Un de nos jeunes lecteurs vient de partager avec la rédaction d’Aerobuzz son désespoir. Ce candidat pilote de ligne s’est fait recaler à un des 14 certificats théoriques de l’ATPL. Apparemment, il ne serait pas le seul à avoir fait les frais du toilettage du cursus du pilote de ligne. Une chose est sûre : à chaque rafraîchissement, il y a de la casse. Le précédent datait de 2016.
A la base de ce qui peut apparaître comme un nouveau bug, il y a la volonté de la DGAC de renouveler les questions. L’examen repose sur 14 QCM. 14 séries de Questions à Choix Multiples piochées dans un stock de plusieurs centaines de questions.
L’administration a pris l’habitude de mettre à contribution les formateurs des écoles patentées, mais aussi des pilotes de ligne et divers professionnels du secteur pour proposer des questions. Ces questions sont censées répondre à un objectif d’apprentissage (learning objectives) et porter sur des éléments abordés en cours. Une commission fait ensuite le tri. Et c’est ainsi que le stock de questions est renouvelé.
Pour l’administration qui gère les examens, ce renouvellement perpétuel est un moyen de lutter contre le bachotage. Une spécialité qui n’est pas propre à l’ATLP. On remarquera au passage que le mot « bachotage » renvoie au plus populaire des examens qui n’a rien d’aéronautique.
Selon les écoles qui préparent aux examens de l’ATLP, le taux de réussite, avant la réforme, était compris entre 80 et 95%. Depuis, le rafraîchissement du stock de question, le taux serait tombé à 20%. Un air de déjà vu !
Fidèle à ses habitudes en la matière, la DGAC va faire des réglages, et les résultats vont remonter. Entre temps, de leur côté, les plates-formes auront fait des mises à jour. Et tout rentrera dans l’ordre…
Comme en 2016, la dernière réforme de l’ATPL ne s’est pas limitée à réécrire les questions. Elle a également porté sur une réactualisation limitée des connaissances, en fonction des évolutions réglementaires.
La DGAC aurait pu en profiter pour mettre à jour, le certificat 062, celui qui porte sur la radionavigation. Il est notamment question du fonctionnement du MSL (Microwave Landing System) qui de fait ne doit avoir aucun secret pour les candidats. Le MSL était censé remplacer l’ILS. Sauf qu’il a été mis au rebut par la FAA en 1994 et que la dernière installation majeure en Europe a été désactivée définitivement à Londres Heathrow en 2017.
La DGAC n’a pas touché non plus aux certificats 021 et 081. Le premier couvre la cellule, les systèmes et les équipements de secours, le second, la mécanique du vol. C’est là que les candidats pilotes de ligne s’immergent dans la postcombustion et les effets du vol supersonique.
A moins que d’ici là, le musée de l’Air ou Aéroscopia décident de remettre en vol leurs Concorde. Et dans ce cas, évidemment, nous aurons besoin de pilotes pour lesquels, la postcombustion et le vol supersonique, n’ont pas de secret.
Fabrice Morlon
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Moi qui croyait ce matin que mon propos que j'allais écrire visant à descendre en flamme les QCM serait mal perçu !!!!!!!!
Je suis heureux ce soir de lire que beaucoup pensent comme moi que cette ânerie de QCM a marqué le début de la descente vertigineuse des connaissances pour les jeunes générations.
J'ai eu confirmation le jour où j'ai vu mon fils avoir d'assez bonnes notes en anglais alors qu'il n'avait pas compris la question souvent ; eh oui la CHANCE au secours des nuls. Une chance sur quatre c'est ce que l'on pourrait espérer souvent.
Vu le niveau technique catastrophique de ce qu'on rencontre parfois et même souvent dans les cockpits civils, quelques efforts s'imposent peut-être (un collègue CDB de renfort m'avait un jour soutenu que nous étions en supersonique - avec 160 kts pile vent arrière, on rencontre ça parfois - donc nous avions largement plus que les 640 kts qu'il me disait correspondre au supersonique - ce qui est certes vrai, il oubliait juste un détail... ) et on était toujours scotchés à M0.83 bien sûr.
