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Défense

Un drone de combat aux côtés du Rafale F5 pour la France

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Frédéric Lert

Les grands anniversaires sont prétextes à de grandes annonces. A l’occasion des 60 ans des Forces Aériennes Stratégiques, le ministre des Armées a annoncé le lancement d’un programme de drone de combat français. Un programme qui s’annonce essentiel pour les années à venir, et pas seulement d’un point de vue opérationnel.

Ce programme de drone, qui évoluera en binôme avec le futur Rafale au standard F5, a été confié en bonne logique à Dassault Aviation qui en connait déjà un rayon en la matière.

« Ce drone de combat furtif, concomitamment au Rafale F5, contribuera à la supériorité technologique et opérationnelle des ailes françaises à partir de 2033″  a expliqué Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation. « (Ce drone) sera complémentaire du Rafale et adapté au combat collaboratif. Il incorporera des technologies de furtivité, de contrôle autonome (avec l’humain dans la boucle), d’emport en soute, etc. Il sera doté d’une grande polyvalence et conçu pour pouvoir évoluer en fonction des menaces futures » ajoute le communiqué de presse de Dassault Aviation qui rappelle également l’expérience acquise avec le nEuron.

Pour rappel, le nEUROn a été conçu dans le cadre d’un programme européen (il fallait bien trouver des sous quelque part…), sous la maitrise d’œuvre de Dassault Aviation, avec comme partenaire Ruag (Suisse), Saab (Suède), Leonardo (Italie), HAI (Grèce) et la filiale espagnole d’Airbus Defence & Space.

Avec 12 mètres d’envergure et 9 mètres de long pour 4,9 tonnes à vide, le nEUROn se présente comme un petit Mirage 2000 propulsé par un réacteur Adour (moins de 3 tonnes de poussée). Démonstrateur technologique, sa capacité d’emport et son autonomie sont très limitées.

L’appareil a parfaitement rempli son contrat avec près de 200 vols à son actif depuis son premier décollage fin 2012. Il aurait continué à voler ces dernières années sur un rythme plus lent, sans doute au profit de sa future descendance…

La principale qualité du nEUROn est de n’avoir jamais connu d’accident. Prototype unique par la force d’un budget limité, il a survécu aux essais et c’est un très bon point pour les équipes de Dassault qui faisaient face à des contraintes fortes : aile volante, sans dérive, avec pour le manœuvrer dans toutes les phases du vol seulement quatre gouvernes mobiles. Dassault maitrise parfaitement le sujet des commandes de vol, ce n’est pas un scoop.

Tout ceci augure bien du futur drone de combat dont on peut supposer, puisque le feu vert est donné aujourd’hui, que des études préliminaires ont commencé en toute discrétion il y a au moins quelques mois ou années… Peut-on dresser aujourd’hui son portrait robot ? Une certitude, il reprendra la forme d’aile volante, la seule permettant d’accéder à un très haut niveau de furtivité. Pour emporter plus de carburant et de munitions que le nEUROn, il sera nécessairement plus gros et plus puissant. Un M88 sans post combustion pourrait sans doute faire l’affaire pour la propulsion.

Qu’apportera le futur appareil dans moins de dix ans ?

Il ne faudra sans doute pas voir en lui un avion de chasse dans le sens traditionnel, mais plutôt comme un prolongement du Rafale qui sera donc à ce moment là au standard F5. On ignore encore le niveau précis d’ambition de ce futur Rafale. L’avion, déjà à l’étroit dans son costume de première communion, sera-t-il légèrement agrandi ? Il semblerait que ce soit une exigence pour accueillir le futur missile nucléaire ASN4G qui viendra remplacer l’ASMPA.

Le Rafale gardera également les capteurs qui lui permettront de disposer d’une bonne connaissance de son environnement proche et lointain. Le ou les drones de combat voleront à quelques dizaines de nautiques devant lui ou sur les côtés. Extrêmement furtif, silencieux d’un point de vue électromagnétique, le drone évoluera de manière autonome ou recevra des instruction du Rafale placé à distance de sécurité. Porteur de missiles air-air ou air sol, le drone pourra frapper sans avoir été repéré. La mise en service d’un tel appareil augure d’un bouleversement profond du combat aérien.

Plus intéressant encore, ce drone de combat va permettre de prolonger la carrière du Rafale en France et à l’exportation en démultipliant ses capacités opérationnelles. Accessoirement, il donnera du grain à moudre au bureau d’études de Dassault Aviation.

Les futurs clients disposeront d’un tandem, Rafale et drone, dont l’emploi pourra être modulé en fonction de la situation tactique et du niveau de menace anticipé. Le tandem sera exportable à condition que le drone soit une production 100% française, comme le Rafale. Ce qu’il faut espérer.

Il permettra à la France de préserver son autonomie stratégique et de se dégager des sables mouvants du SCAF, ou tout au moins de gagner du temps face aux aléas d’une coopération qui perd chaque jour un peu plus de son sens. C’est donc une voie royale qui s’ouvre pour la France et pour Dassault.

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Vous décrivez le drone du futur chevalier servant du pilote de combat.
    Considérant les progrès de l'IA on peut raisonnablement supposer que les capacités d'acquisition de données et leur vitesse de traitement supérieure à l'humain feront du drone humanoïde le chef de patrouille, puis rendra obsolète le chasseur piloté par un humain
    Qui, il y a 30 ans, aurait imaginé une AppleWatch, téléphone, photo, ECG, web, etc, etc ....
    Qui aurait imaginé il y a 2 ans qu'un char Abrams à 12 millions de dollars pièce serait détruit par un drone à 2000 € ...
    Il faut d'ores et déjà prévoir une petite place au musée de l'Air et de l'Espace pour le Rafale ...
    Hélas !

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Frédéric Lert

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