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Défense

SCAF : « Si nous n’avons pas les manettes, nous ferons un Eurofighter… »

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Frédéric Lert

Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, se lâche : « je reste calme, mais ça commence à bouillir… » L’engagement tardif de l’Espagne, doublé des nouvelles prétentions d’Airbus dans le programme SCAF (Système de Combat Aérien Futur), remet en question les équilibres préalablement négociés entre la France et l’Allemagne. Eric Trappier n’est pas prêt à toutes les concessions et le dit sans langue de bois. Morceaux choisis…

A ce niveau de responsabilité, on fait toujours attention à mesurer ses propos et les échanges se font en général à fleurets mouchetés. Signe que la situation du programme SCAF n’est pas anodine, Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, s’est laissé aller à quelques formules fortes au cours de deux interventions récentes.  Tout d’abord à l’occasion de la présentation des résultats de Dassault pour l’année 2020, ensuite lors de son audition par la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat. Le message d’un énervement face à Airbus, pour ne pas dire d’une réelle tension, est donc bien passé.

Un Yalta industriel franco-allemand

Le projet d’un « Système de Combat Aérien Futur », avec comme pierre angulaire un New Generation Fighter, remonte à 2017. Il est le fruit d’une volonté politique portant au pinacle la coopération franco-allemande. Encouragés par cette volonté politique, Airbus Defence and Space et Dassault Aviation proposent alors aux deux états un partage des responsabilités industrielles. En toile de fond, la France et l’Allemagne s’entendent dans le même temps sur un Yalta des chars de combat et des drones MALE.

Si Berlin prend la main sur ces deux derniers sujets, il est entendu que Paris et ses deux champions nationaux, Dassault Aviation et Safran, auront le leadership sur le futur chasseur et sa motorisation. Jusque là tout va bien et les négociateurs entrent dans le vif des études technico-opérationnelles au cours de la phase d’étude 1A. C’est à ce moment là qu’arrive l’Espagne qui indique vouloir prendre le train en marche. Le moitié-moitié France-Allemagne devient alors un « un tiers-un tiers-un tiers » entre les deux premiers et l’Espagne. « On a réussi à la faire entrer dans la phase 1A d’une manière rapide, en  lui donnant un certain nombre de tâches mais sans avoir pu réellement négocier » explique Eric Trappier devant la commission de la Défense du Sénat, à propos de l’irruption de l’Espagne.

« On s’est réveillé en début d’année : les équilibres étaient rompus » : Eric Trappier, PDG Dassault Aviation

Mais le maitre d’oeuvre du programme pour l’Espagne étant également Airbus, les trois tiers se résument en fait à deux tiers pour l’avionneur européen et un tiers pour Dassault. « Nous avons accepté cette difficulté » a expliqué Eric Trappier aux sénateurs (…) C’était déjà une concession importante ».

Eric Trappier devant les sénateurs : son masque est bien en place et sa langue n’est pas dans la poche… © Aerobuzz

Puis il fallut partager les workpackages (lots de travaux) et là Dassault a fait face à la volonté d’Airbus de faire plus de travail en « joint ». C’est à dire une manière de travailler en coopération, sans responsable désigné. « Là aussi on a accepté et à peu près la moitié des workpackages sont en joint » poursuit Eric Trappier. L’autre moitié est partagée entre les trois nations selon la règle des trois tiers, dont deux reviennent donc à Airbus. Dans le dernier tiers, gardé par Dassault, figurent les lots les plus stratégiques, concernant par exemple l’architecture fonctionnelle, les commandes de vol, l’interface homme-machine ou encore la furtivité. Face aux sénateurs, Eric Trappier fait alors cet aveu étonnant  : « Vous allez me dire vous avez été trop loin. C’est de temps en temps ce que je pense quand je réfléchis.  Mais on avait une telle volonté d’y arriver, avec une telle pression aussi, que l’on a accepté ».

