Le traditionnel rendez-vous des unités « tigre » de l’Otan s’est tenu cette année sur la BA 118 de Mont-de-Marsan. Au-delà du folklore des animaux rayés en jaune et noir, le rassemblement a été l’occasion de conduire des entrainements d’un très haut niveau.
« And the winner is… Esquadra 301 ! » Musique, jeux de lumières, ambiance de fête et applaudissements nourris dans le grand hangar de la BA 118 : les « Jaguares » de la force aérienne portugaise viennent de décrocher le « Silver Tiger Trophy » qui récompense l’unité s’étant la plus illustrée pendant les deux semaines d’exercice.
L’heure des célébrations du Tiger Meet est toujours un grand moment. Mais qu’on ne s’y trompe pas : c’est l’arbre du Tiger Spirit qui cache la forêt du travail acharné. Avant d’être une réunion de fauves, le Tiger Meet est un exercice aérien d’un très grand niveau d’exigence.
Quelques chiffres tout d’abord : près de 1.500 personnes accueillies sur la BA 118 pendant les deux semaines d’exercices : 700 français (équipages et militaires venus en soutien) et 800 étrangers. Le montage d’un Tiger village, avec des shelters individuels pour chacune des unités présentes.
La quasi totalité des hôtels de la région réquisitionnés pour accueillir tout ce petit monde et, sur les parkings, une trentaine d’avions étrangers : F-16 belges et portugais, F/A-18 espagnols, Typhoon italiens, Saab 105 autrichiens, Tornado allemands et hélicoptères britanniques et italiens. Et puis un large contingent français avec Rafale, Mirage 2000D, hélicoptères de l’Alat et même la frégate de défense aérienne Jean Bart de la Marine nationale. Avec tous comme point commun de représenter une unité « Tigre ».
Pour pallier l’absence des Polonais, des Hollandais et des marins français de la flottille 11F excusés pour cause d’activité opérationnelle du Charles de Gaulle, l’armée de l’Air a également rameuté les Alphajet de l’escadron 3/8 Côte d’Or. Dans les airs, une zone d’exercice grande comme trois départements a été créée sur l’Atlantique, au large de la côte landaise.
La liberté de manœuvre est totale pour les dizaines d’avions engagés, « du niveau de la mer jusqu’à la Lune » précise un pilote, avec la possibilité de passer supersonique à 20 nautiques du trait de côte. Tous les participants sont bluffés par l’espace aérien mis à leur disposition…
L’intensité de l’exercice se reflète dans la complexité des missions. Tous les matins les fauves sont lâchés avec le décollage d’une bonne trentaine d’appareils constituant une COMAO massive.
La COMAO, pour COMbined Air Operations, c’est le truc de l’Otan : un train de plusieurs dizaines d’appareils échelonnés à la seconde près et qui convergent vers un même objectif pour l’assommer. En tête, les avions de supériorité aérienne pour nettoyer le ciel des chasseurs ennemis. Derrière eux, les avions de suppression des défenses anti aériennes suivis de près par les bombardiers. C’est la recette pour une bonne « entrée en premier », c’est à dire un grand coup de pied dans la porte donnant accès à une maison fortement défendu…
Face à la COMAO, la force rouge du jour, épaulée par les Alphajet du Côte d’Or (ceux-ci participeront toutefois à une COMAO dans l’équipe des bleus…). Au sol, depuis Rochefort jusqu’à la Pointe de Grave et Captieux, plusieurs batteries de missiles pour simuler la défense sol-air ennemie : « Mamba » français de l’escadron de défense sol-air (EDSA) « Sancerre », Crotale NG de l’EDSA « Crau », SA-6 venu du polygone de guerre électronique, SA-8 simulé et Smokey SAM (fusées fumigènes simulant le tir d’un missile portable).
Chaque jour le scénario de la mission change, un nouveau Mission Commander est désigné et les avions font jouer leur polyvalence pour s’adapter au nouveau rôle qui leur est donné. Après les COMAO complexes du matin, les après-midis sont consacrés à des Shadow Wave : des missions moins complexes et plus accessibles aux jeunes pilotes, engageant moins d’appareils, mais avec une très grande diversité de scénarios : raid de sauvetage au combat, appui feu, combat air-air en un contre un, deux contre quatre et même plus : des mêlées furieuses à douze contre huit sont également organisées dans les zones d’entrainement.
Tous les avions des forces bleue, les gentils assaillants, simulent l’emploi de leurs propres missiles : MICA, AMRAAM, AIM-9X, IRIS-T… Les « rouges », les méchants, simulent quant à eux le tir de missiles génériques. Chaque jour, un Learjet de la société allemande GFD décolle en premier et part se mettre en place pour brouiller les communications des assaillants et tenter de semer la confusion dans leurs rangs.
Pour simuler le brouillage du réseau de liaison de données, les COMAO ont parfois interdiction d’utiliser la liaison L16. Tout se passe sous l’œil scrutateur d’un AWACS, tantôt un appareil de l’OTAN, tantôt un avion de la 36ème EDCA stationnée à Avord. Nouveauté de l’édition 2019 du Tiger Meet, un drone MQ-9 Reaper de l’escadron de drones 1/33 Belfort est également engagé sur les missions à dominante air-sol.
L’intérêt du NTM 2019 a également résidé dans les capacités d’animation et de restitution en temps réel des missions. Connectés sur le réseau L16 et renseignés par l’Awacs, l’Air Boss et ses adjoints (les Range Training Officer) suivent seconde par seconde les évolutions des appareils et le déroulement des combats. Ils évaluent le résultat des combats virtuels, ont droit de vie et de mort sur les participants et font évoluer la mission en temps réel afin de respecter les objectifs d’entrainement de chacun.
De retour au sol, la mission est disséquée minutieusement en présence de tous les acteurs, puis au sein de chaque patrouille. Un travail de fourmi qui fait du Tiger Meet un exercice très attendu non seulement pour l’esprit de camaraderie (le fameux Tiger Spirit…) qui s’en dégage, mais aussi pour son très haut niveau de réalisme !
Frédéric Lert
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Dommage....pas de photos des Rafales de la 11F ...?
Ah, Dieu ! Que la guerre est jolie !
Comment expliquer votre concept (@tonton volant) à ceux qui agissent avec des kalash sur le terrain et à leurs parrains financeurs ?