Maintenant c’est sûr : le plus gros avion du monde a été détruit dans le bombardement de l’aérodrome Antonov, situé du côté de Kiev. Dans un premier temps, l’onde de choc de l’annonce officielle de la perte de l’An-225 Mriya, au lendemain du déclenchement de l’offensive russe en Ukraine, a été ressentie bien au-delà de la communauté aéronautique. Quelques jours plus tard, des images satellite reprises sur les réseaux sociaux, tendaient à prouver que le géant d’Hostmel avait été épargné. Vendredi, plus aucun doute n’était possible…
Le monde a découvert à cette occasion que l’Ukraine possédait un passé de constructeur aéronautique. Un passé lié à une culture qui a permis à son industrie de se frayer une voie jusqu’à aujourd’hui.
Comme beaucoup de pays de l’ancien bloc de l’Est, l’Ukraine s’est recyclée dans l’aviation ultra-légère. Aeroprakt est un exemple de cette reconversion réussie. Ses machines ne font évidemment pas le poids face aux An-124 et An-225. Le rapport est de 1 à 1.000. Mais elles font le bonheur des pilotes de loisirs. C’est leur raison d’être. Flight Design, le constructeur du fameux CT, a également une usine en Ukraine.
Toutefois, l’essentiel de la production de l’industrie aéronautique ukrainienne est invisible. Elle porte sur des bâtis moteur, des jambes de train, des cadres métalliques pour le compte de constructeurs d’Europe de l’Ouest et centrale, d’ULM mais aussi d’avions légers produits en grande série. La qualité au meilleur prix.
La communauté aéronautique va rapidement mesurer la place qu’occupe l’Ukraine dans la filière aéronautique européenne. La fabrication des ULM est interrompue et la sous-traitance est à l’arrêt. Avant que constructeurs ukrainiens puissent remettre en service leurs ateliers, il risque de se passer de longs mois. Quant aux donneurs d’ordres étrangers, il va leur falloir trouver d’autres fournisseurs, hors d’Ukraine. Dans un contexte de pénurie mondiale de matières premières, les délais de livraison vont encore s’allonger. Il va falloir faire avec. Pas le choix. Et surtout, il va falloir relativiser… Quelques mois de retard apparaissent secondaires désormais face à l’épreuve que vivent les Ukrainiens.
En avril prochain, au salon Aero de Friedrichshafen, il y aura des stands vides. Nous aurons une pensée pour nos collègues absents. En espérant les retrouver très vite.
Gil Roy
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L'espoir, d'une fausse nouvelle, vite effacé par la bêtise des hommes.
L'espoir qu'un autre soit reconstruit.
Certains affirment qu'une reconstruction serait peut-être envisageable, en assemblant les parties intactes de l'épave (je ne sais pas les quelles sont intactes !!) avec le second An-225 inachevé, dont Antonov a conservé le fuselage.
http://www.eastpendulum.com/an-225-chine-antonov-devoile-details
Le consortium de défense ukrainien Ukroboronprom, a estimé le coût de la réparation de l'épave à trois milliards de dollars, pour une durée de cinq ans.
Le prix d'un B777 cargo neuf est d'environ 350 millions de dollars.
Avec la même somme on peut presque en acheter 10 !...(avec une petite remise).
Je doute que personne n'investisse jamais 3 milliards pour les rares transports de fret extrêmement particuliers que seul cet avion exceptionnel permettait (il n'avait d'ailleurs pas été conçu pour ça, Gil le rappelle).
Jean-Baptiste Berger
Bien sûr, à côté de la tragédie subie par le peuple Ukrainien tout entier, ces milliers de femmes, d'enfants, d'hommes innocents et si semblables à nous, jetés sur les routes sans aucune raison, la destruction de Mriya semble anecdotique.
Mais quand même, c'était un morceau du patrimoine de l'humanité, je crois. Et à ce titre, c'est donc un crime de plus à mettre à l'actif des Russes.