Fin 2020, un accord est donc entériné entre Dassault et Airbus avec un partage des taches en trois tiers, et la maitrise d’oeuvre toujours confiée à la société française. Les pays peuvent alors commencer à travailler sur la phase suivante, la 1B, devant ouvrir la voie à la réalisation d’un démonstrateur technologique. Des élections fédérales étant prévues en septembre 2021 en Allemagne, l’objectif est alors de signer un accord avant l’été 2021 pour graver dans le marbre l’avancée du programme et se mettre à l’abri d’un éventuel changement de majorité à Berlin. Mais depuis le début de l’année rien ne va plus.

Vers un Eurofighter bis ?

« Maintenant explique alors Eric Trappier aux sénateurs, nous avons encore une demande supplémentaire (NDA : d’Airbus) qui consisterait à équilibrer aussi qualitativement les workpackages stratégiques. (…) C’est un refus de ma part, parce que si je le fais, je renonce à ma maîtrise d’oeuvre. J’ai jeté un pavé dans la marre en disant que si cet équilibre se crée, moi je ne sais plus assumer la maîtrise d’œuvre, donc je ne sais plus m’assurer que l’avion volera droit, je ne sais plus m’assurer des temps et encore moins des coûts ». Un peu plus loin dans la conversation le PDG de Dassault Aviation utilise cette image : « Si nous n’avons pas les manettes pour piloter, on fera un Eurofighter. Je vous le garantis, pour moi ce sera un crève coeur, mais je ne peux pas refuser à un pouvoir politique qui me dit faites le ! ».

Interrogé sur la position des autorités politiques françaises Eric Trappier indique alors qu’il est «soutenu par nos autorités sur le fait que les Allemands vont un peu loin semble-t-il ».

Un sénateur demande alors à Eric Trappier s’il ne pense pas que l’irruption des Espagnols a déséquilibré le programme. « L’arrivée de l’Espagne (…) pose la question du ménage à trois répond le patron français. Mais en réalité sur le NGF, je n’ai pas un ménage à trois, j’ai un ménage à deux avec Airbus, mais un Airbus qui pèse deux-tiers. C’est encore pire (…). Avec trois états, si deux s’alignent, ça devient du deux contre un. Pas besoin de vous dire quels états pourraient s’aligner. Donc en cas de recours j’aurais toujours tort. Comment pouvons-nous assumer notre leadership, notre maitrise d’ouvrage dans une organisation de ce type ? Nous avons posé la question, nous n’avons pas tout à fait la réponse… »

Le NGF sera-t-il un Eurofighter bis ? Ce serait un crève-coeur explique Eric Trappier. C’est dit… © Dassault Aviation

Un plan B, en attendant le plan C ?

On en arrive alors dans l’audition à l’évocation du fameux plan B dont Eric Trappier annonce qu’il ne parlera pas « parce qu’il n’est pas encore prêt », mais à propos duquel il précise toutefois qu’il ne s’agit pas forcément « de faire tout seul » même si « on a les compétences en France ». « Mon plan B, poursuit-il, c’est de trouver une méthode de gouvernance qui permette d’emmener les Européens, mais pas dans les règles qui ont été fixées aujourd’hui car ça ne marchera pas (…) Le problème, c’est que ce n’est pas moi qui choisit (NDA : les partenaires), c’est l’état. Je n’ai pas choisi ni la Grande-Bretagne, ni l’Allemagne. Mais quand on a fait le Neuron, on m’a dit « trouvez-nous des partenaires » et donc là c’est moi qui suis allé chercher les partenaires. Et on a bâtit la coopération politique autour de la coopération industrielle… »

« Dans une négociation celui qui est pressé est celui qui va perdre » : Eric Trappier, Dassault Aviation

Voici donc le point de vue de l’industrie française clairement exprimé. On attend à présent les commentaires des états, seuls à avoir le dernier mot dans cette affaire. Reste un troisième acteur que l’on a tendance à perdre de vue tant la voire d’empoigne industrielle est passionnante. Il s’agit de l’utilisateur final français, qui devra un jour expliquer pourquoi et comment il souhaite disposer pour 2040 d’un avatar de F-22 embarqué sur porte-avions, chose que les Américains eux-mêmes n’ont pas osé tenter. C’est là un tout autre débat, mais sera-t-il engagé un jour ?