Et ceux qui vous disent que moins on a d'incidence, plus on économise du pétrole...
Pour le supersonique, se souvenir de ce que les gens pouvaient gober la pub bidon de Boeing en 2001 à l'époque du SonicCruiser, alors que tous les ingénieurs de France un peu sérieux avaient dit depuis longtemps que ce truc-là ne volerait jamais en supersonique, et encore moins dans le transsonique. On remarquait au passage que dans les pays anglo-saxons, ils n'avaient justement pas jugé nécessaire de parler de supersonique dans leur "cours" d'aéro.
Les QCM et les bases de questions, c'est la mort assurée de la vraie connaissance. Et ceux qui n'y arrivent pas diront comme d'habitude que cela ne sert à rien.
En fonction pour sélectionner des pilotes largueur en SEP, j'ai en 10 ans vus plus de 100 candidats sortant des écoles". Aucune culture, aucune compréhension surtout chez les " intégrés "
J'en ai vu vu d'autres qui on la théorie ATPL en poche sans avoir vu , ni un avion, ni une salle de cours.
Ceux que ça intéresse, lire mon article " des avions en papier" dans la revue piloter n° 76 de AUG 2019.
JP Ghosez
bonjour,
lorsque j'ai passé le bac, le taux de réussite avoisinait les 25% ! vous dites que l'ATPL enregistrait antérieurement des taux de réussite compris entre 80 et 95% !
Maintenant le taux de réussite du bac est supérieur à 95%, le score à l'ATPL serait tombé à 20% !
Cherchez l'erreur ! quand on ne sait ni lire, ni écrire, ni compter, ce qu'on savait faire auparavant en 6 ième,on a les résultats qu'on mérite !
Quant aux QCM j'y suis opposé ! c(est une manière compliquée de poser des questions simples !
certainement des questionneurs qui ont le niveau du bac d'aujourd'hui !
il fallait détruire Carthage et couler le Bismarck, ce qui fut fait et bien fait en leur temps,
seule l'imbécillité administrative résiste encore!
indestructible, hélas...?
Et le mal examinateur français subsiste, qui consiste à piéger les candidats pour les bouler au nom d'une ignorance sur des sujets inutiles ou déplacés.
La culture anglo-saxonne d'une simple vérification honnête et pragmatique des connaissances actuelles, indispensables et vraiment utiles a fait mondialement des preuves, hormis chez nous.
c'est un agrégé de l'Université française qui vous le dit, sans complexe.
Que votre lecteur se console, parmi les PL en activité combien n'ont jamais échoué à l'un des certificats ? J'ai pour ma part passé quatre fois le certif. de navigation dans les années 70 et n'ai pas honte de le dire ... Pourtant il y avait encore de la nav. astro alors que les sextants avaient désertés les cockpits ... Mais rien à propos des centrales à inertie qui les remplaçaient.
"Tout ce qui ne te tue pas te rend plus fort"
Oui dans les années 80 on avait encore au programme le calcul du vent en altitude par la méthode du Colonel Renard ,un très bel exercice de géométrie....obsolète depuis 30 ans au moins.
Bonjour,
Bien d'accord avec Morisson.
C'est la différence entre la culture - fût-ce avec un humble petit c qui ne s'étale pas - et le strict savoir nécessaire pour s'en sortir dans le cas général.
Faisons le lien avec la dégringolade de la France dans les classements internationaux sur le niveau général d'instruction.
Lorsque j’officiais, il y a très longtemps, comme examinateur d’aéro meca vol, il n’y avait pas de qcm mais des « problèmes » à résoudre. Je ne sais pas si les qcm sont un progrès ( pour les candidats !)
Quant à l’aérodynamique supersonique, il faut au moins en connaître les principes, ne serait-ce que parce que les avions actuels volent très près de Mach 1!