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Syrie : les différentes options pour les frappes aériennes

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Martin R.

C’est désormais acté, des frappes militaires auront bien lieu en Syrie, sous peu. La coalition qui réunit les USA, la France et la Grande-Bretagne dispose d’un arsenal pour frapper le régime en place. Etat des moyens qui pourraient être mis en œuvre.

C’est désormais inéluctable. Le veto Russe à l’ONU n’y pourra rien changer, des frappes sont en préparation contre la Syrie. Les services de renseignement français, anglais et américains planchent fiévreusement sur la définition des dossiers d’objectifs à soumettre aux autorités politiques. En parallèle, les moyens d’une coalition se mettent peu à peu en place et certains sont déjà pré-positionnés, à l’instar des navires de guerre de la 6ème flotte américaine, lesquels croisent à proximité des côtes syriennes et des avions de combat, présents en Jordanie et en Turquie.

Echaudés par les guerres d’Irak et d’Afghanistan, il est clair que les USA ne veulent pas s’engager dans un conflit qui risque, une nouvelle fois, de se transformer en bourbier. D’un autre côté, le président Obama ne plus rester impassible après l’utilisation en Syrie d’armes chimiques. Dans ces conditions, il est probable que les frappes seront rapides et limitées dans le temps, et qu’elles viseront des objectifs militaires précis. Il pourra s’agir, en premier lieu, de centres de commandement et de communication, de dépôts d’armement et de moyens logistiques militaires (carburant, moyens de transport). A ceux-ci s’ajouteront des centres de décision politiques et probablement des bases aériennes et des radars de défense.

Pour ce faire la 6ème flotte lancera au moins une centaine de missiles de croisière conventionnels Tomahawk. Chacun est propulsé par un petit réacteur et est programmé. Il peut être tiré de sous-marins ou de navires de surface. Il affiche, suivant les versions, une portée de plus de 1.400 km. Son profil de vol typique comprend une vitesse de 800 km/h environ à très basse altitude. Il se guide grâce à une centrale inertielle hybridée GPS. Il dispose en outre d’un système de reconnaissance du terrain survolé. Sur certaines versions, en phase finale, un autodirecteur infrarouge « reconnaît » la cible à frapper. Ces missiles emportent, soit une très forte charge d’explosif, soit des sous-munitions. Ces sous-munitions à explosion immédiate ou différée sont pratiques pour rendre hors service une piste d’atterrissage par exemple.

Ces moyens, relativement économiques en vies humaines et en coût (on parle de 800.000 euros le missile), n’exposent aucun soldat américain aux défenses syriennes.
De par leur profil de vol, ces missiles sont également très difficiles à intercepter. Même si certains peuvent néanmoins être contrés par des systèmes sol-air syriens, il est probable que la grande majorité d’entre eux atteindront leurs objectifs.

L’autre option la plus probable pour une action immédiate repose sur le bombardier furtif B2. Cet avion invisible aux radars qui est aussi le plus couteux de l’histoire de l’aviation est en théorie capable de traverser impunément la Syrie.
Dans ses soutes, il peut emporter des dizaines de bombes à guidage GPS ou des missiles de croisière. De quoi achever les dernières défenses anti-aériennes en place dans le pays ou détruire une cible très importante comme un bunker présidentiel.

Une autre option consiste à utiliser les avions du groupe aéronaval américain.
On pense alors à un raid combiné impliquant des avions de surveillance radar E2 Hawkeye, des avions de brouillage EA6B Prowler pour aveugler les défenses adverses et des F/A 18 E/F pour effectuer les frappes au sol et détruire, au besoin, en vol les chasseurs adverses.
La panoplie du Super Hornet est probablement la plus complète qui soit. Ces avions disposent dans leur nez d’un puissant radar à antenne active. Ils sont prévus pour embarquer des missiles anti radar supersoniques AGM88, des bombes guidées et des missiles largués à plusieurs dizaines de kilomètres, des défenses anti aériennes de l’adversaire le tout, en conservant la capacité de se défendre avec des missiles anti aériens AIM-120 Amraam de 100km de portée.
Reste que ces avions lourdement chargés seront lents, et facilement détectables par la défense adverse pendant leur phase d’approche, d’ou la nécessité de disposer d’une couverture de brouillage assurée par les EA6B Prowler.