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • C'est soit un SCAF en compromis Franco-Germano-Espagnol qui sortira en retard sans correspondre au besoin français (FR = Gd puissance aérienne dans le monde), soit le SCAF National ("SCAF étendu" - ou plan B) qui répondra à la souveraineté FR, en étant au RDV (et on a déjà perdu trop de temps à rêvasser).
    Je reste persuadé que Macron se sent redevable avec cette utopie d’Europe de la Défense en faisant n'importe quoi, quoi qu'il en coûte. Et il nous y entraine tous...

    • 1) L'Europe de la défense ne se fera JAMAIS, il n'y a que les Français pour y croire.
      2) Qu'apportent les Allemands et les Espagnoles technologiquement ? Très très peu.
      3) Le RAFALE F6 est dans les cartons, les technologies en particulier "quantiques" sont avancées dans les laboratoires français, le SCAF sera franco français.
      4)Pour le MGCF, pareil ! le seul problème est le G.M.P.(Groupe moto Propulseur) où les Allemands maitrisent; un G.M.P. non germanique peut se trouver (nouvelles technologies), une simple évolution du LECLERC suffirait pour notre armée et NEXTER resterai indépendant et non pas sous la tutelle Allemande.

  • @Pilotaillon,dubitatif , Bonjour, ce manifeste est long a lire certes mais est le reflet d une analyse brillante qui commence par ce titre: " Vers une strategie francaise utile a l Europe" et entre autres phrases dans la conclusion . "Il est également déraisonnable, voire immoral de perpétuer une politique qui vise à substituer des sujets consommateurs à des citoyens avertis et responsables". Tout y est.

    • Après notre naufrage économique et notre naufrage sanitaire, dus pour une large part aux lubies des européistes, je trouve effarant que certains s'acharnent encore à croire à l'europe de la défense, quand TOUS les autres européens ne jurent que par l'OTAN et les américains !
      Alors que l'aéronautique est le dernier grand domaine technologique où nos industriels sont encore à l'avant-garde, malgré l'europe !
      SAFRAN/SNECMA a bati toute sa réussite post-ATAR sur le CFM-56 et maintenant sur le LEAP, qui ne doivent rien à l'Europe; DASSAULT a bati son succès depuis 70 ans contre toute l'europe (sauf Espagne, Grèce, Suisse et Belgique, lors de circonstances très ponctuelles); THALES-THOMSON ou MATRA doivent bien plus leur réussite a l'overseas qu'a l'europe; Quant à AIRBUS qu'on cite sans arrêt comme modèle, les allemands ont bien tiré les marrons du feu que les français avaient allumé ! (merci aux gentils français pour les chaines A320 à Hambourg, nous on a(vait) l'A380 a Toulouse ...)
      Dassault-SAFRAN-THALES ont toutes les capacités pour faire et vendre le SCAF seuls, sans l'autorisation du parlement allemand ni de Merkel: qu'ils le fassent !
      Il sera moins cher, et meilleur puisque sans compromis (sauf pour notre marine)
      L'exemple du Rafale montre que l'export suivra tout seul, si nos politiques redeviennent compétents , et que ce sera surtout vers l'overseas comme dhab...
      chris

