Un président de la République française, les ministres de la défense de l’Allemagne, de l’Espagne et de la France, et une belle brochette de généraux, d’amiraux et de capitaines d’industrie : le « dévoilement » de la maquette du New Generation Fighter s’est fait en grande pompe en ouverture du 53ème salon aéronautique du Bourget.
C’est une grosse bête, environ 18m de long, qui domine sans peine le corral de Dassault. Une sorte de F-22 plus fin, avec tous les attributs du chasseur furtif biréacteur avec la capacité d’emporter des armements en soute. Une belle maquette échelle 1 donc, accompagnée d’un « remote carrier » (engin autonome emportant son propre système de combat) signé Airbus et d’un missile de MBDA, l’un et l’autre tout aussi impressionnants…
On se souvient que le modèle réduit présenté à Euronaval en 2018 avait fait jaser par certains choix techniques, et notamment par son absence de dérive. Les aérodynamiciens ont, semble-t-il, repris le pas sur les communicants et le projet de New Generation Fighter a retrouvé ses dérives, ce qui devrait lui permettre de mieux voler…
Le NGF du Bourget reste malgré tout une maquette, un outil marketing essentiel dans la bataille de communiqués à laquelle se livrent les avionneurs et les gouvernements. Après le Tempest italo-britannique, voici donc le couple franco-allemand qui dégaine son avion en résine.
C’est à ce jour le volet le plus spectaculaire et la pièce centrale d’un SCAF (Système de Combat Aérien Futur) que l’on nous promet performant, sophistiqué, indispensable, à l’aune des menaces attendues pour les décennies à venir. « Le SCAF, ce sont différentes compétences réunies dans un « cloud » de systèmes » expliquent les ingénieurs de la DGA sur le stand du ministère des armées. Terminé le temps où les performances d’un avion s’exprimaient par des notions simples à appréhender et à quantifier comme l’autonomie, la vitesse, le taux de roulis et la capacité d’emport…
Il n’est aujourd’hui question que de « combat collaboratif », de « cloud » et de « remote carrier ». C’est tout un vocabulaire qu’il faut réapprendre. Outre la maquette de Dassault, le SCAF, est également très présent sur le stand des armées au travers de différentes animations spectaculaires.
La DGA projette sur grand écran une superbe vidéo mettant en scène le SCAF dans un plaidoyer pro domo très alléchant : on y voit des Rafale rénovés et des NGF décollant de bases terrestres et d’un porte-avions tirer des salves de missiles intelligents et communicants, des A400M larguer par la tranche arrière des « remote carrier » autonomes, le tout semant la panique chez un adversaire suffisamment puissant pour exiger ce niveau de technologie contre lui, mais trop bête pour penser à couper ses émissions radars… A bout d’une minute de film, l’ennemi a perdu.
La DGA présente également un concept de cockpit futuriste faisant la part belle à l’intelligence artificielle, à l’assistance virtuelle, aux affichages de la situation tactique en 3D dans le cockpit. C’est beau, c’est dynamique, ça donne des pistes pour l’avenir.
Derrière les paillettes kaki et les images de synthèse, le concret se met également en place avec une « task force » de pilotage du SCAF mise en place depuis 18 mois. Elle s’accompagne aujourd’hui par la création d’un « Combined Project Team » placée sous la direction d’un officier français, avec un allemand comme adjoint.
Ce « CPT » armé par une trentaine de personnes se mettra en place dans le courant de l’été, conséquence de la signature d’un accord cadre entre Français, Allemands et Espagnols. « Aujourd’hui nous nous consacrons à la maturation technique de briques technologiques, avec des démonstrateurs qui sont attendus à l’horizon 2026 expliquent les officiels de la DGA présents sur le salon. On validera ensuite les technologies, on procèdera à des arbitrages entre ce qui pourra être retenu et ce qui ne le sera pas. Puis après 2030 nous lancerons le programme NGF, pour une entrée en service attendue pour 2040 ». Pour mener à son terme un projet grandiose, il faut soit de l’argent, soit du temps…
Frédéric Lert
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La France a besoin du Rafale pour sa propre protection et d'un genre de 2000 D tout neuf pour vendre à l'export et pour combattre en Afrique, ou ailleurs.
Un 2000 D bien adapté pour l'export ne se vendrait-il pas comme le F 16 ?
Quand on voit les budgets dépensés pour gagner des guerres dans lesquelles aucun citoyen du monde ne suivrait des leaders idéologues (leaders occidentaux actuels compris) s'ils avaient le respect de leur culture, un toit, une assiette pleine, ce qui est facile de nos jours techniquement de nos jours (1/3 de la nourriture produite dans le monde chaque année est détruite).....
