Le remplacement des KC-135 et KC-10 de l’US Air Force, c’est une histoire abracadabrantesque qui pourrait inspirer les scénaristes de Netflix. Une saga qui dure depuis bientôt un quart de siècle, avec dans le scénario des milliards de dollars sur la table (un peu dessous également), du suspens, du frisson, des peines de prison et sans doute un peu de sexe mais là, sincèrement, on ne sait pas trop. Bref, une vraie série à succès, avec en tête d’affiche tous les cadors de la profession: Boeing, Airbus, Lockheed Martin et Northrop Grumman. Du lourd ! Du très très lourd dirait Luchini !
On vous la fait courte… Tout commence en 2000 quand l’US Air Force jette son dévolu sur le KC 767, sans appel d’offre. Bronca de quelques élus du Congrès, soupçons de favoritisme, enquête et case prison pour une haut fonctionnaire civile de l’USAF. Une compétition est formellement lancée en 2006 et là, surprise, c’est Airbus associé à Northrop Grumman qui l’emporte avec son projet KC-45 !
Appel de Boeing, annulation du résultat et lancement d’une nouvelle compétition gagnée cette fois par l’avionneur américain. 179 KC-46 à construire, on sabre le Champagne californien à Seattle. Prévue en 2016, la première livraison n’intervient finalement qu’en 2019, avec trois ans de retard.
Le KC-46 devait portant être le mariage simple du Boeing 767 avec la technologie militaire du ravitaillement en vol considérée comme mature et sans risque. Un no brainer comme on dit là-bas. Pour cette raison, et pour contrer la menace Airbus, Boeing s’était engagé sur un prix fixe pour le développement et la fabrication des avions. Eh bien c’est raté.
Boeing en est aujourd’hui à plus de 7 milliards de dollars de perte pour un appareil qui ne répond toujours pas à 100% au cahier des charges. La sélection du KC-46 aura été une victoire à la Pyrrhus dont Boeing n’a pas encore fini de payer l’addition.
Nous sommes aujourd’hui dans la quatrième saison de la saga et le suspens reste entier. Dans le premier épisode diffusé en début d’année, l’USAF annonce vouloir commander 150 ravitailleurs supplémentaires. Airbus revient à la charge, associé cette fois à Lockheed Martin. Les deux poids-lourds proposent le LMXT, basé sur l’A330 MRTT.
Rebondissement dans le deuxième épisode diffusé en mars : l’USAF divise par deux son besoin et communique un RFI (Request For Information) aux avionneurs. La semaine dernière, troisième épisode, Lockheed Martin annonce qu’il se retire du projet LMXT. On ne peut que supputer les motivations du géant américain : insuffisance du marché annoncé, teneur du RFI ?
Officiellement, Lockheed Martin veut sauter une étape et se consacrer au Next génération Air refueling System (NGAS). C’est là que les méchants Chinois apparaissent dans la série : pour faire face à Pékin, l’USAF veut disposer dès 2030 de ravitailleurs furtifs et plus facilement déployables dans le Pacifique. D’où la réduction du besoin en avions « classiques ».
Voilà où nous en sommes aujourd’hui dans cette quatrième saison des aventures du tanker Outre Atlantique. L’USAF se ronge les ongles avec la Chine en ligne de mire, Boeing espère décrocher la vente de 75 KC-46 supplémentaires, Lockheed Martin recule pour mieux sauter. Et Airbus dans tout ça ? L’avionneur européen annonce crânement vouloir y aller seul, avec l’espoir de mettre des bâtons supplémentaires dans les roues de son adversaire préféré. Face je gagne et pile tu perds…
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Pour un profane comme moi sur le sujet, je trouve l'article agréable à lire tout en étant instructif.
Je retiens l'essentiel, Airbus toujours en course et mic-mac habituel à OK Corral ...
Ah OK Corral, sur la route de Toulon ! On passait devant dans la DS quand j'étais gamin mais mes parents n'avaient jamais voulu s'y arrêter... Depuis je me soigne... Sinon votre commentaire est très bien, vous avez les félicitations du jury.