L’avion turc abattu par la Syrie au large de ses côtes est en fait un RF4 Phantom II de reconnaissance. Mission de reconnaissance au large des côtes ou mission d’espionnage à l’intérieur de l’espace aérien syrien ? Eléments de réponse.
La Syrie et la Turquie sont entrées dans une logique dangereuse depuis vendredi dernier. C’est en effet le 22 juin 2012 que les forces aériennes turques indiquaient qu’un avion de type F4 avait semble t-il été abattu au large de la Syrie par les forces de défense syriennes. Pendant que les recherches pour rechercher les deux membres d’équipage se poursuivent la tension grimpe entre les deux pays.
Ankara ne décolère pas, évoquant un acte hostile au plus haut point justifiant des sanctions économiques et une réunion de l’Otan. Damas de son côté reconnaît avoir abattu l’appareil ce jour-là, précisant que les responsables de la défense aérienne avaient détecté un appareil évoluant à grande vitesse et basse altitude à l’intérieur de l’espace aérien syrien, évoquant une énième provocation des avions de combat turcs. Pour bien comprendre les faits, il faut de s’intéresser à l’appareil turc. Il ne s’agissait pas vraiment d’un F4 Phantom II mais d’un RF4E Phantom II, la version de reconnaissance du célèbre biréacteur supersonique américain.
Vers la fin des années 60, les forces américaines embourbées dans la guerre du Vietnam souhaitaient un appareil de reconnaissance tactique capable de voler vite et loin pour prendre des clichés photo et radar de sites intéressants en zone hostile.
C’est en prenant pour base la cellule du F4E que les ingénieurs américains réussirent leur pari. Ce pari du chasseur de reconnaissance a également fait des émules en France puisque Dassault à adopté une approche similaire lors de l’étude du Mirage IIIRD et du mirage F1CR.
Le RF4E, construit à plus de 150 exemplaires depuis les années 70 est rapide, plus de 2.000 km/h en vitesse de pointe en altitude pour 1.200 km/h en vol tactique. Son nez est truffé de caméras longue portée en tous genres. Il peut même mettre en œuvre une nacelle de reconnaissance radar pour prendre des vues par mauvais temps.
Revers de la médaille, il est peu ou pas armé, peu maniable et très vulnérable de par sa mission qui l’oblige à s’approcher au plus près des sites défendus adverses.
L’avion turc abattu par la Syrie était t-il en mission de reconnaissance au large des côtes syriennes ou en mission d’espionnage à l’intérieur de l’espace aérien syrien ? Syriens et turcs ne sont pas d’accord. A moins que, comme l’affirment certains analystes russes, que la vraie mission du RF4 n’était pas, comme le prétend Ankara, de tester un système radar turc, mais bel et bien les défenses aériennes syriennes. Dans le jargon des militaires on parle pudiquement d’établissement de l’ordre de bataille électronique…
Un jeu dangereux qui consiste à simuler une pénétration à basse altitude à grande vitesse pour forcer les défenses aériennes visées à activer leurs radars et à dévoiler leurs fréquences de guerre et leur mode d’opération. Des informations aussitôt enregistrées et analysées par d’autres moyens désignés Sigint présents à proximité…
Autant d’informations vitales lorsqu’on veut être capable de brouiller des moyens de défense déployés par un adversaire potentiel.
Et des moyens de défense, Damas n’en manque pas, à commencer par les SA-10 et SA-11 deux systèmes d’origine russe, modernes et qui forment un bouclier quasi impénétrable pour tout ce qui vole dans un rayon de 100 km. Ces systèmes utilisent un ensemble complexe et moderne de radars de veille et d’acquisition couplé à des missiles largement supersoniques (on parle de vitesses dépassant les 6.000 km/h). Des moyens de défense modernes et quasi imparables pour un RF4E même évoluant en vol tactique et équipé d’un pod de contre mesures vieillissant.
Ces systèmes sol-air russes, véritables best sellers à l’export sont à la pointe de la technologie. Ils constituent un véritable rempart pour quiconque voudrait s’aventurer dans leur domaine de tir.
Et rares sont les pays à pouvoir le faire. Seul exemple connu d’un tel miracle, Israel dont les avions de type F16 et F15 ont attaqué le 6 septembre 2007 un chantier de centrale nucléaire syrien sans que la défense aérienne ne réagisse. Les experts estiment que l’état hébreu a utilisé en accompagnement du raid d’attaque un avion spécial de type Gulfstream équipé par IAI capable de brouiller les défenses adverses. Comment ? Là est toute la question : soit en injectant de fausses informations à distance, on parle alors de guerre de l’information, soit en utilisant une technique de brouillage originale. De la sorcellerie désignée guerre électronique et dont les sorciers sont connus pour leur mutisme absolu.
Ankara peut de son côté se rassurer, car ses forces aériennes composées de F16 modernes bien armés et d’avions de surveillance Wedgetail, sont de loin supérieures à tout ce que peut lui opposer sont voisin en crise.
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Pourquoi le RF4 Phantom II turc s’est-il aventuré du côté de la Syrie ?
Je m'avance sans doute un peu (et même beaucoup), mais en plus d'un test des défenses, cette mission pourrait être une provocation / un sacrifice (avec l'espoir que l'avion se fasse abattre) ayant pour but de légitimer ainsi une intervention armée, jusqu'à présent refusée par la Russie et la Chine.
Pourquoi le RF4 Phantom II turc s’est-il aventuré du côté de la Syrie ?
Esperons que cet évenement ne conduise pas la Turquie et la Syrie dans une crise diplomatique grave !!!
Pourquoi le RF4 Phantom II turc s’est-il aventuré du côté de la Syrie ?
ça m'évoque le vol kal 007...