La Patrouille de France s’envole d’ici quelques jours pour les Emirats arabes unis où elle va participer au Dubaï Airshow (17-21 novembre 2019). Une ultime présentation en forme de « rappel » qui arrive au terme d’une année riche en événements.
Alors que la période des meetings 2019 s’achève sur plus de quarante présentations en vol en France et à l’étranger, un grand nombre de défilés et passages et une représentation marquante hors de nos frontières à l’occasion de l’European Tour, la Patrouille de France 2019 commence progressivement sa mutation vers la saison prochaine. La routine pourrait-on dire pour notre formation nationale ? Et pourtant !
Une année chasse l’autre et aucune d’entre-elles ne se ressemblent. Si l’institution et la mission restent identiques depuis sa mise sur les fonts baptismaux, les hommes qui la composent et la font vivre en sont l’âme et chaque leader va donner, une année durant, le meilleur de lui-même pour que « sa » patrouille, fusse t’elle éphémère dans une histoire de presque sept décennies, reste dans les mémoires.
Mais que peut-on encore écrire à propos de la Patrouille de France qui n’ait pas déjà été dévoilé ? C’est une question que l’on peut se poser lorsque l’on connait le nombre important d’ouvrages édités et d’articles publiés, qui le plus souvent lèvent le voile sur le fonctionnement de la Grande Dame, même dans ses recoins les plus retranchés. Et pourtant, il reste tellement à découvrir.
L’entrainement de la nouvelle équipe commence tôt, dès le début du mois de novembre, alors que se termine à peine la saison précédente. Si l’équipe restante après le départ des 3 pilotes sortants (le leader et deux équipiers parmi les plus anciens) prend quelques vacances, les 3 nouveaux pilotes, adoubés par l’équipe au cours de la saison précédente, vont commencer rapidement les vols en patrouille… Il n’y a pas de temps à perdre…
Le mois de mai qui marque le début de la saison suivante sera bientôt là et même si ces trois « Schtroumpfs » disposent d’une importante expérience de chef de patrouille de chasse dans leurs escadrons respectifs, le pilotage au sein de la PAF est totalement différent « j’ai quasiment dû réapprendre à piloter lorsque je suis arrivé à la PAF, avec une très grande précision et surtout à utiliser essentiellement le trim qui amène plus de fluidité au pilotage plutôt que les actions sur le manche… » explique l’un des pilotes « il faudra revenir sans doute à une pratique plus conventionnelle lorsque nous retournerons en unité… ».
Ces 3 pilotes entrants vont alors multiplier les vols « en double » pendant 3 semaines avant de prendre leur place définitive dans le « box avant » (4 avions) et poursuivre cet entrainement bi-quotidien, dans un objectif de recherche permanente d’amélioration de la tenue de place et de l’accoutumance à la proximité des autres appareils.
Les étapes vont se franchir « step by step » de novembre à janvier, jusqu’à la boucle à 8 avions. Et même si cette étape importante est un constat gratifiant pour tous dans le parcours, marquant pour tous l’aboutissement d’une bonne partie du travail attendu, il reste encore un long chemin à parcourir où séances de sport, briefings, deux vols quotidiens, debriefings, continuent à s’enchaîner à un rythme endiablé.
Ce degré franchi, qui s’accompagne le soir même d’une émouvante cérémonie où les trois nouveaux se voient remettre l’insigne de l’unité et le casque peint aux couleurs de la PAF est une des traditions propre à cet escadron très particulier, comme il en existe au sein de toutes les unités de l’armée de l’Air.
Pour le leader, la responsabilité est multiple, en vol et au sol… Il aura, une année durant à diriger et conduire sa patrouille, à lui donner le rythme, à apporter sa propre sensibilité dans la présentation, mais aussi à en définir les axes de communication…
Il a, en ce sens, parfaitement conscience que la formation qu’il commande est un outil puissant permettant le rayonnement de l’Armée de l’Air et plus généralement des ailes françaises, auprès des millions de spectateurs qui assistent aux démonstrations.
Ainsi, en 2019, le Commandant Clément, (« Roots » de son nom de guerre), a souhaité, avec ses équipiers, montrer dans l’hexagone et partout où la patrouille se produisit à l’étranger, la beauté et la technicité de l’aéronautique, « dans sa diversité et sa richesse » précise t’il, et montrer au public «… que l’Armée de l’Air n’est pas refermée sur elle-même, ne dévoilant que le savoir faire de ses hommes et la qualité de ses matériels, mais peut être un outil aidant à la promotion de l’Aviation Française dans son ensemble… ».
Cette saison écoulée sous son commandement a donc vu un développement important de passages à la verticale d’événements divers où la PAF n’était pas toujours attendue (Coupe du monde féminine de football, Armada de Rouen, Solidays, Foire de Beaucroissant, événements caritatifs …)
A ces passages se sont ajoutés des défilés en formations complexes avec les Ambassadeurs de l’Armée de l’Air (EVAA, Rafale Solo Display, Alphajet Solo Display, A400M Tactical Display), d’autres patrouilles civiles ou militaires (Tranchant à la Ferté Alais, Breitling Jet Team à Dijon, Red Arrows au Riat, Krila Oluje en Croatie) et quelques avions de ligne ou gros porteurs (Boeing 777 à la Ferté Alais, A 380 à Granville, Airbus Zéro G…) ou encore accompagnant le formidable dispositif aérien composé de l’ensemble de la famille Airbus, lors de la célébration à Toulouse du 50ème anniversaire de l’avionneur Européen.
