Il fut longtemps question de faire du B-52 un quadriréacteur. Mais en optant pour le Rolls Royce F130, l’US Air Force limite les modifications structurales à apporter sur l’avion : les huit anciens réacteurs TF33 seront remplacés par autant de moteurs modernes à l’encombrement similaire. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr
Dans le cadre du programme CERP (Commercial Engine Replacement Program) les réacteurs actuels des bombardiers seront remplacés par des F130, une version militaire du BR725 qui équipe déjà le Gulfstream G650. Une décision historique après des années d’hésitations !
Avec cette remotorisation, l’US Air Force va gagner sur tous les tableaux (autonomie augmentée, facture de carburant et coûts de mise en oeuvre réduits), au prix toutefois d’un investissement colossal, évalué à 2,6 milliards de dollars. Le marché attribué à Rolls Royce porte sur 650 réacteurs, soit la modernisation de 76 avions et l’achat d’une quarantaine de moteurs en réserve, ainsi que la fourniture des équipements de support et de divers services.
La remotorisation des B-52H est un serpent de mer pratiquement aussi vieux que cette ultime version du bombardier stratégique américain. Les premiers échos dans la presse remontent à 1975, quinze ans seulement après l’entrée en service des avions, la présence de huit réacteurs sur l’appareil étant déjà considérée comme un anachronisme. Le TF33, réacteur à double flux associé au B-52H, représentait pourtant à l’époque un saut qualitatif considérable comparé aux antiques J-57 ayant motorisé les B-52A à G.
En 1996 Boeing remit une offre non sollicitée à l’Air Force, proposant cette fois le rééquipement de l’avion avec des RB211 (Rolls Royce déjà…) qui équipaient également les Boeing 757 et 767. D’autres propositions d’achat ou de location s’enchainèrent au cours des années suivantes, mais la réponse de l’US Air Force était à chaque fois la même : si elle reconnaissait que le gain pouvait être intéressant d’un point de vue opérationnel, il ne se justifiait pas économiquement.
Les B-52H ont été fabriqués entre 1960 et 1962, et 76 avions sont encore en service en 2021. Avec la remotorisation à venir, certains de ces appareils seront sans doute en vol cent ans après leur fabrication. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr
L’annonce du contrat la semaine dernière est un virage à 180° qui peut s’expliquer de plusieurs manières. D’abord parce que le B-52 est bien parti pour rester en service au-delà de 2050, c’est à dire bien après le retrait des derniers B-1B et B-2A. Le regard vissé dans la direction de la Chine, l’US Air Force veut de la masse, c’est à dire des avions à long rayon d’action nombreux et capables de mettre en oeuvre une grande variété d’armements. Continuer à utiliser les réacteurs TF33 à cet horizon était clairement difficile à envisager !
Toujours en regardant vers l’Asie, un B-52 remotorisé disposera d’une plus grande autonomie et exigera moins de ravitailleurs qui seront la clef de voute discrète mais indispensable d’éventuelles opérations dans le Pacifique. Une remotorisation du B-52 aura donc des effets positifs en cascade non seulement sur l’avion, mais sur toute la doctrine d’emploi des forces américaines.
Boeing va être chargé de l’intégration des nouveaux moteurs et, selon les plans annoncés par l’USAF, les deux premiers appareils modifiés devraient réaliser les essais au sol et en vol d’ici 2025. La modification des premiers appareils de série débutera en 2028 et la flotte sera entièrement rénovée à l’horizon 2035.
Frédéric Lert
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