    • Rien n'est trop long pour donner à comprendre des notions, complexes à fortiori.
      J'ai néanmoins la faiblesse de penser que les populations font les systèmes politiques (Cf. nos échanges nourris aves JBB :-) et non l'inverse.
      Il fut un temps pas si lointain où les politiques détenaient des leviers d'influence - respect de principe - sur les administrés. Tout a changé depuis l'usage des réseaux et la diffusion d'informations, plus ou moins manipulés : l'administré est devenu citoyen, activiste parfois.
      On a voté la veille mais cela n'empêcha pas de vouloir faire ou défaire des choix collectifs, en ligne et dans la rue, sans complexe et en pensant bien faire.
      Conséquence, à chacun son libre arbitre et à chacun d'assumer son parti-pris.
      Bilan, nous, spectateurs "avertis" par un flot suffoquant d'infos diverses et (a)variées, sommes tous devenus méfiants et demandons une preuve XXL pour acquiescer.
      Ex. la vaccination, avec son lot de thèses qui concourent l'élaboration d'une "vérité vraie"....
      Si je reviens au coup de gueule de Mr Drapier. Il s'agit d'une action de comm' d'une entreprise privée dans un contexte global sur fond d'une Europe en construction. Je préfèrerais "populations nouvellement européennes en recherche de marques" car M et Mme Michu n'hésitent pas à se poser en procureur, en experts de tous les sujets (et sortir dans la rue au besoin).
      Si je lis bien, le sujet a glissé vers un réquisitoire anti Allemands, anti machin, à l'incompétence d'une strate ou d'une société dans son entier...
      Comment se poser en juge de sujets lointains (privés) et de rappeler toutes sortes de symboles ou parties d'histoires devenus obsolètes ?
      L'histoire ne peut pas nous venir en aide, sinon revenons en 44, et retraversons le Rhin. (Ca va pas ?!?)
      En revanche nous pouvons rester lucides, vigilants en donnant une chance à tous ceux qui font ensemble l'Europe de demain. Même si les état majors n'y trouvent pas - pour l'instant - leur compte.

      • C'est mon propos : écouter avec lucidité et intervenir quand l'occasion se présente.
        Je cherche simplement à démontrer la part d'idéalisme qui concourent à l'expression des avis.
        Nous sommes réduits à la passivité, certes, mais cela n'empêche pas de capitaliser (cad aller plus loin dans notre quête d'information) afin d'être collectivement présents (lucides et vigilants) le jour où il est important de prendre position.
        Le web et les réseaux sont "caffis" de fakes et d'opérations de manipulations... Répondre avec distance et raison nous éviteraient d'être des relais utiles aux manipulateurs. Rien de plus.
        Je ne pense pas qu'il s'agisse ici d'une opération de lobbying, ou de "name and shame". Je réitère : Mr Trappier n'a besoin de personne (hors de ses interlocuteurs et ses réseaux) pour assoir un discours dans le débat lancé autour des futurs moyens de défenses européens...
        Ou alors il fait preuve de faiblesse, ce dont je doute intimement.

      • @Pilotaillon peace'nd love warrior "En revanche nous pouvons rester lucides,(...) n’y trouvent pas – pour l’instant – leur compte....
        Rester lucides, quand il s agit de fermer les yeux ou d occulter la realite sur de tels enjeux economiques et financiers sous pretexte qu ils sont militaires mais toujours aux frais du contribuable?
        ?

  • Ah! les programmes en coopération....les querelles d'ego des PDG, les susceptibilités de nationalité, (Mers-el-Kebir et Sedan jamais loin) les querelles sur le partage des tâches ("work sharing"), les querelles sur le partage des connaissances acquises ("know how"), des coûts ("cost sharing") et donc des recettes ("revenue sharing") (si et quand il y en aura.....), les comités de coordination technique, engineering development, finances, ventes, MRO, etc... et les comités de pilotage de l'ensemble (steering committees) mensuels, trimestriels, annuels, sur les sites de chacun des partenaires à tour de rôle (faut bien voyager...) chacun défendant ses intérêts (c'est logique, on ne va pas leur faire de cadeau quand même) au final une multiplication des coûts et des retards; les politiques sont satisfaits des photos de famille mais les industriels ne sont pas à la fête...