Quand on voit les milliers d'ingénieurs vomis par an des écoles et qui vont sans broncher fabriquer des armes qui iront démembrer des gens à l'autre bout du monde alors même qu'eux, dans à mi-vingtaine / trentaine, fondent leur propre famille...
Et quand on voit que ce qui choque les commentateurs c'est seulement la présence ou non d'un stabilisateur vertical sur le prochain avion de chasse de tel ou tel pays....
Niveau conscience et utilisation de l'intelligence humaine, ça pique.
Aucun recul dans cette société c'est incroyable.
(J'imagine qu'on peut faire pire : les débats très sérieux et sans fin sur la Ligue1 de football à minuit sur la chaine Equipe21.)
Réveillons nous.
L'idée que "l'avion bien dessiné est un avion qui vole bien" est à ranger dans le catalogue de notre patrimoine historique et culturel.
Qui sait : le design de ces nouvelles machines sera sans doute plébiscité par les futures générations.
De toutes les manières personne ne peut donner tord aux pacifistes.
Cependant quels sont les gagnants et perdants dans l'hypothèse d'un monde pacifié ?
Sur un tout petit bout de cette planète seulement, la paix est l'idée principale qui a rassemblé les états dans le but de construire - et d'adapter en continu - l'Europe.
Qu'en est-il aujourd'hui ? Le Bexit, les populistes...
Pendant ce temps, on affûte les armes, les nations réfléchissent à leurs vecteurs aériens, ocazou...
Cela n'empêche pas de "peser", en son âme et conscience, pour équilibrer / tempérer les systèmes, chacun avec ses arguments et la "longueur de son bras".
Sur le fond vous avez raison, mais vous deplacez le debat sur un theme ideologique alors que l'article evoque des choix technologiques ...
Une telle ambition technologique et financière s'apparente à un suicide budgétaire et opérationnel. Les pays pouvant acquérir de tels avions continueront à aller faire leurs emplettes à Washington, Moscou et éventuellement Beijing. Pas à Paris ou Berlin. Et sur le terrain, au Sahel par exemple, l'intérêt de risquer et user un tel appareil reste à démontrer. Il serait donc souhaitable de disposer d'une panoplie à deux avions: l'un de souveraineté très haut de gamme pour protéger l'Europe; l'autre d'OPEX bien plus rustique, nettement moins cher, à même aussi d'intéresser les clients export. On a vu avec le Rafale relativement onéreux la perte occasionnée auprès de la clientèle traditionnelle de la France avec les Mirage et Jaguar. Bref, le Rafale n'étant pas plus éternel que le Bréguet XIV, il faudra bien à un moment donné trouver une réponse adaptée et lancer un avion de combat plus bas de gamme complétant le premier haut de gamme.
Bonjour,
L'architecture de l'avion telle que montree au Bourget (empennages en V), est une formule que l'on retrouve sur de nombreux projets americains dans le passe (pas seulement Northrop d'ailleurs, mais je crois qu'un peu tout les constructeurs s'y sont essayes). Elle n'est donc pas nouvelle.
L'autre architecture, montree en maquette lors d'Euronaval, semble bien plus audacieuse (sans empennages). Elle ressemble beaucoup plus aux formules proposee sur les futurs chasseurs americains. Je pense qu'un gros avantage, c'est le gain de masse, mais on sent qu'une grosse ambition technologique se reporte sur les moteurs (il faudra de la pousee dirigee et une coordination avec les surfaces de controles).
Je suis un peu deroute, car les 2 maquettes semblent opposee dans leurs conceptions. Or l'une vient d'Airbus, et l'autre de Dassault... ca ne fait pas tres coherent tout ca. Et c'est peut etre revelateur de differences de vues entre les 2 industriels? Qu'en pensez-vous?
A plus
Alain
"pantois au niveau financier"
Entre le programme a 1000 milliards du F35 qui aboutit à un fer a repasser et le SU 57
soit disant acheté prix plancher à moins de 40 millions de dollars par poutine (il se rattraperont à l'export) il me semble qu'il y a de la marge...
Entre pompe a argent public us et travail payé beaucoup moins cher en russie on devrait pouvoir trouver un compromis non?
Bonjour,
la partie arrière n'a rien a voir avec le f22 qui a d'énormes pelles...Apres les derives en V ne me semblent pas faites pour copier les américains mais c'est dicté pour plus de discrétion/furtivité. D'autre part étant au dessus des Delta et relativement posées à plat elles doivent profiter d'un effet de masque les rendant invisibles au radars sol...ce qui n'est pas le cas du f22....
22 ans apres le premier vol du F22, en gros 30 ans de retard, il va falloir mettre les bouchees doubles chez Dassault mais d'ici la ...
