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Dépose minute

Attention fragile

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Gil Roy

Cela aurait pu être beaucoup plus grave. Le moteur va devoir être disséqué pour évaluer précisément les dégâts causés par cet atterrissage sur le nez. Mais le Moynet Jupiter est réparable. A Angers-Marcé, rien d’impossible ! Il suffit de se souvenir dans quel état les orfèvres du musée ont récupéré cette relique pour s’en convaincre. Vingt ans d’huile de coude, d’ingéniosité et de détermination leur auront été nécessaires pour remettre en état de vol, le push-pull français. Nous pouvons leur faire confiance, après un arrêt à l’atelier, le Moynet revolera !

D’autres aéronefs de collection ont eu moins de chance. Certains ont fini en cendres.

Il ne s’agit pas de dresser, ici, la liste des machines irremplaçables disparues à jamais. Mais de saluer l’audace de ces passionnés prêts à prendre le risque de tout perdre pour faire revivre un monument historique. Sans oublier non plus que ce choix divise les conservateurs du patrimoine aéronautique.

Trop précieux pour risquer de le détruire. Sa place est au musée, pas en meeting aérien. Pour les uns.

Le vol est l’aboutissement de la restauration. Pour les autres.

La plus spectaculaire des muséographies ne remplacera jamais une présentation en vol. C’est sûr ! Il manquera toujours le son et l’odeur qui donnent sa vraie dimension à une machine volante d’une autre époque. L’intensité de l’émotion est à ce prix.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Le sujet est délicat. Doit-on conserver un avion de la même manière que l'on conserve un tableau de maître ? La conservation du patrimoine, ce n'est pas mettre sous cloche ou dans un coffre. Le patrimoine n'est pas qu'un objet, c'est aussi un savoir faire, une culture, une pratique.
    Le patrimoine, c'est aussi la nourriture et le vin. On ne conserve pas un cassoulet à l'ancienne sous cloche, il va pourrir et dans 10 ans personne ne saura faire un cassoulet. Conserver le cassoulet, c'est conserver pieusement la recette, mais aussi les ingrédients, les tours de mains, les plats pour la préparation et la cuisson, les fours qu'il faut. Pour cela, il faut en faire, en refaire, trouver le petit producteur qui dans le fond du jardin continue de faire pousser les fèves et haricots qui vont bien, trouver l'artisan qui sait faire les plats en terre cuite si on n'a pas gardé celui de la grand mère, ou si celui-ci est fendu.
    L'aviation, c'est pareil. Conserver un avion, c'est bien. Le faire vivre demande beaucoup plus de travail, de passion, de recherche.
    Le Spad 7 de Guynemer est conservé au bourget comme une relique (qu'il est) et comme un tableau : dans son jus, en y touchant le moins possible, avec des techniques qui n'ont rien à voir avec l'aviation. C'est magnifique, émouvant, mais c'est une stèle, pas un avion, ça ne l'est plus du moins.