  • Les réussites projets européens n existent que par des intérêts individuels bien orchestrés
    L Allemagne voit l Europe comme un argument de promotion de leurs industries, politiques en tête, et les politiques français imaginent les allemands motivés par des idées philanthropiques. Stop
    Les allemands et français ont chacun la capacité de scaf
    Comme aux us il faut faire un concours entre les 2 du meilleur projet avec démonstrateurs et plan marketing puis piloter le projet définitif par le meilleur quite a s associer avec des morceaux du second. Les industriels connaissent bien leur intérêt
    Cf Boeing Northrop etc...
    Le pb c est le monde politique qui ne comprend pas comment cela marche.
    Ils n ont jamais fait de projets multiconcurrenciels
    La méthodologie existe et est bien connue

    • L'Allemagne a peut être les moyens financiers pour participer au développement d'un SCAF, mais n'en a pas les compétences techniques. Elle peut tout au mieux participer à quelques parties du programme, mais n'a pas conçu le moindre avion, civil comme militaire, seule, depuis des décennies. La France, si.
      On est en train de répéter la séquence qui mena en 1985 au lancement de deux avions concurrents, avec le résultat que l'on connaît: un avion européen hors de prix, en retard face aux évolutions de la concurrence et à la fiabilité désastreuse, et un avion français qui répond précisément au cahier des charges et s'exporte, puis que non soumis à d'innombrables vétos et authorisations de parlements. Dans un monde multipolaire, où la France et l'Allemagne n'ont pas les mêmes intérêts, c'est une raison suffisante pour faire cavalier seul. Et c'est ce qui finira par se produire, et ce sera tant mieux !

  • Ce que rappelle ici le patron de Dassault, c’est qu'une hydre n'a jamais fait un bon chef. Et que les produit qui sortent (si ils sortent) d'une association trop large ne sont jamais optimum. Car, en particulier, le cahier des charges et de spécifications devient ingérable. Donc le produit ne répond plus à rien.
    Nous avons de nombreux exemples ces dernières décennies.
    L’Europe a voulu faire un avion de chasse en commun dans les années 80. Ca s'appelait l'ACF, et chaque pays membre (dont la France) voulait un truc différend : qui son intercepteur, qui son bombardier, qui son marin, qui son terrestre, etc, etc..... Bref, à la fin, Dassault à fait seul son Rafale, qui est une merveille, en maîtrisant les données, avec un seul chef : Dassault. Pendant ce temps, L'Europe à fait l'Eurofighter, qui n'est pas polyvalent, pas marin, et est bien moins bon que le Rafale dans les domaines communs aux deux avions. C'est cela dont parle Mr Trappier.
    Autre exemple : l'A400M. Pour les moteurs, c’est 21 donneurs d'ordres qui doivent se mettre d'accord ! Donc, ils ne sont jamais d'accord... Pour la cellule, c'est moins de monde, mais c'est tout de même énorme. Résultat, un avion dont on ne sait même plus ce qu'il est ! Un avion de brousse rustique pour commando façon Transall ? Un avion de ligne rapide de projection ? Un transport de troupe ? un transport de blindé ? Un ravitailleur en vol ?
    Le contre exemple, car il en faut, c'est Airbus avec par exemple l'A320. Mais le cahier des charges d'un avion de ligne, c'est simple et le même partout en Europe car nous avons tous le même genre de lignes et d'aéroports. Et puis le chargement est le même pour tous : passagers "standard" et "container" de fret standard aussi. Comme ensuite chaque pays construit son bout d'avion sans marcher sur les copains, ça fonctionne.
    Mais c'est du civil... Pour les militaires...

    • Puisque vous citez l'Airbus 320, notons que la France et l'Allemagne se sont pris le bec pendant plusieurs années avant de lancer cet avion à succès. La partie française eut gain de cause face à la partie Allemande (favorable, elle, à un quadriréacteur type A340). Curieusement, le développement du Rafale et celui de l'A320 ont eu lieu quasiment à la même période.
      30 ans plus tard, la vision défendue par la France s'avère juste. De quoi sérieusement douter de l'Allemagne comme partenaire dans l'aéronautique...