Un autre scénario prévoit également une participation britannique par le biais de missiles Tomahawk tirés de sous-marins, ainsi que des frappes de F-16 par plusieurs pays alliés à partir de la Jordanie et de la Turquie.
Israël pour sa part semble déjà avoir fait sa part du travail en détruisant au cours des dernières semaines plusieurs dépôts de munitions syriens lors de frappes aériennes ciblées de nuit.
Ces raids qui ont permis de détruire le stock de missiles antinavires supersoniques dernier cri « Yakhont » démontrent la capacité de l’Etat hébreu à pénétrer les moyens de défense syriens en tout impunité. Tel Aviv qui nie toute implication pourrait avoir employé des F-16 équipés de pods de brouillage de forte puissance, le tout avec l’assistance d’avions G550 « spéciaux » capables d’introduire de fausses informations dans les centres de défense adverses.

La grande inconnue est la capacité de réaction de la France. Pour l’heure la Marine Nationale ne dispose pas encore de l’équivalent du Tomahawk, le missile de croisière naval MDCN.
Il faudra donc acheminer des Rafale Marine armés de bombes AASM et de missiles Scalp avec le porte-avions Charles de Gaulle, une opération qui prendra plusieurs jours. A moins que l’Armée de l’air ne décide d’opérer à partir de bases aux Emirats Arabes Unis, en Turquie ou en Jordanie…

En théorie, la Syrie est bien armé. Mais ses moyens ne sont pas de toute première jeunesse et l’état de préparation des défenseurs est sujet à caution. Les moyens les plus modernes de défense sont tous de conception russe. Le plus redoutable d’entre eux est le S300 PMU, plus communément surnommé SA-10 par l’OTAN. En théorie ce système, qui est l’équivalent du « Patriot » américain en mieux est capable de détruire tout appareil ennemi dans un rayon de 120 km ou un missile dans un rayon de 40 km. Il repose sur un radar de veille longue portée, un centre commandement et de coordination, un radar de poursuite et plusieurs lance missiles très mobiles. Ces systèmes de conception ancienne sont néanmoins difficiles à contrer par les systèmes d’autoprotection classiques des avions de combat.

Vient ensuite le SA-11. Ce bouclier d’une portée de 40 km environ est capable de contrer des avions, des hélicoptères ou des missiles avec un taux de réussite théorique voisin de 95%. A plus courte portée, les systèmes Pantsir, associent des canons à tir rapide et des missiles très courte portée. Ce système se veut très résistant au brouillage. Il est donc redoutable pour tout aéronef évoluant en vol tactique. N’oublions pas non plus les missiles à guidage infrarouge SA-18 mis en œuvre par les fantassins. D’une portée de 4 km environ, ils s’avèrent redoutablement efficaces contre des avions lents ou des hélicoptères mal protégés.

En l’air, la Syrie peut mettre en en œuvre des avions d’attaque supersoniques SU-24, et des chasseurs MIG-29 et MIG23. Des appareils performants sur le papier mais qui, s’ils n’ont pas fait l’objet d’un programme de remise à niveau, ne risquent pas de peser très lourd face aux moyens de la coalition. A cela s’ajoute une inconnue, l’état de préparation des pilotes et des matériels.

La dernière inconnue de cette équation complexe est l’importance de l’assistance russe. En effet, la chute d’un avion furtif F117 en Serbie a prouvé qu’un moyen de défense russe obsolète, moyennant un minimum de remise à niveau, pouvait contrer efficacement les moyens les plus modernes « made in USA ».