Le second axe de communication plus « corporatiste » pourrait-on penser, illustre la fraternité entre les militaires et les unités combattantes engagées en Opérations Extérieures. Cette volonté d’associer les « frères d’armes en OPEX » à la communication de la patrouille ne se limite pas aux Aviateurs. Elle révèle, au-delà de toute considération patriotique, l’esprit de solidarité et de fraternité qui se dégage entre les militaires, toutes armes confondues, et la générosité de l’équipe qui n’oublie pas que si certains ont la chance de « briller » en public, d’autres retenus sur des territoires lointains ne sont pas oubliés pour autant.
Le mois de mai, qui signe le départ de la saison des meetings arrive vite alors que le sentiment pour les nouveaux de ne pas avoir achevé parfaitement la période d’entrainement est encore bien vif. Après une semaine d’acclimatation en milieu marin sur la Base Aérienne 126 de Solenzara, les validations de la commission de Sécurité des Vols et du Chef d’Etat Major, la ronde des meetings démarre en trombe et la période d’errance programmée pour toute l’équipe débute, pour un peu plus de 5 mois. Les semaines se compriment…
Décollage le jeudi matin de Salon de Provence pour un entrainement sur le premier site où aura lieu le meeting du dimanche, vol de reconnaissance, opération presse et Relations Publiques, rencontre avec les élus et autres autorités… La mission se déroule à rythme soutenu.
Décollage le lendemain matin pour le second site qui accueillera la patrouille le samedi, briefing de la mission, nouvel entrainement, reconnaissance des axes et prises de repères, debriefing… nouvelle opération de RP… démo pendant le meeting… Immersion dans le public, autographes… Peu de repos car il n’est pas rare que l’organisateur ait prévu une soirée… et départ le dimanche matin pour une mise en place sur le second meeting du week-end… Bis Repetitat !
L’accident du 25 juillet 2019 à Perpignan qui a contraint, à l’atterrissage, le Capitaine Jean Philippe (équipier N°2) à s’éjecter à la suite d’une panne de frein, a privé la PAF de l’un de ses pilotes pendant tout le temps de sa convalescence, et l’a obligé à le remplacer jusqu’à la fin de la saison. Au delà de l’impact psychologique pour l’ensemble de l’équipe, c’est la structure même de la formation qui s’est vue fragilisée. Pour autant le calendrier a pu être honoré, bien au delà de toute espérance.
La fatigue s’installe insidieusement mais conscients de la mission de représentation qui les porte, pilotes et mécaniciens se doivent d’être disponibles et présents, répondre aux mille questions dont le public les assaille, faire « bonne figure » tout le temps, quelle que soit la charge de travail… Et le cycle continue, dans un schéma pourtant identique à celui de la veille mais toujours nouveau, obligeant l’équipe à découvrir et adapter les exigences liées à la mise en œuvre de cet important dispositif.
La saison peut être entrecoupée d’une ou plusieurs tournées hors des frontières, sur invitation de pays étrangers. La mission de rayonnement s’applique alors pleinement. Si les grands périples tel que celui de 2017 pour commémorer l’entrée en guerre de l’Amérique aux côtés de la France fut, comme celui en Extrême Orient quelques années plus tôt, des moments qui ont marqué l’histoire de la patrouille, 2019 vit la formation s’envoler pour une tournée Européenne mi septembre pour l’Italie et pour la République Tchèque, la Croatie et la Grèce… L’occasion de réaliser de nouvelles belles rencontres.
Intégration de nouveaux pilotes dès le début du mois de septembre, départ programmé de trois anciens, changement des places dans la formation future et reprise prochaine de l’entrainement d’hiver. Autant de bouleversements qui attendent la Grande Dame, accordant peu de répit à ses hommes, à tous les postes et à tous les niveaux de responsabilité.
La « Der » (comprendre dernière présentation de l’année) se profile… Elle a lieu traditionnellement la première quinzaine du mois d’octobre et permet à la Patrouille de France de réunir famille et amis sur sa base de Salon de Provence… En ce 16 octobre, les Ambassadeurs sont au rendez-vous…
L’EVAA ouvre le bal avec une présentation à haute adrénaline… Rafale et Alphajet Solo Display, dont les pilotes titulaires laissent leur place en 2020, rivalisent de brio… La PAF ce jour-là, en vol, offre le meilleur d’elle-même, dans une présentation formidablement rythmée et présente.
La cérémonie de passage de témoin qui s’ensuit, à l’image du leader 2019, à la fois simple et chaleureuse, n’en est pas moins émouvante…. L’essentiel se dégage des discours où le sens de la mission, la cohésion et la camaraderie s’expriment à chaque mot.
Cette saison, un peu plus longue cette année que les précédentes, peut-être un peu plus compliquée aussi, Si la saison se termine généralement par la DER, l’équipe en place devra jouer les prolongations pour honorer l’invitation des Emirats Arabes Unis au Salon Dubaï Airshow du 17 au 21 novembre. « Roots », leader 2019 laissera alors définitivement sa place à « Sam » son successeur au retour. verra son terme au retour des Emirats Arabes Unis où la PAF est invitée à participer au Salon Dubaï Airshow, du 17 au 21 novembre 2019.
Dès le lendemain, les avions rentreront au hangar pour les grandes visites annuelles sans pour autant que l’activité de la patrouille qui poursuit les entraînements en soit ralentie… La vie de la Grande Dame continue !
Philippe Chetail
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