Les exportations du Rafale et le passage progressif à la cadence de fabrication de deux avions par mois irriguent toute la chaine des fournisseurs avec à la clé des investissements et des embauches… D’Etrelles (Ille-et-Villaine) à Mérignac (Gironde), illustration avec Thales et une pièce maitresse de l’avion, le radar RBE2 à antenne active (AESA).
La fabrication du radar commence à Etrelles, à mi-chemin entre Rennes et Laval. Installé dans un bâtiment discret, le site abrite le centre de compétence en microélectronique de l’équipementier et ses 570 employés. L’activité y est consacrée à 50% au radar RBE2 AESA du Rafale et s’exerce dans les 1.800 m2 d’une « salle blanche » où l’on traque les poussières tout autant que l’électricité statique.
Une technologie maitrisée
Robots, petites mains et binoculaires se partagent le travail d’assemblage de puces savantes à peine plus grosses que les parasites suceurs de sang. L’assemblage des circuits imprimés donne progressivement naissance à des cartes de plus en plus complexes, avec en bout de ligne le RBE2 AESA, ses processeurs de traitement du signal et ses centaines de modules émetteurs-récepteurs indépendants.
Rappelons également qu’un radar à antenne active ne contient plus de pièce en mouvement : le balayage mécanique de l’antenne est remplacé par le déphasage des modules, l’indépendance de ces derniers permettant également la poursuite simultanée de taches différentes. Une technologie maitrisée par très peu de pays, avec au bout du compte un radar bien plus performant et plus fiable que ses prédécesseurs.
Poursuite de la montée en cadence
Depuis la confirmation des commandes export du Rafale, Egypte, Qatar et Inde, Etrelles a rapidement changé de braquet pour être au rendez-vous de la cadence 2 décidée par Dassault. « Nous produisions 1,2 radars par mois en 2015, nous sommes passés à 2 par mois en 2016 et nous serons entre 2 et 2,2 par mois cette année, avec une visibilité qui va pour l’instant jusqu’en 2019 » précise Eric Normand, directeur du site.
La salle blanche est en cours d’agrandissement (elle passe de 1.800 à 2.300m2), avec des robots et des postes de travail supplémentaires. Plus important encore, Thales a beaucoup recruté ces derniers mois, avec 140 créations de postes dont 50 opérateurs pour la salle blanche. Une vingtaine de postes devraient encore être créés en 2017 pour achever ce mouvement de montée en puissance.
Difficultés de recrutement
« Le particularisme de nos métiers nous impose de former nous-mêmes nos opérateurs explique Eric Normand. Nous ne regardons pas les CV des personnes que nous recrutons, nous recherchons avant tout une certaine dextérité et une application sans faille dans le travail ». L’Ille et Vilaine connait un niveau de chômage très inférieur à la moyenne nationale et on reconnaît à Etrelles avoir du mal à recruter.
Il aura fallu nouer un partenariat solide avec Pole Emploi pour trouver des candidats. « Les métiers de l’industrie et de la mécanique de précision embauchent. Le problème, c’est le recrutement reconnaissent à l’unisson les fournisseurs et partenaires bretons de Thales. L’électronique attire les ingénieurs mais pas assez les techniciens et les opérateurs. Nous manquons de volontaires, il y a un déficit d’information vis à vis des jeunes mais aussi une myopie des pouvoirs publics qui tardent à ouvrir les vannes en créant les classes et les sections adaptées… »
Sélection et formation
Les recrutements de Thales se sont donc traduits par l’embauche à Etrelles d’une fleuriste, d’une comptable, d’un chauffeur routier… Pole Emploi a réalisé un premier écrémage (un candidat sur deux environ) avec quelques tests permettant de mesurer la capacité de chacun à comprendre un schéma, à faire preuve de logique.
La suite de la sélection s’est faite dans les locaux de Thales au cours d’une semaine d’observation, l’accent étant mis cette fois sur la dextérité. Un candidat sur trois a été recalé à ce niveau. Les autres ont continué avec 400 heures de formation totalement réalisées in situ, avant d’être lâché en production sous le contrôle d’un tuteur.
Après l’étape bretonne, les radars sont expédiés à Mérignac dans les locaux flambant neufs du « campus » Thales. Chaque radar est minutieusement testé, calibré et contrôlé au cours d’un processus qui dure près de deux mois. Après, il suffit de traverser la route pour rejoindre l’usine Dassault et le hall d’assemblage des Rafale.
Le Campus Thales dans la boucle
Le Campus de Thales s’est également mis en ordre de marche pour faire face à l’augmentation des cadences : de nouveaux bancs d’essais ont été installés. « L’outil industriel était configuré pour cette montée en puissance, on a anticipé l’exportation de l’avion et joué gagnant » explique Pierre-Emmanuel Raux, directeur du site. S’il le fallait, Mérignac pourrait même livrer trois RBE2 par mois à Dassault. Mais on n’en est pas encore là : Thales prévoit la livraison de 22 radars en 2017, tous destinés à l’exportation.
La France n’a pour l’instant commandé que 60 RBE2 à antenne active (les premières tranches d’avions commandés sont équipées de RBE2 à balayage « passif »). Les 32 premiers ont été livrés et les 28 autres ne le seront qu’après 2020, quand les clients exports seront servis.
Frédéric Lert
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