Dans les dernières heures de sa présence à la Maison Blanche, le président américain Joe Biden a pris la décision hautement symbolique de choisir le nom de deux futurs porte-avions de l’US Navy. Le CVN-82, cinquième navire de la classe Gerald Ford, sera ainsi baptisé William J. Clinton. Et le suivant, le CVN-83, George W. Bush. A peine cette décision rendue publique, la polémique crevait la surface tel le périscope de l’I-19 s’apprêtant à torpiller l’USS Wasp à Guadalcanal.
Une question revient souvent chez les commentateurs américains : est-il sain d’honorer des hommes politiques encore vivants en donnant leurs noms aux plus puissants des navires de guerre ? « Il est dans la tradition de la Navy de nommer les porte-avions en l’honneur des anciens présidents » a expliqué Carlos Del Toro, secrétaire à la Navy.
Mouais… Les sceptiques font remarquer que c’est une tradition assez récente qui a débuté en 1977 avec l’USS Eisenhower et qui a connu plusieurs exceptions. Les gens méchants soulignent quant à eux que Bill Clinton n’a jamais servi sous les drapeaux et que Georges W. Bush a simplement pris du bon temps comme pilote de F-102 au sein de la Garde nationale, entre 1968 et 1973.
A vrai dire, tout ce questionnement est à ce jour un peu vain, les USS Clinton et « W » étant encore très loin de naviguer sur la mer jolie. On se souvient, ou pas, que le CVN 78 USS Gerald Ford, premier de série, a été commandé en 2008. Il a ensuite fallu attendre quatorze ans pour qu’il entame sa première croisière opérationnelle. Le suivant, l’USS John F. Kennedy (CVN-79), a été commandé en 2013 et n’est pas encore entré en service. Viendront ensuite les USS Enterprise (CVN-80), and USS Doris Miller (CVN-81), ni l’un ni l’autre ne faisant d’ailleurs référence à d’anciens présidents. Leur fabrication n’a pas encore commencé. Et seulement ensuite viendront les CVN-82 et CVN-83.
Au rythme où vont les choses, il n’est pas même certain que Bill et George W. seront encore de ce monde quand viendra l’heure de baptiser les navires.
Mais une autre interrogation encore plus bizarre demeure. Sachant le CVN-77 entré en service en 2009 porte déjà le nom de George H. Bush (le père), pourrait-on avoir un jour dans une même flotte deux navires similaires portant le même nom de famille, le père et le fils ? Un peu comme si le successeur du Charles de Gaulle s’appelait le Philippe de Gaulle.
D’ailleurs, il va bien falloir lui donner un nom à ce futur porte-avions français ! Les suggestions ne manquent pas, l’histoire de France étant riche en personnalités d’anthologie. L’heure étant à la mise en valeur de ces dames, le nom de Jeanne d’Arc revient souvent. Certains ayant même proposé le Gisèle Halimi à la faveur de son entrée au Panthéon, je me sens libre d’avancer le nom de Jane Birkin qui combine le souvenir de l’Entente cordiale et l’esthétique des ponts plats.
Mais attention à l’outsider madré, notre actuel premier ministre. Pas fou au point de proposer le François Bayrou, celui qui est aussi maire de Pau pourrait avancer le nom de sa chère province, le Béarn. C’était d’ailleurs le nom du premier porte-avions français, mis en service en 1928… La boucle serait ainsi bouclée.
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