Quelque soit l’état des forces en présence, l’Histoire contemporaine nous a appris qu’une guerre n’est jamais gagnée d’avance.

La rédaction

Bombardier américain furtif B2
Missile de croisière Tomahawk
F/A 18 Hornet
SA-10 et SA-11 syriens
SU-24
Mig-29
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Martin R.

Martin R. est le développeur et webmaster d’Aerobuzz depuis sa création en 2009. Développeur de formation, il a fait ses classes chez France Telecom. Il lui arrive d’oublier ses codes le temps de rédiger un article sur un nouveau produit multimedia ou sur un jeu.

View Comments

  • Syrie : les différentes options pour les frappes aériennes
    Combien d'avions modernes Syriens sont réellement opérationnels ?
    Les avions russes nécessitent une grosse maintenance, avec un stock à jour des pièces de rechange, et cela coûte très cher. Combien d'avions magasins sont cloués au sol pour permettre la remise en état de vol d'avions non modernisés ?
    Si les Israéliens ont attaqué des objectifs Syriens sans être inquiétés, leurs alliés américains pourront compter sur eux pour en faire de même !
    Pour les Français, c'est le bon moyen de tester son missile "Scalp" en opération, comme ce fut le cas pour le fameux "Exocet" aux Malouines .
    Cela peut être bon pour notre commerce extérieur !

  • Syrie : les différentes options pour les frappes aériennes
    En attendant, à Londres, le fantôme de Chamberlain rôde.

  • Syrie : les différentes options pour les frappes aériennes
    tout cela et bien regrétable, donc l'armada aérienne va se mettre en place, en
    espérant que des civils dans ce conflit ne soit pas pris dans ces opérations chirurgicales bien entendu!!!!! mais cela c'est une autre histoire.

  • ce n'est pas encore gagné ...
    Il y en a qui vont peut-être avoir des surprises ...
    Personnellement je considère les Russes comme nos amis, et les américains comme l'ennemi. Voyagez-un peu, parlez aux uns et aux autres, posez-vous quelques questions, intéressez-vous à l'histoire...
    et on est nombreux en France à penser comme ça !
    Au Vietnam aussi les ricains sont partis sur un coup de provocation, un montage ... et on a vu ce que cela a donné au final. C'est tout ce que je leur souhaite.

  • Syrie : les différentes options pour les frappes aériennes
    QUAND JE VOIS TOUS CES "OISEAUX DE MORT" JE ME DIS QUE ÇA VA ENCORE FAIRE DES VICTIMES SUPPLÉMENTAIRES ET SOUVENT INNOCENTES.

  • Syrie : les différentes options pour les frappes aériennes
    C'est très bien, ça fait remonter les cours de l'or et ça arrange plein de gens. Continuez.

  • Syrie : les différentes options pour les frappes aériennes
    En réponse à votre question il est probable que des drones de surveillance soient utilisés. Les informations concernant leur emploi sont inexistantes. Du coup on peut sans trop se tromper penser que les drones soient utilisés depuis des semaines en restant à distance de sécurité des défenses anti- aériennes.Ils sont probablement utilisés pour recuillir des donnes SIGINT et optiques. Après les frappes le role des drones sera vital pour l'estimation des dommages infligés (le battle damage assessment) enfin une fois les défenses détruites il sera toujours possibles de déployer des drones armés en permanence sur le territoire syrien pour appuyer les rebelles. Les drones de type Reaper sont très efficaces mais ils sont vulnérables aux attaques de systèmes sol-air ou aux actions des chasseurs. J'espère avoir répondu à votre question, merci pour votre intérêt.

  • Syrie : les différentes options pour les frappes aériennes
    Et les drones dans tout ça?!
    Alors qu'on mettait en avant leur rôle déterminant en Afghanistan et leur absence pénalisante au Mali. Qu'en est-il ici dans le cas de la Syrie?
    On suppose que ces moyens sont déjà engagés depuis le début du conflit syrien a minima pour des missions de renseignement....

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