Un « Rapport stratégique sur la contribution potentielle des Aéroports de Territoire à la croissance territoriale, nationale et européenne en France » est récemment tombé dans ma boite mail. Je ne me suis pas assez méfié, j’ai ouvert le doc et j’ai commencé sa lecture.
Honnêtement, je ne me suis pas senti assez intelligent pour lire intégralement les 40 pages de ce rapport commandé par EDEIS (gestionnaire d’aéroports) et rédigé par un universitaire économiste. J’ai même l’estomac trop fragile pour digérer la langue de plomb, je peux fournir un certificat médical. J’ai donc survolé en basse altitude, comme Clostermann chassant le boche aux commandes de son Spit dans la campagne normande en 1944. J’ai vu passer une centaine de fois le mot « décarboné », je me suis frotté au concept d’accélérateur de mobilité, de tremplin de la mutation écologique et de Mobiports décarbonés. Pour la Patrie et le pli du drapeau, je me suis accroché et je suis arrivé à la page 26 titrée « Renforcer les liens armées-nation grâce aux Mobiports décarbonés ».
« Il faut traiter la question centrale de la couverture territoriale aérienne en fonction de circonstances nouvelles qu’il est impossible à prévoir aujourd’hui, et qui rend vitale l’existence du maintien opérationnel de plateformes aéroportuaires qui furent souvent d’initiative militaire avant d’être transférées aux acteurs de la décentralisation » explique le rapporteur. On l’excuse pour cette phrase un peu longue, mais on lui donne quitus : l’idée est bonne. Et d’ailleurs, comme beaucoup de bonnes idées, elle n’est pas nouvelle : dans les années 1980, les escadres de l’Armée de l’air s’entrainaient régulièrement aux « desserrements » sur des terrains civils. Les avions étaient garés devant les aérogares, on montait des tentes un peu plus loin sur un coin d’herbe et les riverains venaient voir ce qui se passait. Le bruit n’était pas un problème puisque chacun savait que le meeting aérien serait terminé en fin de semaine… « On ne dérangeait pas grand monde » se souvient un pilote.
J’y repense en avançant dans ma lecture. Le rapporteur va-t-il nous parler de « durcir » les plateformes, de créer des soutes à munition ou carburant, des abris, des merlons, des réseaux informatiques, des locaux pour les équipages, pour les équipes de protection, etc. Un minimum d’infrastructures utilisables au coup de sifflet bref ? La question est évacuée d’une phrase dont la longueur (encore…) masque le vide : « Le premier élément marquant le lien entre l’Armée et la Nation à travers les plateformes aéroportuaires de territoire est de créer les conditions d’un maintien opérationnel en s’appuyant sur une dynamique associant acteurs publics locaux et acteurs privés afin que le maintien en situation opérationnelle soit porté collectivement et pas par le seul budget militaire ».
Bref, rien ne sera fait. Mais un espoir subsiste et la France peut encore être sauvée : le lien armée nation est remis à l’honneur quelques lignes plus loin par le rapporteur qui présente les aéroports comme « des lieux d’exposition et de dialogue », de « présentations interactives », de « cérémonies de remises de médailles » et même « de mise en valeur de l’histoire militaire ». Aïe… Il faudra qu’on lui parle du Breguet Alizé qui s’est fait éjecter de Nîmes Garons…
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M'ouais ... bof ... indigeste ! Avec ma conclusion : acteurs civils, budget militaire ... au final c'est moi qui paye !
Félicitations, je n'aurais pas dépassé la page 3... Au-delà de la vacuité du discours, cette "novlangue" de technocrate branchouille est tout bonnement ahurissante. "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement..." disait Boileau.
Le rédacteur de ce sabir indigeste a manifestement oublié ses humanités.
Mais sommes nous certains que ce rapport n’a pas été rédigé par un cousin du chat 🐱 GPT entraîné par des étudiants de l’ENA ?