Tupolev (UAC) relance la production du bombardier stratégique Tu-160 Blackjack dans ses usines de Kazan, capitale du Tatarstan : le 1er Tu-160 produit depuis 24 ans, sortira d’usine à la mi 2019. Histoire d’une renaissance.
Le Tu-160 est un bombardier stratégique de 54,1 m de long, dont les ailes à géométrie variable, déployées à 20°, ont une envergure de 55,7 m. Il est doté de quatre moteurs Kuznezov NK-32 de 24,9 t. de poussée chacun (avec PC), assemblés sous la cellule en fuseaux de deux.
Il monte à 15.600 m, évolue jusqu’à 2.200 km/h, et emporte 40 t. de missiles sur une distance de 12.000 km. Les quatre navigants sont brêlés sur des sièges éjectables Zvezda K-36. Les russes le nomment « Белый лебедь » (cygne blanc), mais l’OTAN lui a donné le code « Blackjack ». En 2019, 15 Tu-160 demeurent aux avant-postes du dispositif de dissuasion russe, chacun avec 12 missiles de croisière Kh-55 SM de 3.000 km de portée.
Le Tu-160 est né sous l’étoile rouge. Le prototype a volé en 1981, et en 1984, sa production était lancée à Kazan. Au total, ce sont 36 Tu-160, prototypes compris, qui auraient été assemblés partiellement, ou complètement, au Tatarstan. Mais seuls 25 avions sont entrés en service en URSS. 19 ont été livrés à Priluki en Ukraine, et 6 autres, dans un second régiment basé à Engels.
En 1992, Boris Eltsine, Président d’une Russie en quasi faillite, décidait d’abandonner le programme, alors que 100 Tupolev avaient été promis sous l’ère Gorbachev. En 2007, l’Ukraine en a restitué 8 à la Russie, et en a détruit 11. Finalement, la totalité des Tu-160 opérationnels ont été regroupés à Engels. A ce jour, seuls 15 avions restent opérationnels aux côtés des Tu-22 M et Tu-95 MS, dans les forces stratégiques.
En avril 2015, l’Etat russe a décidé d’optimiser le flotte d’Engels. Lancer le développement coûteux d’un nouveau type de bombardier n’aurait pas été significatif en gain de performances, en comparaison avec l’exploitation de Tu-160 qui pouvaient être modernisés pour assurer la parité stratégique avec les USA.
Le 16 novembre 2017, un Tu-160 M1, le « Pyotr Deynekin » sortait d’usine à Kazan. Assemblé à partir d’éléments et de moteurs préexistants à la reprise du programme, il était doté d’une avionique nouvelle. Le « Deynekin » a servi de moteur de relance de la chaîne d’assemblage, et de « proto » pour valider le standard M1.
Fort de cette dynamique, l’Etat russe a commandé 10 Tu-160 M, le 25 janvier 2018. Personne n’a dit clairement, s’il s’agissait « d’upgrades » des avions en service, d’une commande d’avions neufs, ou d’un « mix » des deux. On sait que sur les 15 Tu-160 en service, certains seront modernisés en M1. Mais les avions neufs seront des Tu-160 M2 dotés de moteurs NK-32-02M2 offrant un gain de rayon d’action de 1.000 km.
Le système du M2 comprendra une nouvelle navigation, un cockpit à écrans LCD, et une liaison avec les forces déployées en vol, ou au sol. Le M2 emportera le Kh-101 (Kh-102 en version nucléaire) de 2.500 km de portée, et le Kh-555, pour les frappes conventionnelles sur 3.500 km. D’autres commandes sont attendues.
A terme, la flotte totale annoncée, est de 50 avions. En 2027, 35 Tu-160 auront été livrés neufs au standard M2, tandis que les 15 vétérans d’URSS auront d’abord été portés au standard M1, puis en version M2 pour certains.
Kazan devrait produire 3 Tu-160 M2 à l’horizon 2020. L’usine Gorbunov a remis en service la ligne d’assemblage de tout un système abandonné en 1995, et former le personnel dans la « culture » de cet oublié des process d’usinage depuis 20 ans.
Aucun bombardier neuf n’a été assemblé en Russie depuis 25 ans, mais ce complexe industriel tatar a maintenu ses compétences en « engineering », en modernisant des Tu-22 M3. Finalement, le ministre de la défense adjoint, Alexei Krivoruchko, a annoncé le 20 décembre 2018, la mise en chantier du 1er Tu-160 M2 neuf pour le début de 2019.
François Brévot
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J'ai toujours été curieux de savoir combien de temps un TU-160 était capable de voler à 2200 km/h.
Bonjour’
Cela n’a aucune importance. L’objet de cet article est de susciter la peur des Russes, surtout auprès des occidentaux.
C’est de la foutaise: nous avons plus intérêt à développer des liens d’amitié et de coopération avec les Russes qu’avec des pays qui souhaitent nous maintenir sous leur domination culturelle, militaire et économique. Suivez mon regard.
Je trouve au contraire cet article assez factuel et posé, alors que j'ai été habitué à l'humour parfois un peu caustique de Frédéric Lert. Nul part je ne trouve d'éléments anxiogènes, seulement des données qui auraient parfaitement leur place dans des publications type Jane's.
Pour ce qui est des coopérations, les militaires et les industriels de la défense français savent parfaitement à qui faire confiance, et de qui se méfier dans le monde, sans l'aide des journalistes et des politiques, ne vous en faites pas pour ça.
Plutôt amusant, votre commentaire. D'autant que mon but n'est certainement pas de susciter " la peur des russes ". Ce serait mal me connaître. D'ailleurs vous faites quelques remarques qui vont plutôt dans le bon sens de la sagesse, en matière de diplomatie internationale. Je précise que mon papier est un portrait de la crédibilité de la dissuasion russe. Naturellement, la France, dispose elle aussi, d'une force de dissuasion tout aussi crédible, et c'est aussi ce qui compte, pour nous, français.
Faudrait quand même pas trop critiquer les saintes écritures des "journalistes" pigistes référencés. Gare...
"Quatre Kuznezov NK-32 de 24,9 t. de poussée (avec PC) ... produisent 275 t. de masse maximale au décollage"
"Une poussée record de 275 t. au décollage"
Quel charabia !!!
Confusion entre poussée et masse maximale au décollage, car pour avoir 275 t. de poussée, il faudrait rien moins que 11 moteurs...
D'autre part, selon les sources, la masse maximale est donnée pour 270 ou 275 t., mais on ne va pas chipoter...
"Le système du M2 comprendra une nouvelle navigation" : "centrale de navigation" ???
Merci monsieur. oui, j'ai modifié, il y a avait un problème. Mon Tu-160 avait avalé des malabars. Par ailleurs, pour information, je consulte des sources russes (lues en russe) , et peu d'occidentales, pour recueillir des données techniques. Les occidentaux ont tendance à arrondir les chiffres, souvent à la hausse .....