    Le Spad 13 de Mémorial Flight est conservé comme un avion précieux, mais un avion, unique original volant dans sa configuration d'origine. Mémorial Flight, grâce à ce chantier héroïque, à retrouvé et appliqué pour cette restauration des techniques de l'époque qui étaient disparue ou oubliée. Quelles colles étaient utilisée (quitte à les remplacer par des modernes, cela ne se voit pas, si on veut faire voler l'avion), comment cet avion était peint ? Ha non, il n'était pas peint, ils utilisaient de l'encre, de la teinture... Ha... Sauf quelques marquages et les cocardes je crois... Comment était-il entoilé, quelle toile, quelle techniques, quels ingrédients ? Il faut avoir vu l'atelier de Mémorial Flight à la Ferté-Alais, lui aussi reproduit comme à l'époque dans la Somme... Avec moults objets d'époque eux aussi dans la popotte... Ca fait partie de la conservation de l'histoire.
    Et le moteur ? Outre le fait de trouver des pièces valables, il faut analyser les plans pour vérifier que les pièces sont dans la tolérance, les tester sans les détruire, en refabriquer de nouvelles, oui, mais avec les spécifications d'époque et les matériaux d'époque si possible ou équivalent (pour ne pas transférer un problème ailleurs). Et ce moteur, une fois remonté et magnifique, il faut y mettre la bonne huile (pas une moderne qui détruirait ce moteur), y mettre la bonne essence, puis, qui se souvient comment on le démarre, comment on le chauffe, comment on s'en sert en vol (ce qu'il faut et ne faut pas faire). Et de se rendre compte que démarrer un Spad à moteur Hispano n'a absolument rien à voir avec le démarrage d'un Piper J3 seulement 20 ans plus jeune... Voir les vidéos.
    Qui saurait quel son fait un Spad s'il n'avait pas revolé dans son état d'origine, pas avec un lycoming caché sous le capot comme souvent les répliques ? Je me souviens des remarques entendues à la Ferté-Alais en regardant voler Spad 13, Fokker D7, Be2... Un son venu d'un autre monde et tout le monde de dire "ha mais je ne l'imaginait pas du tout comme ça !" De voir le Spad grimper aux arbres sur le couple de l'hispano alors que le découvrant s'attend à voir décoller péniblement ce centenaire de la première guerre mondiale ! D'entendre le son profond de cet avion et du Fokker D7, lié à leur moteur en ligne tournant très lentement (1700tr/mn plein gaz sur le Fokker !) mais aussi et surtout à cette cellule de bois et de toile utilisant la bonne toile : la resonnance est d'époque !
    C'est tout cela que l'on conserve quand on refait voler un vieil avion. L'avion lui-même, mais aussi les techniques et documents qui l'entoure, et surtout les métiers.
    Les égyptologues se perdent en hypothèses sur le comment ils ont construit les pyramide, parce que la technique s'est perdue, malgré que les pyramides soient toujours là.
    Et oui, ça vaut le coup.
    Alors courage les copains de Marcé ! J'espère vivement que ce moteur n'a pas trop souffert. Et comme c'est un lycoming, je n'ai aucun doute sur le fait qu'il y aura les pièces disponibles quelques part. Je suis plus inquiet de la mécanique du train avant et de la modification éventuelle de l'indicateur "trois vertes" au lieu d'une...
    Il revolera ! Et mieux qu'avant !
    (mince, j'ai fait super long...)