      Morceau choisi (entretien avec Roger Béteille):

      "Quand nous avons été amenés à choisir entre l'A320 et l'A330/A340, les Allemands, sous l'influence de Lufthansa, étaient en faveur du lancement de l'A340. Les Français, pour leur part, penchaient pour l'A320, une attitude dans laquelle leur participation au moteur CFM56 n'était sans doute pas étrangère. Pour ma part, j'ai considéré deux éléments d'appréciation. Tout d'abord le marché, qui faisait apparaître un besoin pour le 320 avant le 340. Ensuite, des raisons techniques. Nous avions franchi une étape technologique importante, notamment avec les commandes de vol électriques, et il était beaucoup plus facile et moins risqué d'en faire usage sur un avion court-courrier de plus petites dimensions, assurant des vols nombreux, construit en grandes quantités, que sur un appareil long-courrier ... La technologie de l'A320 a été intégrée dans l'A330/A340. Et nos concurrents, eux aussi, commencent à l'utiliser"

    • Quand je dis tête monocéphale, je ne dis pas que le mec bosse tout seul, mais bel et bien qu'il n'y a qu'un seul chef d'équipe qui tranche les décisions (et en endosse la responsabilité).
      Exemple : le projet A400M merdoyait généreusement et les avions n'étaient pas livrables, ni même utilisables. Tout le monde tirait à boulet rouge sur Airbus, de tous bords, dans tous les sens... Jusqu'au jour ou Airbus via son patron Tom Enders a tapé sur la table très fort et a décidé qu'Airbus serait maître d'oeuvre unique pour terminer l'avion et assumerait cela. C'était comme cela, ou allez vous faire voir ailleurs... Il a sauvé le projet et depuis l'avion est devenu livrable et est entré en service, ce qui n'était pas gagné dans le bourbier de l'époque.
      Quand Dassault est maître d'oeuvre d'un projet, il bosse avec des partenaires divers et variés : motoriste, équipementiers (avionique, servocommandes, siège éjectable, etc...) mais est en haut de la pyramide, responsable de l'ensemble, pas au même niveau qu'eux...
      Dans les projets modernes, on voit des entreprises mises en parallèle, chacune responsable d'un morceau en espérant que les bouts se montent l'un dans l'autre à la fin ! Faut pas rêver.

    • L'exmple chez Dassault c'est le Mirage IV...Un chef de projet : CdG et Dassault a rendu les avances...Loin de moi l'idée que m'sieur Marcel a dessiné la liasse tout seul...

    • Je peux le comprendre mais que pouvons nous faire ?
      Le modèle Boeing a également prouvé que les boites "supra", également structurées comme des "hydres" font des conneries !
      Revenir à une taille plus humaine ?
      Démanteler les grands groupes ?
      Et nous devrons nous "cogner" les mastodontes tels que Samsung, et consorts...
      Rien n'est parfait.
      Je réitère : que pouvons nous faire, à notre échelle de spectateurs, mêmes passionnés ?
      Nous n'avons ni les éléments du dossier, ni les leviers d'influence...
      Avons nous seulement une la capacité, collectivement, d'en tirer un petite partie de vision stratégique ?
      C'est le job des sachant et des acteurs, qui devront se justifier (ils en sont conscients), j'ai confiance, car ce sont des entreprises qui désormais doivent intègrer la perception populaire dans leur décision...
      Dernier exemple en date : https://www.linkedin.com/posts/emmanuelfaber_un-immense-merci-%C3%A0-mes-ch%C3%A8res-%C3%A9quipes-de-activity-6777669735061442560-KDGu, qui génère à l'instant 50K réactions dans l'univers professionnel.
      Jetez juste un petit coup d’œil aux profils qui ont réagit !
      Le monde change, c'est certain.

