Le bombardier à long rayon d'action B-21 Raider doit effectuer son premier vol vers 2020 pour une entrée en service au sein de l'US Air Force dix ans plus tard. © Northrop-Grumman
Le prochain avion plaqué or de l’US Air Force s’appellera donc « Raider ». Il ne faut pas y voir un hommage à cette barre chocolatée constituée d’un biscuit en son centre, recouvert de caramel et enrobé de chocolat au lait, et depuis quelques années rebaptisée « Twix ». Cherchez plutôt du côté de Doolittle, le nom du futur bombardier stratégique à long rayon d’action (LRS-B).
« Raider », c’est une référence directe au surnom donné aux équipages des B-25 qui allèrent bombarder le Japon sous la conduite du lieutenant-colonel Doolitlle, en décollant de l’USS Hornet, le 18 avril 1942. Le nom a été choisi très officiellement par le général Dave Goldfein, chef d’état major de l’US Air Force, parmi 2.100 propositions. On ne s’étonnera pas que les suggestions comme « Megadebt », « Bankruptor » ou même « Zorro » aient été très rapidement écartées…
Mais revenons à nos Raiders. Si le vol de Doolittle et de ses équipiers eut un effet militaire négligeable, il permit toutefois de redonner le moral à la population américaine. L’atterrissage des « Raiders » en Chine, à l’issue de leur vol historique, déclencha en revanche une répression aveugle des troupes d’occupations japonaises qui se lancèrent à leurs trousses. Avec à la clef plusieurs dizaines de milliers de morts chinois sur les traces des aviateurs américains exfiltrés en hâte…
Ces considérations n’ont sans doute pas été prises en compte par l’USAF qui a préféré s’en tenir à l’image d’un raid audacieux et d’une excellente opération de communication. Et effectivement, l’idée de communication est bien celle qui est aujourd’hui la plus présente dans l’affaire du futur bombardier stratégique. En prenant en compte le développement et les prototypes, la valeur globale du programme est parfois estimée à 80 milliards de dollars pour, in fine, la fabrication de cent appareils.
Le B-2, première aile volante opérationnelle, champion de la furtivité et objet volant construit en série le plus coûteux de l’histoire. Ici en formation avec un KC-10 et quelques autres jouets américains. © US Air Force
En fait, personne ne sait encore combien ces avions signés Northrop-Grumman coûteront aux contribuables américains. Si le B-21 poursuit sur la lancée des F-14, F-15, F-22, F-35 et autres B-1 et B-2, l’addition promet d’être chargée en sel. L’US Air Force ne souhaite pas donner de chiffres sur les premiers contrats de développement, sous le prétexte qu’ils pourraient donner des indications précieuses sur l’avion, ses capacités essentielles comme son autonomie et sa capacité d’emport.
Le B-1B, en formation avec un EA-18G Growler de la Navy. Quatre réacteurs, 200 tonnes de métal et de carburant pour larguer des JDAM sur des mobylettes. © US Air Force
Le sénateur John McCain, célèbre pourfendeur du pipeautage du complexe militaro-industriel américain s’est fendu d’un communiqué pour expliquer que cet argument n’avait pas de sens, dès lors que l’enveloppe globale du programme était connue, tout comme le sont les formes générales de l’avion et la liste des principaux donneurs d’ordres. Il y a deux étapes majeures dans un programme d’armement explique quant à lui un fin connaisseur du Pentagone : la première est celle pendant laquelle il est trop tôt pour donner des chiffres. Et la seconde est celle pendant laquelle il est trop tard pour revenir en arrière…
La triade des bombardiers américains : B-52H, B-1B et B-2A. Les trois mousquetaires seront donc bientôt quatre… © US Air Force
L’autre question posée par le B-21 est son emploi. Le bombardier de Northrop Grumman donnera une descendance à la grande familles des bombardiers stratégiques qui fait vivre l’US Air Force depuis près de 80 ans, depuis les premiers vols du B-17. Le bombardement stratégique et la supériorité aérienne sont les mamelles de l’USAF comme aurait chanté Boby Lapointe. C’est gros, c’est lourd, c’est cher et tout le monde est content avec ces avions : les industriels qui facturent tant qu’ils peuvent et l’establishment militaire qui pourra aligner les missions au bout du monde, puis pantoufler chez les premiers quand l’heure de la retraite aura sonné. Et c’est ainsi que le cycle contrat juteux – reclassements profitables continuera…
Le premier vol du « Raider » devrait prendre place autour de 2020, avec une première capacité opérationnelle quelques années plus tard. Il se dit que l’avion aura dans un premier temps une seule capacité conventionnelle. Puis viendra vers 2030 la capacité de larguer ou tirer des armements nucléaires.
Deux B-52H au roulage après leur atterrissage à Al Udeid, au Moyen Orient. Soixante ans après son premier vol, le B-52 est toujours le bombardier le plus nombreux dans l’arsenal américain. © US Air Force
Le B-52 avait été conçu à une époque où le missile balistique n’était qu’un rêve. Le B-2 à 1,5 milliards de dollars pièce était lui taillé pour franchir les rideaux de missiles soviétiques et arriver à Moscou indétecté. Peut-être s’agissait-il aussi d’entrainer les soviétiques dans une nouvelle course à l’imitation qui les aurait épuisés. Mais aujourd’hui, quelle justification peut-on trouver à des bombardiers furtifs hors de prix ? Les utilisera-t-on pour vaporiser des pick up dans le désert ou viser Pékin ? Ou bien s’agit-il simplement pour les Etats-Unis de perpétuer un schéma hérité du passé et porté par un psychopathe historique comme le général Curtiss Le May, tout en affichant à la face du monde un savoir faire qu’elle est aujourd’hui la seule au monde à maîtriser ?
Frédéric Lert
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Super Frédéric ! on va pouvoir demander des subsides au fabricant des Twix...!