Canadair, Ô mon Canadair !

Le salon du Bourget est toujours l’occasion des grandes commandes aux chiffres invraisemblables et aux sommes astronomiques. Celui qui vient de s’achever ne déroge pas à la règle et quelques annonces ont frappé les esprits par leur gigantisme. Mais il n’y a pas qu’Airbus et Boeing à signer des contrats et à faire des annonces. Ils sont des centaines d’exposants à envoyer des milliers de communiqués de presse aux journalistes qui n’ont parfois même pas le temps de rédiger ne serait-ce qu’une brève, au grand désespoir de leurs rédacteurs en chef. Mais de rendez-vous en rendez-vous, le salon défile comme la banlieue parisienne depuis un avion au décollage de Roissy, assez vite.

Depuis samedi, De Havilland Aircraft of Canada, entreprise que je suis particulièrement pour des raisons évidentes, m’a envoyé 11 communiqués de presse. Ainsi, après une interruption de quelques années, la production du Twin Otter va repartir. « Old soldiers never die », les vieux soldats ne meurent jamais et le « Twotter » non plus. De façon assez exceptionnelle dans l’histoire, la production de cet appareil reprend pour la troisième fois au cours d’un demi-siècle, après une assez longue interruption. Il y a un marché pour cet avion et c’est une histoire incroyable. Outre la relance de la production, ces communiqués évoquaient les prises de commandes. Les chiffres donnés n’ont rien à voir avec ceux des « majors » mais ils sont significatifs et importants à l’échelle de ces marchés. Et le « Twotter » possède ce capital de sympathie qui capte l’attention des journalistes, et je ne déroge pas à la règle.

Pourtant, je reste frustré. De l’entreprise De Havilland Aircraft of Canada on attendait bien autre chose, surtout lundi avec la visite du Président de la République. Où sont les commandes fermes tant attendues ? Il y a eu des annonces, des lettres d’intention de commande, il y a des négociations en cours, mais quel plus bel écrin que le Salon du Bourget pour faire une annonce officielle claire et nette de la relance de la production d’un avion dont on s’attend qu’il fasse les gros titres des journaux tout l’été. Où est la commande de Canadair, quand signera-t-on le premier chèque pour des DHC-515 et surtout qui sera le premier à ouvrir le feu ?!

Sur le mur du chalet, s’affiche un immense DHC-515. L’image claque. Mais laisse comme un goût d’inachevé. Alors que les besoins en moyens aériens semble sans limite l’inquiétude autour de la succession des CL-415 – qui pourront tenir, n’en doutons pas, mais au prix d’une maintenance toujours plus intensive et onéreuse – aurait besoin qu’on la soulage avec des mots précis et fermes et surtout pas un verbiage où on ne sait trop si le mot Canadair est utilisé pour ce qu’il est, le DHC-515, ou bien comme antonomase de bombardier d’eau écopeur. Ce premier salon d’outre-crise était l’occasion de frapper fort, de marquer les esprits. Il n’en sera peut-être rien et rien d’autre n’a jamais filtré du chalet.

Alors je lis les autres communiqués de presse dans la rame bondée du RER-B, guettant l’information qui fera vibrer le journaliste ; je me prends à rêver d’eVTOL pour rentrer à la maison, ça doit être la fatigue !