      • Ce qu'il faut faire ? : et bien laisser faire des avions militaires par ceux qui savent les faire : Dassault.
        Les allemands et les espagnols peuvent coopérer à la production des avions civils (voire militaires) mais ne sont en aucun cas capables de piloter la conception et le développement d'un tel système avion +moteurs+système d'armes.
        Et ça n'a rien à voir avec du nationalisme.
        (la G.B. en était encore capable dans les années 90 mais le gouvernement français, aveuglé par son tropisme germanique a arrêté la coopération potentielle avec eux)

  • J'aime beaucoup les commentaires anti-allemands,ici, alors que tous les français dès qu'ils ont les sous ils achètent des Mercedes et qu'ils dénigrent tout ce qu'ils produisent eux.
    Comme il avait raison CdG en disant que les français sont ingouvernables

    • Oui c'est vrai, la voiture est un gros budget après celui de l' immobiler, pourtant c"est pas les Allemands qui paient nos retraites......

      • et VW ? C'est scandaleux chez les français ce penchant pro schtroumpfs...reste une idée des panzers de 40 alors que la tecknik n'est pas pas plus au rdv en 40 qu'en 2021...

  • C'est désolant, du grand n'importe quoi !
    Je ne vois pas comment nous, simples spectateurs, pourrions venir en aide soit à Dassault soit aux autres entreprises ou Etats en discussion ?
    Que chacun face son job !
    On mélange tout et tout le monde se perd... On va même jusqu'à convoquer le Général De Gaulle, peut-on se relire ?

  • Pourquoi macron voit toujours l'Allemagne comme référence alors qu'ils sont derrière pour tout .
    D'assaut a toujours su faire sensations sans l aide des autres.
    L'Allemagne achete tout sauf à la France
    Pourquoi continuer avec eux.Raz le bol de Macron et son Allemagne. On est français et on restera français pour nos entreprises

    • Et oui, Allemagne acheté tout sauf français. Désolant. Péût on imaginer une industrie militaire européenne? Laissons les faire leur avion et faisons le notre.

  • Pourquoi la France ne ferait-ellle pas cavalier seul et assurer le financement par souscription populaire ?
    Beaucoup de Français sont de grands épargnants et seraient fiers de participer à des projets ambitieux donnant à la France une place respectable.

    • Oui ouvrons une cagnotte leetchi pour financer l'armée française !!!
      Sérieusement on ne peut pas ouvrir une souscription pour tous les problèmes budgétaires du gouvernement.
      Et je ne savais pas que les français étaient si enthousiastes à se délester de leurs économies afin de renflouer les caisses de l'état !
      Mais Jocelyne et Jean-Pierre, rien ne vous empêche de faire un don à Bercy ...

    • Je suis tout à fait d'accord avec votre idée de souscription populaire française ce qui permettrait pour les personnes le désirant d'aider certains fleurons de nos cerveaux français concernant nos industries qui ont toujours été à la pointe de la technologie mais nous n'avons jamais su vendre nos pépites

      • Quand vous donnez l'argument qu' "on n'a jamais SU vendre", c'est un faux corollaire du jeu de puissance industrie finance car la réalité c'est qu' "on n'a jamais PU vendre" qui est in fine le but de guerre des affrontements avec des alliés, qui ne seront jamais comme on a trop tendance par naïveté gauloise à le croire, des amis comme les USA, l'UK et l'Allemagne au sein du bloc occidental...La seule bouée c'est gaullien, c'est encore un quant à soi hors des blocs mais avec des clients solvables en pétrodollars...et cela se tarit !
        On vend très bien (3eme exportateur mondial d'armements)...mais c'est plus difficile pour nous que pour d'autres...Mr Trappier a raison, on sait faire sans les autres ! La bombe, les fusees, les sous marins, le PA, Caravelle, Concorde, les Mirages, le Rafale, etc...On s'est montré comme on est bêtes car optimistes sur les autres (on ne craint qu'une chose, que le ciel nous tombe sur la tête...) alors qu'on se doit d'être pragmatiques jusqu'au cynisme !

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