Le CDAOA, Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes, est le bras armé de l’armée de l’Air : il est non seulement responsable de la veille permanente de l’espace aérien national, mais aussi de la planification, de la conduite et du suivi des opérations aériennes partout dans le monde. Le bilan chiffré de son activité en 2018 donne la mesure des engagements de l’armée de l’Air sur un grande variété de fronts.
Pour tirer le bilan de 2018, le CDAOA a édité une plaquette qui a été présentée jeudi dernier (14 mars 2019) au cours du traditionnel point presse du ministère des armées. Première surprise, le raid Hamilton est rappelé en couverture de cette plaquette. Qu’une mission parmi plusieurs milliers d’autres soit ainsi mise en avant souligne le caractère exceptionnel et toute l’importance que l’armée de l’Air lui accorde : « … la brillante démonstration d’un savoir-faire que peu de nations peuvent revendiquer » revendique l’armée de l’Air.
Numéro 2 du CDAOA, le général Vincent Cousin rappelait au cours du point presse que le préparation de cette mission avait également inclus un large volet spatial depuis le ciblage jusqu’à l’estimation des résultats, en passant même par la « météo solaire » (c’est à dire l’analyse du vent solaire dont les particules peuvent perturber l’activité électromagnétique sur terre) pour s’assurer de la bonne qualité des transmissions cette nuit là.
Le raid Hamilton s’est inscrit dans un ensemble d’opérations conduites simultanément en France, au Levant et dans le Sahel dans les 48 heures avant, pendant et après la mission « Nos avions basés à Al Dhafra ont protégé une frégate américaine dans le Golfe persique a précisé le général Cousin, d’autres Rafale bombardaient Daesh (l’Etat Islamique) en Syrie et des Mirage 2000 décollaient de Niamey pour une mission opérationnelle. En France, la PO (permanence opérationnelle) décollait pour assister un avion de tourisme ».
Voici maintenant les chiffres données par le CDAOA sur l’année écoulée : pour l’opération Chammal au Levant, c’est un total de 922 sorties pour les chasseurs, 4.470 heures de vol et 132 munitions tirées. A cela s’ajoutent 20 missions pour les Awacs et 41 pour les ravitailleurs. Pour l’opération Barkhane dans le Sahel, ce sont 1.650 sorties, 5.471 heures de vol et 64 munitions tirées pour les chasseurs. Deux fois plus de vol mais deux fois moins de tirs que pour Chammal : les avions basés à Niamey ou N’Djamena réalisent beaucoup de missions de surveillance et de sécurisation au profit des troupes françaises au sol.
Une réalité confirmée par l’emploi intensif des drones sur ce théâtre avec 9.190 heures de vol en 1.407 missions pour les Reaper. Le CDAOA a également compté 361 mission de ravitaillement en vol et 5.762 tonnes de fret acheminées par les avions de l’armée de l’Air.
Sur le territoire national, le bilan en matière de surveillance de l’espace aérien fait apparaître 298 situations anormales et 88 décollages sur alerte pour les avions de combat assurant la « permanence opérationnelle ». 35 de ces décollages étaient consécutifs à une perte de liaison radio. Les hélicoptères assurant des missions similaires ont décollé quant à eux 61 fois sur alerte.
Le général Cousin a évoqué une intervention récente et emblématique : le décollage de la PO d’Orange en janvier dernier pour venir contrôler un vol Paris-Tunis, avec à bord un passage agressif qui avait frappé un steward et tentait de pénétrer dans le cockpit. Le bilan 2018 fait également apparaitre sept missions d’assistance d’aéronefs en situation de détresse, l’exemple le plus classique étant l’avion en VFR coincé au dessus de la couche et qu’il faut ramener au sol. Autre chiffre, celui des ouvertures de terrains militaires : il y en a eu 91, contribuant ainsi à 98 transplantations. Et enfin 62 opérations de sauvetage en mer ou à terre, avec 28 personnes secourues, ont été comptabilisées l’an dernier.
Le CDAOA s’attend d’ici 2035 a un doublement du trafic aérien et à l’explosion de l’activité des drones, avec des évolutions techniques à venir sans doute très rapides. Ce sont deux défis qui sont bien placés sur la feuille de route de l’armée de l’air. Celle-ci, acteur essentiel de la lutte contre les drones, va recevoir en 2019 les premiers systèmes MILAD (Moyen interarmées de lutte anti-drone) capables de détecter, de caractériser et de neutraliser (par brouillage) ces appareils. C’est une nouvelle mission qui vient s’ajouter à toutes les précédentes…
Frédéric Lert
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Merci Monsieur Lert pour ces chiffres et ces infos 'insider' toujours passionnantes.
Serait-il possible de se procurer la plaquette du CDAOA que vous mentionnez ? (si toutefois elle peut être rendue "publique", vous avez mon adresse mail)
Je serais notamment intéressé par les détails sur les sorties PO chasse (repartition Rafale/M2000, les BA concernees, le ratio avions SEP/liners, etc).
Merci par avance.
Pour finir, une mini coquille en milieu d'article :
"Pour l’opération Barkhane dans le Sahel, se sont 1.650 sorties"
Bonjour,
Je vous invite pour cela à vous rapprocher du Sirpa Air. Toutefois vous ne trouverez pas les chiffres évoqués dans la plaquette qui ne descend pas à ce niveau de détail... Cordialement. Frédéric
Bonjour,
Le document en question (j'imagine qu'il s'agit de celui-ci) a été publié par l'Armée de l'Air, accessible ici :
https://fr.calameo.com/books/0000143342b6f883e06be
Cordialement
Merci de me dire pourquoi mon commentaire n'a pas été publié ?
Nous n'en trouvons pas trace