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Défense

Trump confie à Boeing la réalisation du futur chasseur F-47

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Frédéric Lert

L’élément piloté du programme NGAD, Next Generation Air Dominance, s’appellera F-47 et sera conçu et fabriqué par Boeing. Une annonce explosive faite par Donald Trump himself depuis le bureau ovale de la Maison Blanche. Le perdant, Lockheed Martin, est pourtant l’avionneur possédant aujourd’hui la plus grande expérience dans la conception et la fabrication des chasseurs furtifs.

On ne l’attendait plus, eh bien le voici ! Depuis juillet 2024, le programme NGAD était officiellement suspendu, le temps d’en examiner le coût et surtout l’intérêt. Le voilà remis en selle par Donald Trump qui a présenté l’avion entouré du général David Allvin chef d’état major de l’US Air Force et de son ministre de la défense Pete Hegseth. 

Faisant un bon usage de son goût inné pour la boursouflure, le président américain a précisé à qui aurait pu en douter, et devant une poignée de journalistes triés sur le volet, que le futur F-47 sera « le meilleur du monde et le plus performant (…) un avion comme on n’en a jamais vu auparavant (…) sans aucun concurrent en terme de vitesse, de manœuvrabilité, de capacité d’emport ». Il aura « plus de puissance qu’aucun autre avion avant lui » a poursuivi le président américain, avant d’ajouter que « sa vitesse est top, au delà de 2 » (comprendre au-delà de Mach 2). En bref, le F-47 sera « le meilleur, le plus avancé et le plus létal jamais construit ». Il n’a pas été précisé qu’il sera aussi sans doute le plus coûteux à concevoir, à fabriquer et à entretenir.  

Le Président Donald J. Trump et son ministre de la Défense Pete Hegseth ont révélé que le prototype NGAD de Boeing volait déjà depuis 5 ans. Il en va sans doute de même pour celui de Lockheed-Martin qui n’aura, pour sa part, pas de suite. © US Department of Defense

Moins à l’aise dans l’amphigouri que son patron, le général Allvin a précisé quant à lui que le F-47 coûterait moins cher que le F-22 (on prend les paris) et qu’il serait « plus adaptable face aux menaces futures ». De plus, a-t-il ajouté, le nouveau chasseur présentera « une plus grande autonomie, une furtivité plus avancée, il sera plus facile à entretenir et il offrira une plus grande disponibilité que nos avions de cinquième génération. (…). Son déploiement exigera par ailleurs bien moins de personnel et d’infrastructure ». Tout ceci pour dire qu’il aurait été impensable finalement que les Etats-Unis restent les bras ballants devant la compétition internationale, c’est-à-dire chinoise. 

Boeing et Lockheed Martin étaient en compétition feutrée dans ce programme, ni l’un ni l’autre n’ayant ouvertement reconnu ce face à face. Northrop Grumman s’était quant à lui retiré de la course en juillet 2023, réservant ses forces pour d’autres programmes, et notamment l’industrialisation du B-21 et pourquoi pas un futur chasseur embarqué pour l’US Navy. 

De la conception à la production jusqu’à l’entretien pendant quelques décennies, c’est une manne de plusieurs centaines de milliards qui va tomber dans les coffres de Boeing, à condition toutefois que le programme aille à son terme. L’avionneur américain peut sans aucun doute remercier Pékin pour avoir habilement su créer ce besoin pour un avion avant tout taillé pour le Pacifique. 

Si l’on en croit les pauvres images montrées, l’accent est mis sans surprise sur la furtivité radar avec une forme très plate et possiblement l’absence de dérives. Le F-47 devra aussi pouvoir emporter  beaucoup de carburant, des missiles à long rayon d’action, il devra pouvoir travailler en réseau avec ses pairs et avec les drones de combat. 

Le communiqué de Boeing laisse quant à lui apparaitre un engin qui semble équipé d’une voilure affichant un dièdre  positif marqué. De quoi rappeler le démonstrateur technologique YF-118G Bird of Prey qui avait volé entre 1996 et 1999 ou bien, plus près de nous, le model 401 construit par Scaled Composites au profit d’un client qui n’avait pas été nommé. 

L’image, qui ne dit rien de la flèche de la voilure, semble aussi montrer des plans canards à l’avant, ce qui ne représente pas une solution optimale en terme de furtivité radar mais qui s’impose peut-être pour compenser d’autres choix aérodynamiques. On pense là au X-36, démonstrateur de taille réduite et signé McDonnell Douglas qui vola en 1997. A moins qu’il ne s’agisse là encore que d’une opération d’enfumage, à l’image de l’atmosphère dans laquelle baigne le sus-dit avion dans les illustrations fournies. Par ailleurs, rien n’est dit ni montré sur les entrées d’air qui sont des indicateurs essentiels du niveau de performance attendu. 

Terminons pour la bonne bouche avec les quelques informations pertinentes révélées par Donald Trump et le général Allvin. Ceux-ci ont confirmé que le démonstrateur de Boeing volait depuis cinq ans, et sans aucun doute en allait-il de même à une ou deux années près avec celui de Lockheed Martin. C’était effectivement une rumeur qui revenait avec insistance depuis 2020. 

Plusieurs centaines d’heures de vol auraient été accumulées, sans que l’on sache si les démonstrateurs ont volé également avec des réacteurs de nouvelle génération, ceux-ci étant essentiels pour donner le niveau de performances et l’autonomie recherchés. Le NGAD est d’ailleurs un programme tout aussi essentiel pour les motoristes (Pratt&Whitney et General Electric) que pour les avionneurs. Donald Trump a ensuite expliqué qu’il ne serait pas fâché de voir l’avion entrer en production avant la fin de son mandat, en janvier 2029. Gardons le meilleur pour la fin avec ces propos présidentiels sidérants sur « les alliés qui appellent sans cesse pour chercher à obtenir une version export de l’avion ». 

Comme un bon appartement exposé plein sud avec terrasse et parking, le F-47 serait donc « un vrai coup de coeur à saisir ».  Quitte à ce que l’avion exporté soit moins capable que la version américaine car, précisait Donald Trump, lucide sur l’impact international de sa propre politique, « les alliés d’aujourd’hui pourraient bien un jour ne plus être nos alliés ».  

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Il fallait sauver le soldat Boeing, la division avions civils ayant pris l'eau de toutes parts ...

    Pour ce qui est de l'avenir je reste circonspect, la guerre en Ukraine ayant bouleversé la guerre dans le ciel.
    Les drones qui seront conçus dans une décennie pourraient bien mettre un terme aux avions pilotés par un humain. Ou bien le F-47 sortir des ateliers sans pilote.
    Tout bouge très vite en ce moment.

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Frédéric Lert
Tags: BoeingNGAD

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