénix ont réalisé quinze missions vers Nouméa et les A400M en sont à huit. Plus de 200 tonnes de fret et 1.600 gendarmes et autres militaires ont été transportés vers l’archipel du Pacifique. On trouve dans ce total quatre escadrons de gendarmerie mobile, plus d’une centaine de militaires du GIGN, des policiers et donc plus récemment des militaires qui seront affectés à la protection des aéroports et du port maritime. Un Puma de l’ALAT et un Ecureuil de la Gendarmerie ont également été envoyés depuis la métropole dans la soute de deux A400M

Les vols se font en empruntant la voie ouest qui fait survoler le Groenland et le Canada avant d’entamer la grande traversée du Pacifique. Plus de 16000 km à parcourir au total, avec des escales à Vancouver (côte ouest du Canada) et Honolulu (Hawai). L’observation des sites de suivi  du trafic aérien en ligne montre que la plupart des vols retour se font avec une escale à Brisbane, sur la côte est de l’Australie, où les avions se ravitaillent en carburant avant de repartir pour la grande traversée. Le kérosène est toujours une denrée rare en Nouvelle Calédonie.

Cette opération est l’occasion de mettre une fois de plus en lumière le rôle essentiel joué par les nouveaux appareils de transport et de ravitaillement de l’armée de l’Air et de l’Espace, le Phénix et l’A400M. La mise en service de ces deux avions, qui sont d’ailleurs des habitués du Pacifique au travers des missions Pégase, a totalement renouvelé les capacités logistiques de la France. Un bémol toutefois : la projection d’une quinzaine de véhicules blindés s’est encore faite via l’affrètement d’Antonov 124…

Embarquement de gendarmes dans une Airbus MRTT. Depuis le retrait des Airbus A310 et A340, les A330 ont pris le relai en matière de transport stratégique. © EMA

Pour mémoire, la 31ème Escadre Aérienne de Ravitaillement en vol et de Transport Stratégique dispose aujourd’hui une flotte relativement homogène et moderne composée de douze A330 MRTT et de trois A330 acquis d’occasion uniquement équipés pour le transport de passager mais qui seront transformés en MRTT dans les années à venir.  Trois KC-135RG achetés d’occasion aux Etats-Unis restent également en service jusqu’à l’année prochaine. Du côté d’Orléans, la 61ème escadre de transport dispose quant à elle de 23 A400M. Elle en aura 25 d’ici 2025 et 35 à l’horizon 2030.

Coïncidence, l’effort en direction de la Nouvelle Calédonie a également coïncidé avec l’inauguration et la mise en service de la nouvelle escale sur la BA 125 d’Istres. Un très beau bâtiment, à proximité immédiate du parking des Airbus capable de recevoir 100.000 passagers par an. Ceux qui se désolaient que ce « hub » des opérations arrive après la bataille et la fin de l’opération Barkhane sont à présent rassurés : il y aura toujours du boulot pour les logisticiens. 

On parle de pont aérien pour cette opération. L’idée est bien là, même si les hautes cadences associées à un pont aérien ne sont pas là. Mais toujours est-il que pour la France, l’effort est colossal. Les sites de suivi du trafic aérien en ligne ont montré jusqu’à trois Airbus MRTT (un quart de la flotte) engagés simultanément ! Pendant que l’un partait de France en suivant la route ouest, un autre était posé à Nouméa tandis que le troisième prenait le chemin du retour vers la France en faisant un crochet par Brisbane, Australie.

L’A400M donne des ailes à la logistique des armées et permet de réduire le recours aux affrètements d’avion cargo civil. L’emploi des Antonov 124 reste toutefois le bienvenu quand il s’agit de transporter des véhicules blindés vers le Pacifique ! © EMA

Les Airbus montrent une excellente disponibilité et la principale difficulté pour la 31ème EARTS n’est peut-être pas de fournir les avions : il a « suffit » pour cela de réduire les rotations en direction des Opex ou des exercices et déploiements divers au Moyen-Orient ou vers l’Europe de l’Est. Les accords de partage au sein de l’EATC (European Air Transport Command) aura permis de compenser cette baisse de régime sur les liaisons moins prioritaires. Tout en gardant toujours en réserve les appareils nécessaires à la permanence de la dissuasion nucléaire…

Le point dur se situe sans doute au niveau de la disponibilité des équipages, un aller simple vers Nouméa exigeant à minima deux équipages complets. Il faut ensuite gérer les décalages horaires, les temps de repos etc. Sans doute les activités de formation ont été également été ralenties par cette mobilisation inhabituelle.

Un mot également sur la situation sur place : le ministère des armées note pour l’armée de l’Air  et de l’Espace la présence permanente en Nouvelle Calédonie de trois hélicoptères Puma et deux Casa 235. A quoi s’ajoutent deux Falcon 200 Gardian de la flottille 25F de la marine, un hélicoptère Dauphin embarqué sur une frégate de surveillance et un ou deux Ecureuil de la Gendarmerie. Ces moyens sont principalement regroupés sur la base aérienne 186 lieutenant Paul Klein de La Tontouta, dans la zone militaire de l’aéroport civil, lui-même installé à une cinquantaine de kilomètres de Nouméa. C’est l’ouverture de cette route qui fait la une des médias ces jours ci, et c’est cette distance qui a rendu difficile l’évacuation de ressortissants étrangers par la voie des airs.

Pour une fois ce ne sont pas les Français qui évacuent des européens d’un pays d’Afrique, mais des C-130J australiens et néo zélandais qui sont venus chercher leurs ressortissants sur un territoire français. Triste. Le week-end dernier, les A330 MRTT  de l’armée de l’Air et de l’Espace ont également participé à l’évacuation de français métropolitains et d’étrangers.

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Plutôt que la France, pour l’instant, mettre la Métropole 🤣. Et en bas pas deux fois l’Australie pour les C130 ! Amitsa

    • Merci Michel ! Au moins il y en a un qui suit... Et un jour on aura de quoi se payer un secrétariat de rédaction...

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