  • Un avion en état de vol est une vitrine grande ouverte pour un musée. Oui c'est un risque de le voir disparaitre dans un accident mais il peut très bien être détruit par un simple incendie comme les avions qui étaient dans la réserve du musée de l'air à Dugny. Personne ne pouvait en profiter et ne pourra plus en profiter. Mais il faut aussi tirer notre chapeau à ceux qui essaie de faire revivre un avion disparu totalement du ciel comme le Fokker D XXI en Hollande, le Typhoon en Angleterre, le Dewoitine D551, le Bloch 152 et l'Arsenal VG33 en France. En Belgique on aimerait bien voir voler un Renard R36. En Allemagne, il y a aussi le Focke Wulf Condor qui a été restauré pour le musée. Laissons faire les bonnes volontés. Techniquement un avion est toujours restaurable ou pourrait être reconstruit si les plans existent. Donc le plus important c'est le sauvetage des plans d'un avion. Connaissant l'équipe, le Moynet ne restera pas immobilité longtemps.

  • Il faudrait arriver à faire un distingo entre les musées et les opérateurs plus ou moins privés. La vocation d'un musée est de conserver aussi longtemps que possible, ce qui peut être incompatible avec le vol dans le cas d'un avion. La question avait fait débat quand le D 520 avait été détruit : fallait-il qu'il vole ? Il n'y a pas de réponse, c'est selon la sensibilité des dépositaires de la machine. J'ai été catastrophé de voir cet avion et son pilote disparaitre, autant que j'ai été heureux de les voir voler. Il ne faut pas remonter très loin dans le temps pour découvrir que les avions anciens ont des caractéristiques qui peuvent étonner un pilote moderne, et à l'époque on déplorait les accidents mais ne s'en offusquait pas, ils faisaient partie du paysage. Les pilotes étaient des sortes d'extraterrestres regardés avec respect et admiration. Aujourd'hui les avions anciens qui volent posent des problèmes d'un autre âge, et je considère leurs pilotes qui sont confrontés à une réalité pas vraiment certifiée avec le même respect que leurs anciens. Pour accomplir la même tâche aussi bien, il faut avoir au moins les mêmes qualités. Alors faut-il que les avions anciens volent ? La réponse est dans la décision de ceux qui ont la charge de les mettre en œuvre et aussi de les préserver. J'aurais bien aimé revoir voler le "jupiter", je l'avais vu passer pas bien haut il y a longtemps et j'avais été étonné par son look et son bruit. Mais c'est aussi accepter la possibilité qu'il soit un jour abimé... Comme les avions du musée national qui ont pourri si longtemps sur les parkings du Bourget ou ont fini en cendres dans l'incendie des réserves du musée. Je pense qu'il n'y a pas de vérité ultime dans ce débat.

  • Bravo à Christian Ravel et toute l'équipe pour leur passion. Sans eux, le Moynet n'aurait jamais volé. Cet avion était à notre meeting à StYan en 2019. L'an dernier, il n'avait pu nous rejoindre pour des questions de prix d'assurance (ben oui : les assureurs n'assurent pas pour une journée ... Sachant qu'il faut avoir au moins un vol tel qu'il est proposé au meeting, dans les 3 derniers mois. Au moins faire une assurance pour un trimestre ! Mais pour les organisateurs de Meeting dont je suis, les coûts totaux = au moins un entrainement dans les conditions meeting (dont basse hauteur), venir et repartir, assurer, entretenir, bien sûr, tous les coûts supplémentaires.... à part les passionnés ou les professionnels qui se font payer pour toute prestation... l'aviation meurt. Elle expire .
    Courage ANGERS : nous allons vous aider en envoyant des €€€€€
    Vous allez nous manquer ce week end prochain à St YAN !

  • Comme pour tout autre appareil unique et ancien, on ne devrait plus les faire voler. J'irai même plus loin, au delà de trois exemplaires existant, on peut remettre le quatrième en vol.

  • Et si vous arrêtiez de TOUJOURS mesurer la FRANCE à l'AMERIQUE .
    C'est lassant. Nous n'avons RIEN en commun ; ni les Hommes, ni le pays dans son étendue et sa diversité et surtout une différence de taille en population.

  • Exactement , après une belle et souvent laborieuse restauration , faire quelques vols pour montrer l'avion dans son élément pas si naturel que cela , BRAVO , après oen le range dans un beau musée , avec les odeurs si particulières qui vont avec , les restes de vapeurs de carburant , d'enduit de tension , d'huile , l'avion ainsi ramené au musée pense être revenu dans son usine de construction , chez ses frères . Tout neuf et beau !
    Bon , je voulais dire que j'aime voir les avions dans un beau musée , normalement , mis à part le dépôt de poussière , où un ouragan , ils ne peut plus rien leur arriver , et on pourra bien "tourner autour " pour en faire de belles photos .
    Mais en meeting , comme on en espère de beaux en 2021 , les avions sont heureux , bien sûr , il y a simplement des modèles qu'il faut "archi préserver " , surtout les Français , si rares , et "non renouvelables " .

  • Il faut se poser la question :
    Le plaisir bref , pour quelques personnes , de voir un avion unique en vol avec le risque de le voir disparaître à jamais.
    Ou : le protéger pour les générations à venir
    Momification ou Incinération ?

  • Toujours la réflexion qu'on se fait dans ce cas lorsqu'il s'agit d'un exemplaire unique!

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