ça me désole que nous tombions dans le même piège que les américains, abandonnant la rusticité au profit de la sophistication extrême. ça ne fait pas de bon appareil opérationnel de terrain. S'était ma fierté du Rafale par rapports aux appareils américains : Celui ci semblait bien plus rustique et opérationnel. Et ne cherchait pas a copier les modèles étranger, ses lignes étaient le fruit de l'héritage de la R&D de Dassault sur ces précédant appareils. Là, celui ci est une repompe du F-22. Il ne m'a pas particulièrement adapté a l'appontage sur porte avion. Bref, il semble renier l'héritage de Dassault au profit de celui de Locked Martin. On s'en mordra les doigts.
Le Rafale est l'héritier de L'Avion de combat du futur (ACF) des années 70, du Mirage 4000 (le "F-15" français), qui avait laissé une énorme frustration chez AMD-BA parce qu'ils savaient qu'ils avaient un avion avec un gros potentiel au delà du 2000 mais aucun client.... Nous parlons d'une époque où toute une génération d'ingénieurs balbutiants en informatique mais avec une vraie culture aéronautique faisait carrière chez Dassault, en gros 1965-1990. Désormais la très grande majorité des (brillants) ingénieurs que je rencontre n'ont plus cette culture aéronautique, ils restent quelques années chez Dassault pour le challenge et le CV et partent ensuite chez PSA, ENGIE ou autre, poursuivre leur carrière, ou inversement. Quant aux dirigeants, ils ne pensent qu'à satisfaire les actionnaires, surtout ne pas prendre de risque(s) et assurer un plan de communication bien lisse... Souvent, c'est du côté des ateliers qu'on trouve encore des personnes réellement passionnées mais aussi et heureusement, des jeunes pleins d'enthousiasme pour l'aviation. Bref, tout ça pour dire que le SCAF est de sa génération Internet 3.0
Je vous rejoins et vais même plus loin : dans un monde en guerre, comment disposer de pièces détachées si les cartes électroniques contiennent des puces américaines, des mémoires coréennes, des condensateurs chinois, du titane russe, etc....de plus, comment passer subitement d’une centaine d’exemplaires en circulation a une production de masse de plusieurs milliers par an en cas de conflit « chaud » dans un tel contexte ?. Le P51 mustang ne faisait pas le poids contre le me-262, mais il y en avait des dizaines de milliers dans le ciel pour seulement 900 me-262 produits dans toute la guerre...on voit qui a gagné à la fin...
Il faut arrêter avec la nostalgie... Terminé le temps des avions "spécialisés'" (l'intercepteur, le chasseur de supériorité aérienne, le chasseur-bombardier etc). Le Rafale est sans doute le dernier appareil du genre qui concilie "avion old school" avec une belle aérodynamique et des capteurs "modernes". Ecoutez ce que vous disent les militaires, la guerre aérienne de 2050 ce sera la guerre de l'information, le SCAF définitif sera un énorme ordinateur multi-réseaux dans les airs, qui écoutera, verra, entendra et décidera pour les autres vecteurs aériens (hélicos, avions et drones). L'enveloppe n'a pas grande importance, regardez la grosse blatte de F-35, c'est terriblement moche mais c'est le top dans son genre. On ne construit pas des avions de combat pour le spotter mais pour vaincre un ennemi potentiel russe ou chinois dans 20 ans. Après, pour les conflits de basse intensité au Sahel ou ailleurs (il ne faut pas se leurrer, on y sera encore pendant très longtemps) il restera les vieux Rafale... Mais ne soyons pas encore une fois en retard d'une nouvelle guerre sous prétexte de conservatisme. Même si comme beaucoup, je suis assez affolé par les milliards qui vont être engloutis dans ce projet d'une ambition et d'une complexité sans doute jamais encore atteintes en France.
Autre différence notable avec la maquette d'Euronaval 2018, l'absence de séparateurs de couche limite au niveau des entrées d'air.
Plutôt que de dérives verticales, ne convient-il pas d'employer le terme d'empennage en V ? En effet le F35 et le F22, présentent un empennage pourvu de deux dérives verticales ( en fait légèrement en obliques) et deux ailerons horizontaux, soit 4 appendices aérodynamique.
Or cette maquette semble pourvue d'un empennage avec seulement deux appendices en V.
Il semble que les dérives soient "en question", plusieurs maquettes présentées n'en comportent pas ! Une aile delta pure sans dérive comme le Neuron, voire le B2
Bonsoir,
Une absence de dérive se paie très cher en terme de manoeuvrabilité, particulièrement dans les hautes incidences. Ce qui est acceptable pour un bombardier ne l'est pas pour un chasseur... Pour répondre à Marcello et François Jost, j'ai écrit le papier en ayant simplement vu, très rapidement, la maquette à hauteur d'homme. Depuis, les images publiées de la maquette vue de dessus montrent en effet un empennage relativement plat... Mais F-22 ou YF-23, on ne peut que rester pantois devant le niveau d'ambition financier d'un tel projet...