Le site américain The War Zone a récemment exposé l’utilisation des ULM Aeroprakt construits en Ukraine dans la chasse aux drones. Un grand retour vers le futur…
Le 5 octobre 1914, installé dans un Voisin III 100cv piloté par le sergent Frantz, le caporal Quenault, mécanicien observateur, abat en plein vol un Aviatik allemand. C’est la première victoire aérienne de l’histoire. 110 ans plus tard, les Ukrainiens lancent des ULM Aeroprakt A-22 (d’une puissance assez proche de celle du Voisin !) dans la chasse aux drones de reconnaissance russes. Epouvantée par la violence et l’ampleur des combats en Ukraine, l’histoire bégaie. Depuis plus de deux ans, les Ukrainiens développent sans relâche des solutions techniques innovantes et sans à priori techniques pour contrer la force brute de l’adversaire.
Un des problèmes posés à Kiev est la lutte contre les drones de reconnaissance. L’espace aérien est vaste et la ligne de front trop étendue pour garantir une étanchéité totale face aux appareils de reconnaissance de Moscou. En d’autres termes, les appareils russes donnent parfois l’impression de survoler impunément les bases aériennes et sites de défense sol-air ukrainiens.
Le problème est que ces dernières semaines, chaque survol se traduit à un moment ou à un autre par un tir de missile balistique Iskander sur les coordonnées géographiques fournies par les drones. Kiev a déjà perdu plusieurs équipements de valeur, avions de combat, lanceurs de missiles sol-air, radars de surveillance ou de tir, par la faute de ces mouchards. Une situation insupportable alors que se prépare l’arrivée des premiers F-16.
L’enjeu pour l’Ukraine, mais le raisonnement est aussi valable dans une certaine mesure pour les Russes, est de trouver une parade qui soit militairement efficace et économiquement soutenable sur le long terme. Tirer un missile Patriot contre un drone de surveillance n’est pas une option satisfaisante.
On a vu ces derniers mois qu’une des réponses apportées était l’emploi de Yak 52 d’entrainement avec un tireur installé en place arrière. En Russie, on utilise depuis plusieurs mois déjà des hélicoptères pour faire la chasse aux drones maritimes. La réponse s’affine à présent avec l’engagement des ULM de fabrication ukrainienne.
Ces ULM ont été déjà utilisés comme missiles de croisière du pauvre, avec un dispositif de navigation autonome pour remplacer le pilote, un réservoir supplémentaire et une charge miliaire de plusieurs dizaines de kilogrammes. Les voici maintenant engagés comme avions de chasse. Comparés aux Yak 52, ils présentent l’avantage d’être fabriqués sur place, d’être plus simple et moins coûteux à mettre en oeuvre.
La position en côte à côte permet sans doute une meilleure coordination entre le pilote et le tireur. Un avantage majeur réside toutefois dans la position haute de la voilure, qui permet d’attaquer le drone par le haut avec un champ de tir relativement bien dégagé et à priori sans être aperçu par l’engin visé. Les images diffusées, prises pendant un vol d’entraînement montre que la porte n’a pas été démontée, le tireur passant l’arme et son avant bras dans une ouverture assez large.
La place est toutefois assez comptée dans l’appareil et le vent relatif sur la partie de l’arme exposée n’améliore pas la stabilité de la visée… Le montage est donc pour l’instant assez empirique mais on peut parier qu’équipements et procédures vont rapidement évoluer.
Il sera également intéressant de voir quel emploi les Ukrainiens feront de leurs appareils. Ceux-ci seront sans doute basés au plus près des cibles pour pouvoir intervenir rapidement. Décolleront-ils « sur alerte » ou seront ils au contraire engagés dans des patrouilles assurant une certaine permanence en vol ? Comment se fera la coordination avec la défense sol-air, une capacité « combat de nuit » sera-t-elle développée ? Question plus vaste encore, l’emploi d’aéronefs pilotés n’est-il que transitoire avant le développement de drones chasseurs de drones ? Les Russes développeront-ils de leur côté des équipements de protection pour leurs drones, installeront-ils une caméra pour surveiller les « 6 heures » de leurs engins, et pourquoi pas un armement défensif. Engageront-ils des drones d’escorte ? Beaucoup de choses restent à inventer, comme en 1914 !
La tour de contrôle centrale de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle est en travaux. Fin… Read More
Depuis plus de quatre décennies, le Pilatus PC-7 constitue la pièce maîtresse de la formation… Read More
On a rarement vu une compagnie aérienne aussi bien préparée à déposer le bilan que… Read More
Dans un roman, Jean Rousselot raconte à la première personne du singulier la carrière militaire… Read More
Textron Aviation a livré à l'armée de l'air péruvienne le premier de 2 Beechcraft King… Read More
Il était le candidat malheureux de Sikorsky et Boeing face au V-280 Valor de Bell… Read More